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 LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]

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MessageSujet: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:27

J'ai encore du mal à y croire, et pourtant ce poids dans ma poitrine ne cesse de me rappeler ce qui s'est passé.

Qu'y a-t-il de pire que de perdre un enfant ou un frère à mon âge ?

Je ne m'étais pas préparé à cet appel téléphonique il y a une quinzaine de jours, ni à me retrouver devant la tombe de mon aîné avant d'être assez vieux pour ne pas m'y attendre. Jamais je ne m'étais imaginé que Miguel pouvait me lâcher de cette façon. Jamais je ne l'avais vu aussi vulnérable, malgré toutes les conneries qu'il avait faites et qui en fin de compte m'ont habitué à le croire immortel. Il aura fallu quelques coups de couteau en traite sous la douche, peut-être nu de toute défense, pour que je me souvienne à quel point ce con a été un pilier dans ma vie. Négativement ou non, un support ou une claque, il n'y a pas un moment où il n'était pas dans les parages, à moins que mon âme en peine se joue de ma mémoire.

Je l'ai haï, ça oui.
Je l'ai détesté comme un gamin à qui on a écrasé le jouet. Je l'ai méprisé comme un ado' rabaissé plus bas que terre par son harceleur. Je me suis battu avec lui comme un homme qui défend son domaine.

Miguel n'était pas le frère parfait, ni un frère aimé. Je l'entends encore rire en m'appelant « La vaca », même de l'autre côté de la vitre qui nous séparait aux parloirs. Debout et les bras levés avec un sourire de crétin fier sur les lèvres, le regard pétillant et de l'acclamation dans la voix, il me criait il n'y a encore pas si longtemps ce surnom que je ne supportais pas avant. Qu'est-ce que je ne donnerais pas, maintenant, pour l'entendre encore clamer « La vaca ! La vaca ! » telle une prière heureuse qu'on chante vers le ciel. En travers ses moqueries, il me faisait comprendre qui j'étais et que je ne pourrais jamais rien y changer. Lorsque je me plaignais, c'était une occasion pour lui pour me remuer un peu plus, et quand il se sentait fier de moi, il ne manquait jamais de m'attraper pour me serrer dans ses bras.

La vaca ! La vaca !

Je t'entends encore Miguel, en travers les quelques nuages peints sur le bleu-gris de cette sombre journée. Il n'y a que toi, espèce d'abruti, pour t'absenter sans te soucier des autres. Qu'as-tu fait cette fois-ci ? Dis-moi, quand est-ce que j'aurai la réponse ?

On m'a dit qu'il est mort à cause d'un conflit de gang. On a même voulu me faire croire que c'était un traître, et presque qu'il l'avait bien cherché en allant fouiner ailleurs. Sauf que la voix fatiguée à l'autre bout du fil la dernière fois que j'ai pu l'entendre semblait déjà me dire le destin qui l'attendait. Plus encore, ses paroles et ses rêves racontés me prévenaient d'avance de la présence haute et intolérante d'une certaine faucheuse. C'est à mon tour désormais de ne plus dormir à cause d'elle. Je ne demande qu'à voir son visage, savoir à qui je dois la perte de cette partie de mon existence.

T'es qu'un gros troll Miguel. Regarde-moi aujourd'hui te pleurer sans larmes, toi qui avant m'a fait chialer de colère, de rage, de rire et de joie, mais jamais de tristesse.

Je ne sais pas si c'est à cause d'elle que je dors mal et ne cesse de penser à lui en tout cas, ou si ce sont les circonstances étranges de son départ qui me rende de plus en plus fou. J'ai beau chercher autour de moi, je me retrouve toujours face aux mêmes discours incohérents. Hors, qui de mieux que moi pouvait le connaître au point de savoir que ce n'est pas lui qu'on me décrit ? Qui sait mieux que moi que tout enfoiré qu'il était, il n'était pas du genre à cacher quoi que ce soit ou à manquer de franchise ?

Peut-être Khor Valdur, la raison pour laquelle je suis ici.

Je l'attends devant le poste de police, provocateur rien que de ma présence, si tant est qu'il existe encore à New York une population innocente n'ayant rien à se reprocher. C'est un gars que j'ai surtout connu en travers le frangin, parce qu'apparemment ils traînaient souvent ensemble et que je l'ai déjà entendu dire des conneries par-dessus la voix éraillée de mon aîné. Je pense l'avoir déjà vu aussi, lors des rares fois où j'ai pu aller sur l'île et à la prison, tout en en profitant pour régler des affaires. Et donc me voilà, à attendre un mec que je ne connais pas., adossé contre le capot de ma vieille bagnole blanche et sale.
Je crapote une cigarette tout en craignant le sentiment qui va me frapper : puisque je ne sais pas à qui je vais avoir affaire, et surtout parce qu'il s'agit d'un ami proche de mon frère, je m'attends à tout. Après tout, je ne l'ai eu au téléphone que trois fois, certes en deux semaines seulement. Tout ce que je sais, c'est qu'il n'a pas l'air d'avoir grand monde ici dehors. En fait, il n'a personne. Et je me suis senti obligé de lui donner ce coup d'main dans les circonstances qui nous lient aujourd'hui, non sans un certain intérêt pour cette enquête que je commence doucement à mener.

Il y a de la place sur mon canapé, alors je n'ai jamais rechigné à l'idée d’héberger un pote, ni à m'en faire le temps que ce sera. Je suis parait-il un peu m'enfoutiste si ça ne concerne pas le jugement de ma personne. Moi, tant que le type n'en fait pas des caisses, ça m'est égal... Je crois même que Miguel avait prévu le coup. C'est presque certain en fait que c'est lui qui lui a refilé le tuyau et mon numéro, une raison de plus pour ne pas refuser. Ma grand-mère disait que ça porte malheur de ne pas respecter les derniers vœux d'un mort, une croyance qui venait qui lui était propre.

Je le vois justement qui sort du poste et descend les quelques marches d'escalier. Le visage neutre, je me redresse et jette mon mégot au sol, attendant qu'il arrive à ma hauteur et se présente en premier.

C'est marrant, c'est avec cette dégaine que je l'imaginais en travers ses paroles.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:29

La prison, on n’y voit plus le temps qui y passe.
Il disparaît et s’efface, mais fait peser ses traces cruel et moqueur à la fois. Depuis la clôture des grillages barbelés, les contrôles d’entrées, le temps est resté coincé devant les cloitres de la bâtisse à l’allure délavée. Sans l’administration pour vous donner le nombre d’années à purger on ne sait plus du jour à la nuit, du crépuscule à l’aurore quelle différence il y a entre les deux. Les couleurs qui teintaient l’univers deviennent inatteignables, on oublie ses saveurs, depuis la médiocre cellule qui nous confine. Dans ces quelques pauvres mètres carrés tout juste vivables.

On réalise que le monde se fiche éperdument de votre misérable existence, à présent il vous faut purger votre peine, payer votre manque de discipline. Vous êtes un parasite qui n’a pas su s’adapter à cette société qui prêche une place pour tous. Votre gueule n’a pas d’importance, peu importe qui vous êtes, votre provenance, rien de tout cela ne comptait plus. Tout ce que vous êtes en cet instant précis, c’est un diable en repentir qui doit purger sa peine.

Et vous savez quoi ? Pendant ce temps l’univers ne se prive pas de continuer à tourner. Mais comme pour toute chose, les hommes, mués par cette incroyable capacité s’adaptent et s’habituent.

Désormais, avec le recul je vois les années qui ont défilé depuis mon arrivée, à penser que j’avais un fils qui avait continué de grandir sans moi, et sans sa mère.

Heureusement, j’avais pu me faire de nouvelles connaissances, tant et si bien que j’avais finis par trouver ce petit coin de prison presque chaleureux s’il était pas aussi dégueulasse. Avec les copains, on était bien en bande réduite, on se soutenait quand l’un ou l’autre avait une couille, sans jamais vraiment se quitter. Chaque fois qu’on le pouvait on s’était retrouvé aux activités, on s’entretenait, on riait comme des beus sans penser qu’on subissait notre peine, on l’avait simplement accepté.

De tous ces potes, Miguel Galvez avait peut-être été mon ami le plus proche. Il y a quelques semaines lui et moi riions encore dans cette même cellule qu’on partageait ensemble. Du haut de son lit il plaisantait sur le jour de ma sortie crachant que j’avais intérêt à l’attendre d’ici à ce qu’il termine sa peine.

« Si tu viens pas me saluer le jour où je sors j’te promets que c’est moi qui viens te trouver et j’écraserais ta jolie face entre deux coussins ! »

J’avais ris, mais si j’avais su que je sortirais, sans jamais avoir l’occasion de le voir me puncher la face, alors j’aurais peut-être pleuré de tout mon soul. Comme en cet instant où les larmes me brulaient les yeux tel de l’acide, alors que je regardais une dernière fois notre cellule N°115 en quittant les lieux.

Merde. Fait chier.
J’arrivais toujours pas à m’y faire, à son absence. Et autant dire que j’étais pas pressé de sortir, ça faisait déjà des jours que je dormais seul. Pas une seule parole échangée après le couvre-feux alors que je m’attendais toujours à entendre surgir sa voix rauque, mais c’était le silence complet, rien ne venait le troubler. Parce que Miguel était bel et bien mort.Les jours suivants les gars et moi on avait tous tiré la gueule, on avait pas rit et on suspectait les autres d’un regard mauvais. Sa mort avait été particulièrement louche, j’avais la rage mais je pouvais pas chercher les coupables, je devais penser à ma sortie, fallait que je le fasse pour mon fils et au nom de tous les copains qui sortiraient pas de si tôt.

Pourtant… En dehors de ces lieux je n’avais rien ni personne qui m’attendait particulièrement, j’avais déjà tout perdu. À croire que c’était un cercle sans fin. Je supportais de moins en moins bien ces pertes, ça me rendait malade. Alors oui, j’avais purgé ma peine mais je n’arrivais pas à éprouver une quelconque joie à l’idée de sortir. Lorsque l’on m’avait demandé « Voulez-vous contacter quelqu’un pour vous chercher à votre sortie » il ne m’était alors venu en tête qu’un numéro, un seul que j’avais donné sans grandes convictions, celui de Rafael Galvez.

C’était bien parce que Miguel me l’avait donné que je le contactais. On s'était téléphoné peu de temps avant pour se mettre d’accord sur le lieu de rendez-vous, et sa voix lui ressemblait légèrement dans son timbre. Il m’avait parlé de lui quelques fois mais j’avais cru comprendre qu’ils entretenaient un drôle de lien tous les deux, en général il restait assez évasif quand on en parlait. Comme si le sujet l’embarrassait.

Je me sentais réduit mais tant pis, c’était juste le temps de sortir, de revenir à la réalité. Je reprenais mes affaires laissées quelques années plus tôt, un pauvre sac à peine remplit. J'enfilais les habits délavés. Mon jean déchiré, ma veste longue, une écharpe en laine et ma paire de baskets au corps, je montais dans une bagnole encore menotté. On m’emmenait au post de police que j’avais indiqué et lors du trajet je regardais le paysage sans le voir, la tête encore en prison. J’appréciais en silence les images du paysage mais je revoyais encore mes potes restés coincés là-bas, ça me tordait les tripes.

Quand la voiture se gara au post, on me fit signer quelques derniers papiers, j’attendais assis sur une chaise qu’on me donne les dernières conditions de ma libération, l’esprit à moitié présent jusqu'au fameux cliquetis des menottes. Celui-même qui annonçait ma liberté totale. Pourtant je ne me sentais pas libéré du poids que j’éprouvais. Je quittais ensuite rapidement les lieux pour aller dehors, scruter les lieux, avant de repérer une tignasse atypique appuyée contre sa voiture. C’était bien lui. J’approchais pour m’arrêter à sa hauteur. Il lui ressemblait pas mal tout en étant différent, et ça me faisait vraiment étrange de me retrouver juste devant lui. Alors.. J’avançais une poignée de main amicale, parce que c'était peut-être comme ça le mieux pour commencer.

— Salut, c’est Khor.
Et toi… Rafael c’est ça ? Merci d’être venu m’chercher, j’sais pas trop ce que j’aurais fait si t’étais pas venu mais on peut toujours compter sur les valeurs sures de ses amis apparemment.

Je levais mes yeux dans les siens observant sans une gêne particulière ses traits, différents et semblables à la fois de son frère, quelque peu tendu par mon manque de sommeil récent. Lisible autour de mes yeux quelques peu rougis, des cernes creusaient mon regard métallique. J’avais besoin de fumer.

— Dis voir avant de repartir t’aurais pas une clope par hasard ? J’suis grave en manque.

J’avais pas une tune pour m’en acheter en fait, j’étais fauché. Je posais mon sac sur le toit de la voiture dans un soupir, et glissais mes mains dans mes proches, à me demander ce que je foutais là, à ce que j’allais faire tout court maintenant de ma vie. Parce que c'était un beau foutoir. Et la seule personne sur qui me reposait, c’était ce parfait inconnu juste à côté de moi. Pour l’heure je m’appuyais contre la taule de la voiture pour fixer le ciel gris.

Il faisait froid aujourd’hui. J’aimais pas trop ça.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:29

J'ai envie de parler de Miguel. Je veux connaître les dernières discussions qu'ils ont échangées, je veux savoir quand il l'a aperçu pour la dernière fois et ce qu'il a remarqué. On dirait une folle amoureuse, c'est presque n'importe quoi. J'ai parfois le sentiment de devoir remettre constamment le sujet sur la table pour avoir conscience que ça s'est vraiment passé. On s'est téléphoné pourtant, mais hors mis quelques aspects techniques à propos de cette rencontre, quelques échanges un peu solennels en ce qui concerne l'enterrement et comment ça s'est passé, nous n'avons pas encore eu le temps de réellement discuter. Il a l'air d'être un gars plutôt cool en plus, assez détendu malgré les circonstances. Je ne m'attendais à rien d'autre à vrai dire, il ressemble exactement à un genre de meilleur ami que peut avoir mon frère, en plus posé. J'imagine toutefois que ça ne sert à rien de tourner autour du pot avec lui, ou de mâcher ses mots, sans quoi il n'aurait jamais supporté son ex-compagnon de piaule, c'est certain.

Le regard de Khor se pose sur moi et détaille de toute évidence mes traits. Je ne sais pas si c'est car il y a un air de famille qu'il remarque ou si ce sont mes tâches qu'il observe ainsi. Et si nous étions quelques années en arrière, j'aurais immédiatement interprété cette deuxième option. Inutile de se vexer cependant, ce n'est pas le moment. Je pense qu'il n’en a rien à faire même, ce mec vient de sortir de taule, sans personne d'autre à contacter qu'un homme qu'il ne connaît pas et sans une tune. À cela, j'avais songé à lui proposer de bosser pour moi en armurerie. Il est possible que je lui trouve à l'avenir quelques missions de temps en temps, sauf qu'il n'est pas un WOLF et j'ai cru comprendre avec interprétation qu'il souhaite ne pas être mêlé à la meute. C'est par ailleurs étonnant que Miguel n'ait pas réussi à le recruter. Encore un mystère sur son comportement là-bas, qui tendrait vers la version de la mort qu'on ne cesse de me raconter. Quand même, il n'y avait pas plus fidèle que lui, on ne m’enlèvera jamais ça. Un vrai clébard de rue !

Je sers la main tendue en hochant légèrement la tête. La sienne n'a pas dormi depuis plusieurs jours, ça se voit.

« Au plaisir »

Premiers mots depuis qu'il est là, pour lui tendre une clope que je suis allé chercher dans la poche arrière de mon pantalon. Je n'ai pas l'impression de devoir engager la conversation. Il y a dans l'atmosphère une ambiance étrange, un peu humide de tristesse et sombre comme nos jours. La nostalgie nous lie déjà dans un confort où il n'y a pas besoin de se montrer faussement compatissant. On est là, on s'connait pas, or un être à jamais absent nous a fixé ce rendez-vous. C'est drôle la vie parfois. Ça vaut bien une deuxième cigarette depuis que je suis arrivé ici, la dernière qu'il me reste et que j'allume avant de tendre le briquet à mon voisin. À mon tour, je regarde le paysage qui s'étend devant moi, sauf qu'au lieu de regarder le ciel, j'observe les graffitis qui couvrent le mur de briques juste à côté du poste de police.

« Tu veux qu'on passe par le cimetière ? » Je demande en sortant de mes songes.

Entre la fumée de ma première taffe soufflée, je me recule de la porte de voiture contre laquelle je m'étais appuyé aussi, et l'observe en lui faisant face. « C'est sur la route, si jamais »

Un rayon de soleil se faufile soudain entre les nuages gris. Sous lui, il ne fait pas si froid finalement.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:29

Je prenais la cigarette tendue après un remerciement et la plaçait entre mes lèvres, perdu dans une vague de pensées floues. Il n’y eut que le briquet tendu pour me faire réagir, et je le saisissais sans autre forme de procès, jouant distraitement avec une fois la clope allumée. Dans le silence ambiant, je relançais quelques regards curieux vers Rafael pas particulièrement gêné de le faire. J’avais besoin d’apprivoiser son reflet, m’habituer à sa présence. Avec ce look atypique familier et étranger à la fois je me demandais s'il éprouvait ce même vide au fond de lui depuis la disparition de Miguel. Il lui ressemblait bien un peu à son frangin d’ailleurs, tout en étant différent, c’était peut-être le plus perturbant.

Le silence entre nous, loin d’être particulièrement dérangeant s’étendait avec les minutes. Il n’y avait pas besoin de chercher à le combler. On était réunis grâce à un mort après tout, et à présent tous les deux portions le poids de sa perte sur les épaules. Nul besoin de chercher à cacher la vérité, à jouer de faux concerts pour vendre des sourires pas sincères, inutile de chercher à chasser les chimères. Elles revenaient toujours si on cherchait à les étouffer. Non, ce silence ambiant était exactement à l’image de que nous devions ressentir l’un l’autre, vide. Seul la fumée de clope s’évadait hors de nos bouches, imperturbable dans ses volutes sensuelles. Dans un soupir je basculais un instant la tête en arrière porté par le silence qui justement régnait, tant bien que je savourais sans un bruit la soudaine brise de vent venu s’échouer sur mon visage, passer entre mes cheveux. En silence je pris une inspiration, gonflant mon torse puis rouvris les yeux à demi, toujours perdu sur le ciel grisonnant.

Ça faisait du bien de sentir l’air caresser mon visage à nouveau. Tellement de bien. Quand Rafael me proposa d’aller voir le cimetière néanmoins je m’arrachais à la contemplation du ciel, mes yeux gris tombant droit dans les siens. Je ne répondis pas tout de suite. Aller au cimetière, voir mon pote sous terre. J’en avais vraiment pas envie. L’idée me retournait l’estomac autant qu’elle me dégoutait. Savoir Miguel enterré m’irritait, parce que j’y croyais toujours pas totalement, pourtant bien loin d’afficher une quelconque expression affectée je me décollais à mon tour de la bagnole, le mégot de clope serré entre les lèvres. Un grognement frustré m’échappa et je me passais une main sur la nuque.

— Allons-y que j’aille lui dire deux mots à ce connard.

J’avais pas eu le droit de voir son enterrement moi, coincé dans notre putain de cellule sans comprendre le pourquoi du comment.

T’avais pas le droit de nous faire ça Miguel, t’entends. Espèce de crevard.

Je jetais le reste de la clope par terre, reprenait mon sac et fis le tour de la voiture pour monter dedans, agacé. Agacé parce que je voulais pas y aller, ni voir inscrit ses initiales sur une plaque. Vous me direz que j’aurais du être habitué à toutes ces morts, mais on ne s’habitue jamais à la mort d’un proche. Cette douleur est insupportable, tant et si bien qu’on ferait n’importe quoi pour ne pas avoir à la subir. Je la connaissais beaucoup trop, cette étreinte mortelle. Elle me glaçait le sang et me souriait d’un air vaniteux.

Une fois bien installé je laissais la voiture filer, la tête posée sur le siège, les mains posées sur mes cuisses, pleins d’appréhensions. Ce n’est qu’une fois que je sentis le véhicule arrêté que je demandais très sérieusement à Raf’.

— Tu m’attendrais ici ou me laisserait quelques minutes seul à seul avec après ?

C'était une demande muette et silencieuse de me laisser seul a un moment donné parce que je sais pas si je pourrais supporter qu'on me voit mal. C'était pas dans mes habitudes de laisser voir aux autres mes peines, mes douleurs ou quoi. Bien sur j’avais besoin qu’il me montre la tombe mais il comprendrait très bien de quoi je parlais. J’avais pas pu faire mon deuil encore, Miguel m’avait été arraché d’un moment à l’autre, si soudainement que je ne m’y faisais toujours pas. Voir cette tombe, ça me ferait surement pas que sourire et en tant qu’homme, il devrait comprendre ce que je voulais dire par ces quelques mots.

Je voulais pas y aller mais il le fallait. Planté là sur le siège je prenais encore tout mon temps scrutant ses réactions, à la recherche d'une quelconque peine pour me rassurer.

Comment c'était passé l'enterrement....? Qu'est-ce qu'il y avaient dit ? Était-il beau dans son dernier costume ? Ces quelques questions me brûlaient les lèvres mais je ne m'autorisais pas à les demander. Elles devaient êtres indiscrètes alors je refermais mes lèvres en silence.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:29

Ce connard.

Cette insulte a été inventée pour Miguel. Il avait le bon fond pourtant, c'est juste qu'il avait une capacité incroyable à se mettre dans la merde en parlant trop ou en allant piocher les mauvaises fréquentations. Il m'a toutefois fait comprendre à maintes reprises que dans le mal il y a aussi du bon. En chaque personne, quoi qu'elle ait fait, il y a une sorte de sympathie noyée sous les conditions du Bronx et ses alentours. D'ailleurs, qui serais-tu devenu Miguel, si tu n'avais pas grandi ici ? Et moi, si je ne t'avais pas eu comme frère, qui serais-je aujourd'hui ? Le Bronx est comme une épidémie qui se propage et nous contamine un à un. Pour survivre, il n'y a plus d'autre choix que d'entrer en contact avec les autres, et c'est ainsi qu'on tombe aussi bas. Le jeu c'est de tenir le plus longtemps possible, de survivre, jusqu'à la phase finale.

Bravo frangin, toi t'as gagné, t'as réussi à atteindre le dernier level. Maintenant au moins on te fout la paix, et tu nous la laisses par la même occasion !
Ironique n'est-ce pas ? Toi qui te fichais pas mal de cette foutue paix.

Encore une fois, je ne sais pas si c'était inné chez lui ou si ce sont ses premiers potes qui lui ont montré comment faire, c'est dingue à quel point il arrivait constamment à faire ce qu'il ne fallait pas ! Il n'avait peur de rien, je le croyais presque invincible. Et je ne devais pas être le seul, parce que parmi ses connaissances en tout cas, je ne pense pas que je verrai sur leur visage autant de peine que sur celui de Khor. Il était apprécié ce con, bien sûr j'ai pu voir quelques larmes à son enterrement, mais la souffrance qui ferme le visage du brun me semble plus sincère et profonde. Plus affectée.
Je ne le connais pas c'est vrai, alors qu'est-ce que j'en sais qu'il tire la gueule hein ? Conduire durant de longues minutes silence à ses côtés ne me trompe pas. Il a la même mine que la mienne et aucune expression ne semble vouloir marquer son visage. Pour un mec qui sort de prison, on pourrait s'attendre à mieux. Pas à de la joie non, car il n'y a rien d'heureux à se réintégrer dans la société avec un casier criminel, j'imaginais plutôt de la peur et de l'égarement. En fait, il a l'air agacé. Quand un taulard l'est, c'est signe de sentiments dérangeants. Je suppose que le chagrin ne fait pas partie de ce qu'il faut montrer et de ce que l'on peut vivre là d'où il vient.

J'arrête la voiture dans le parking du cimetière qui se trouve à la frontière du Bronx, juste avant de passer à l'est Harlem et non loin de mon appartement. On n’a pas échangé un mot durant le trajet, mais ça ne m'a pas dérangé. Il n'y a pas besoin de faire la conversation, on s'est un peu retrouvé l'un avec l'autre par fatalité, bien que je n'ai pas l'impression que ça rend l'atmosphère plus lourde.

Il n'y a rien dire, c'est seulement ça.

« Je vais te montrer où il est » répondis-je en sortant de la voiture.

Si on a l'air d'être intime au point de ne pas s'embêter avec des présentations plus poussées ou des phrases pour se raconter nos projets communs durant le trajet, on ne l'est pas au point de se voir s'effondrer. Je me doute que ça va être un coup dur pour lui, la prison marque une étrange barrière avec la réalité. Puisque je n'avais pas vu mon frère depuis longtemps, pour ma part ce n'est que lorsque je vois sa tombe que je me rends pleinement compte de ce qui s'est passé. Encore aujourd'hui, j'oublie et me force à m'en souvenir sans ce visuel glaçant. J'imagine que d'être d'un côté ou de l'autre des barreaux ne doit pas changer beaucoup à cette impression. Ce doit même être pire lorsqu'on sort et laisse un quotidien partagé avec l'éternel absent derrière soi.

Une fois dans l'allée principale autour de laquelle s'étend de nombreuses pierres, arbres et fleurs, je m'arrête à la hauteur du quatrième tournant et lui montre la rangée. Au bout, un amas de terre fraîche n'a pour identité qu'une stèle sur laquelle est gravée « Miguel Galvez 1992 - 2022 » en attendant que le sol s'entasse afin de porter une sépulture plus lourde et complète d'ici quelques mois.

« C'est là-bas »

J'ai l'impression d'être le croque-mort glauque d'un vieux film qui pointe de son doigt squelettique une vérité funeste au héros. J'aurais plaisanté et me serais permis d'en imiter la voix tremblante si nous n'étions pas dans cette situation-là.

« Attends. » je l'arrête soudain en me souvenant de quelque chose. Je fouille alors dans ma poche et sors le petit boîtier qui contenait ma dernière clope. Désormais, s'il n'y a plus de tabac, il y reste la moitié d'un joint que j'ai entamé ce matin. « Ça l'fera chier de ne pas pouvoir y toucher » dis-je en haussant les épaules et en le lui tendant.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:30

J’ai le sang qui se glace, la gorge qui se noue, le ventre qui se tord. On était arrivé, ca va allait être le moment de te revoir une fois, pour de bon. Cette fois je le verrais de mes propres yeux gravé sur une putain de plaque pour le croire.

Activé sur un mode automatique je sortis de la voiture derrière Raf', et lui emboitais le pas sans un mot, le regard sombre et le pas traînant. Je regarde les rangées défiler nerveux, parce que c’est pas le premier homme que j’enterre, j’en avais vu défiler des plaques gravées dans ma vie et pas une ou deux. De nombreux amis y reposaient déjà, que ça soit Dean, Seven, John, Berry, ou la mère de mon gosse. Et maintenant c’était ton tour Miguel. Je croyais que j’en avais finis avec tout ça mais ça ne finissait jamais hein…. Sommes-nous condamnés à souffrir éternellement de la mort de nos proches ?

Rafael s’arrêtait. Je levais les yeux sur lui, suivis son doigt lorsqu’il me désigna la tombe, la mine de plus en plus lourde d’appréhensions, de moins en moins amène de cacher l’état dans lequel je me trouvais. J’acquiesçais en silence avant de me racler la gorge, hésitant un instant à rebrousser chemin, à quitter cet endroit dont le silence apaisant me dégoutait. Fallait croire que j’avais moins de courage pour venir me recueillir sur sa tombe que pour me jeter sous le flingue d’un autre. Quelle ironie. Je l’entends se foutre de ma gueule dans mon dos. Fallait s’y résoudre hein ? C’était le moment… Alors je jetais un regard à Rafael pour chercher ce même courage que je n’avais pas sur moi, pour m’aider, et me soutenir. Son visage me disait qu’il était déjà passé par là.

Résigné je m’avançais, mais le brun m’arrêta un instant avant pour me tendre un joint entamé comme s’il avait entendu ma détresse silencieuse. Levant le regard dans le sien je tendis la main pour m’en saisir avant d’esquisser un bref sourire en coin.

— Ouai.. merci.

J’inspirais une dernière fois, me dirigeais vers la tombe sentant mon visage se décomposer au fur et à mesure que j’approchais. On aurait pu croire que j’étais sans cœur, à ne pas pleurer la mort d’un proche si l’on se basait sur ma réputation de meurtrier mais ce n’était pas le cas. J’étais un homme comme les autres, simplement que j’étouffais toutes ces sensations dans un carcan d’où j’étais sur qu’ils ne ressortent pas. C’était pour éviter de les laisser s’échapper que je ne venais pas souvent dans des lieux comme celui-ci. À cet instant précis je sentais ma boîte de pandore remuer, s’agiter désireuse d’imploser.

Alors te voilà Miguel, juste là, juste sous mes yeux.
Le tremblement imperceptible de mes mains bientôt devint incontrôlable alors que mes yeux sont fixés sur cet écriteau, arrêtés sur la date irréelle. On y lisait le jour où tu m’as lâché.

Si seulement t’avais pas pris ta douche seul cette fois-là. Pourquoi il avait fallut que tu fasse ta tête brulée encore une fois ? La fois de trop Miguel, tu savais très bien qu’on devait jamais prendre des douches seul. Dire que tu t’étais fait saigner comme un porc alors que t’étais sous l’eau, mais qui avait pu être aussi lâche pour faire ça ! Qui avait fait ça ? Pour quelle raison ? Si seulement j’avais été avec toi peut-être que ça aurait été différent, mais il avait fallut que tu ne m’attendes pas. Que tu n'en fasses qu'à ta tête

Je sers mes dents, je résiste puis soudainement, je crie, déchirant ce silence de merde.

— Fils de pute !!! Va te faire enculer, si seulement t’étais pas aussi bouché pour n’en faire qu’à ta tête putain, t’as raison d’avoir crevé je veux plus voir ta sale gueule de Mexicain. Jamais. Tu fais bien de rester enterrer tu peux pas imaginer comment je te botterais le cul si t’étais vivant, je te tuerais moi-même pour te donner une bonne leçon t’entends ?! T’es pas censé être là CREVARD.

La rage s’échappait, coulait comme une bile d’entre mes lèvres rageuses, tel un flot incontrôlable, mais néanmoins en contradiction totale avec les sentiments qui me tordaient le coeur. Peu importe que ça soit pas respectueux, peu importe si ça pouvait choquer la vieille du coin venue rendre visite à son mari décédé. Et si au début ma voix avait été forte elle diminuait à présent pour n’être qu’un mince filet tremblant. Secoué par des sanglots à peine maitrisé je sentis les larmes me brûler les yeux, ravagé par la douleur. La dernière chose que j’avais voulu c'était voir Miguel ici. J’avais imaginé qu’on se retrouverait dehors un jour, et qu’on aurait continué comme avant. Et au lieu de ça je me retrouvais maintenant devant ta putain de tombe. C'était injuste, injuste que ça soit toujours moi qui me retrouve là devant la tombe des autres, à devoir subir leur mort parce qu'ils avaient pas été fichus de survivre. Toujours moi qui devait continuer à vivre et faire comme s'il n'y avait rien eu. Ça m'usait tellement, si seulement ils pouvaient l'imaginer.

Je tenais plus, il fallut que je m’accroupisse sur mes jambes devenues coton, pour essuyer ces larmes qui coulaient d’elles-mêmes. Je sentais leur insupportable humidité sur ma peau, leur amertume me brûler les yeux. Le geste nerveux, je me prenais la tête et frottais mes cheveux d’avant en arrière comme si ça pouvait encore me calmer, incapable d'arrêter. Je luttais pour réfréner les frissons qui me glaçaient le corps, laissant échapper d'entre mes dents des sanglots pleins de rage et de frustration. À partir de ce moment là je ne sus plus combien de temps passa, je ne fis plus attention planté là devant sa tombe à m’habituer à l’idée, à calmer cette douleur insatiable, à essayer de reprendre la face tout en essuyant mes joues qui ne voulaient plus se sécher. À un moment donné j'avais bien finis par m'assoir devant sa tombe, le joint de Rafael aux lèvres. Fumer me calmait. Pour la mémoire de l'ami crevé.

— Je te ferais payer ça un jour je te le promets.

Et quand j’estimais avoir passé assez de temps ici, je me redressais lentement, le visage sans doute pas très frais sans savoir si ça faisait plus d'une heure ou une éternité que j'étais planté là. Je décidais de retrouver à nouveau Rafael sans savoir s’il m’avait attendu tout ce temps dehors ou dans la voiture. Est-ce que je me sentais mieux ? Non je crois pas. La douleur était toujours aussi vive au fond de moi... Mais, au moins j'avais pu sortir ces mots que je tenais en moi depuis des semaines, depuis sa mort.
Quand je retrouvais Raf je soupirais faiblement sans chercher à masquer la fatigue qui tirait mes traits.

— C’est bon… Cassons-nous j’en ai assez vu.

J’étais vidé. Épuisé. Je voulais dormir.
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LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Empty
MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:30

Je commence doucement à culpabiliser de lui avoir proposé ce plan-là. J'imaginais en fait que ce serait mieux comme ça, que si en prison il n'avait certainement pas eu l'occasion de lui dire au revoir, il fallait qu'il le fasse maintenant pour mieux se reconstruire. C'est de cette façon que moi j'aurai fonctionné en tout cas. J'évite d'ailleurs de m'aventurer près de la tombe de mon frère, cet endroit suffit à me donner des frissons. C'est trop récent, et j'ai beau retourner sans cesse la situation dans tous les sens et me la remémorer constamment, je ne comprends vraiment pas comment ça a pu se passer. Il n'y a rien de cohérent dans cette histoire. Rien qui tient debout et qui justifie la mort de Miguel ! Toute sa vie il n'a fait que courir plus vite que les emmerdes, alors comment a-t-il fait pour chuter aussi bêtement ? Il ne faut pas avoir fait de la taule pour savoir qu'il vaut mieux ne pas s'aventurer dans les douches seul. Il ne faut pas non plus faire partie d'un gang pour connaître les risques d'une trahison.

Miguel, qu'est-ce que t'as encore foutue putain ?

Pourquoi je culpabilise soudain autant ? J'aurai dû lui téléphoner plus souvent...

À chaque fois que je pose le regard sur Khor, je souhaite pouvoir entrer dans sa tête pour en tirer les moindres souvenirs. J'aimerais voir comme dans un film les dernières images qu'il a capturées de mon frère, et ensuite je me surprends à vouloir partager les derniers moments qu'ils ont eus dans leur piaule. Toutes ces confidences. Ces indices...

Pour passer ma frustration, je fais quelques pas le long de l'allée avant de trouver un banc sur lequel je m'assoie. Les cris qui résonnent plus loin me déchirent le cœur et me font rire à la fois. Khor est maintenant accroupi plus loin, de trois-quarts caché entre les pierres qui s'étalent sur mon angle de vue. J'hésite alors à aller le rejoindre, mais puisqu'à sa place je ne le souhaiterais pas et qu'il m'avait fait comprendre qu'il voulait y aller seul, je continue d'attendre patiemment sous un arbre, le coude posé sur le dossier en bois et la tête tournée vers la quatrième rangée.

Le temps s'est comme arrêté.

Seul le bruit des branches berce désormais l'atmosphère calme et sensible du trépas. Il me berce dans mes tourments, m'apaise et presque m'endort. Je n'ai aucune idée des minutes qui passent, tout ce dont j'ai l'impression de vivre, c'est le trouble que je ressens lorsque ma main frotte mon visage et que j'y découvre quelques larmes. Me ressaisissant, je me redresse en reniflant discrètement et en me frottant l'œil. Peu après, Khor vient me rejoindre la mine encore plus décomposée. Lui-aussi a l'air épuisé.

« Ok.»

Je me relève et nous nous dirigeons vers la voiture. Plus on s'éloigne, plus je me sens étrangement léger. Une bulle sombre et oppressante s'agrandit autour de moi, peut-être parce que je ne suis pas monté le voir cette fois-ci. Je l'ignore, puis j'aspire surtout à rentrer chez moi. Par contre, sur la route une demande me brûle vraiment les lèvres. Un rapide regard vers mon voisin, avec qui je n'ai toujours pas échangé un mot, m'encourage étonnamment à engager la conversation. Il n'y aura pas d'autres moments plus appropriés de toute façon.

« Dis-moi... » Faussement concentré sur ma conduite, j'hésite de courtes secondes. « Quand est-ce que tu l'as vu pour la dernière fois ? »

Il n'y a pas beaucoup de monde sur la route, tant mieux, car j'ai l'esprit ailleurs, et ce n'est pourtant pas moi qui viens de fumer le joint. Mes mains crispées sur le volant me trahissent cependant. « Il t'a dit quelque chose ? »

C'est la première fois que je lui pose directement la question.
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MessageSujet: Re: LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ]   LA MUERTE DEL PRESO [PV KHOR] [ FLASH-BACK ] Icon_minitimeLun 9 Déc - 17:30

Silencieux à nouveau je reprenais ma place dans la voiture la joue posée contre la paume de main.
Je n'avais pas envie de parler, pas envie de penser, juste envie de dormir ou de mettre le bouton pause un instant. Me réfugier sous une couette le temps de me remettre correctement de tout ça, pourtant, avec le joint que j'avais fumé je me sentais déjà planer un peu ailleurs les pensées disparates, entre terre et ciel. Je sais pas ce que Raf devait penser de moi mais ça devait pas être très reluisant... Et en même temps, j'en avais pas grand chose à branler sur le moment. Je crois qu lui non plus d'ailleurs avec nos tronches de déterrés, on avait d'autres choses à penser.

Lentement je m'autorisais à fermer les paupières sans retenir le soupir qui me brûlait les lippes, bercé par le trajet de voiture, à dériver vers des songes vagues. Jusqu’à ce que son interpellation ne vienne les troubler. Je rouvris les yeux pour poser un regard détaché sur le brun, me demandant bien cette fois ce qui pouvait l’intéresser. Et franchement j'étais disposé à parler de tout, exactement de tout sauf… de ça. Pas encore Miguel, qu’il m’épargne au moins ça. Je me passais les doigts sur les tempes un instant, frottant mon front. Discuter de lui c’était plutôt au dessus de mes forces et de mes capacités dans l’immédiat.

Bien que j’imaginais légitime ses questions, son désir de comprendre la disparition de son frère, je crois pas que c’était le moment le plus opportun pour ce faire. Là, je voulais juste penser à autre chose, pas me forcer à revenir au jour de sa disparition, surtout si c’était pour revivre ces souvenirs. Je retenais avec peine un nouveau soupir et m'enfonçais dans le moelleux du siège, je ferais un effort pour lui répondre même si l'envie n'y étais pas. Il avait bien le droit à des réponses. Alors, je m’humectais les lèvres fouillant ma mémoire.

Bizarrement j’avais du mal à repenser clairement mes souvenirs, c’était comme si les images s’étaient voilées d’une pellicule floutée, que les choses étaient désordonnées.
— Hmph… la dernière fois… le matin même je crois, à la cantine peut-être ou dans notre cellule. Il était stressé, tendu, il rigolait moins que d’habitude et tirait même un peu la tronche. Il était différent de celui que je connaissais à croire qu'un fantôme le hantait... c'était pas mon Miguel ça. Il avait peur.

Et un Miguel qui avait peur c'était pas normal.
Je me souvenais la veille de son air paniqué dans la cellule, de sa façon de me regarder comme si bientôt le ciel allait s’abattre sur lui. Comme si la mort allait le faucher. Il avait l'air pâle, les yeux d'un animal acculé. Bien sur il m’avait dit des choses, il s’était confié parce que j'étais venu lui tirer les vers du nez quand je l'avais vu dans cet état pitoyable préoccupé par cet air inhabituel chez lui. Je pourrais confier tout ça à Rafael, pourtant, j’allais pas le faire, non pas tout de suite. Pas alors que je me sentais comme une merde à moitié déglinguée par la tristesse et le joint que je m’étais tapé. Et puis pas dans une bagnole alors que j’étais fatigué. Je reposais les yeux sur la route.

— Je sais plus trop, là tout de suite je t’avoue que le joint m’a un peu retourné le cerveau et que j'ai plutôt l'esprit qui plane à trois mile. J’ai du mal à me souvenir clairement....Par contre ce que je sais c'est que tu devrais te détendre un peu sur la conduite, ça serait bête qu’on finisse dans le fossé alors que je viens à peine de ressortir du trou. Pour Miguel on en rediscuteras quand je me sentirais mieux si ça te dérange pas…
Tu vies seul Raf' ?

Aussi bête que cela puisse paraître après tous nos échanges téléphoniques j’avais jamais pensé à lui demander. Je savais pas trop à quoi m'attendre.
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