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 Fête de trop

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MessageSujet: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:53

Si on lui avait dit qui il deviendrait il y a de cela deux ans, Rafael ne l'aurait pas cru. C'était bien une des raisons pour laquelle tout ça valait la peine d'être vécu, après tout personne ne peut prédire ce qui lui arrivera demain, ni même ce qu'il deviendra. Hier encore lui n'était qu'un glandeur sans grandes convictions, laissé là parce qu'on l'y avait invité et qu'on lui avait dit qu'il serait utile. Il traînait derrière son comptoir d'épicerie paumée, le nez sur sa tablette et sans laisser soupçonner un seul instant qu'un mec comme lui pouvait ne serait-ce tirer avec une arme à feu. Il errait sans jamais en faire de trop, ni trop peu, sans davantage s'exposer ou s'éloigner.

Un loup rachitique mais pas si mal, à l'arrière de la meute de peur de déranger.
Et puis plus tard, sans l'avoir vu venir, il s'était retrouvé face aux dragons, aux foxes et toute la clique, à décider avec Zero Reiner qu'une entité telle que Nova n'était pas digne d’intérêt pour cette même meute, se faisant porte-paroles d'AD Breaker.

Plus personnellement, peu avant cette histoire, il avait aussi embrassé un mec alors qu'il s'était toujours cru hétéro. Ensuite il l'avait laissé le toucher, il s'était fait approprié. Il l'avait aimé.

Oui, si Rafael se voyait quelques années en arrière, il ne se reconnaîtrait pas non plus.

Plus que la mort de son frère, sa rencontre avec Khor avait fait de lui un homme différent. À croire que celui-ci avait réussi à faire passer son message lorsqu'il l'avait mis dans la merde volontairement il y de cela à peine moins d'un an ; et si Raf' avait continué à se brûler les doigts malgré tout, c'est quand il avait atteint le sommet qu'il s'était souvenu de ce que le brun lui avait confié : fais pas le con, sinon tu finiras comme moi. Ou comme Miguel.

Il était donc sagement retourné derrière son comptoir, dans sa petite épicerie, une fois qu'il l'avait constaté de plus près, reprenant ses apparences de paumé. Plus à l'aise dans cette vie là, son train-train quotidien avait donc retrouvé une certaine stabilité, après les torrents d'emmerdes qui l'avaient secoués dans tous les sens. Lui et la ville, d'ailleurs.

Il reprenait goût à ce quotidien, parce qu'enfin il n'avait plus à se poser de questions, ou tout du moins pas celles qui menaient à une guerre civile. Une révolution qu'il suivait toujours, mais dont il se sentait bien incapable, certainement à tord, d'en faire un but personnel.
AD avait été plutôt compréhensif sur ce coup. Il l'avait laissé retourner dans son coin avec la promesse de se pointer si besoin, sans plus de cérémonie ou de menaces par rapport à ce à quoi Rafael avait assisté. Faire la connaissance de ce premier avait du reste fait du bien au vitiligo. Connaître de plus près la dernière personne à avoir fait vibrer la vivacité de son frère -de ce que Raf' en savait- avait été une façon de faire son deuil de ce côté là. La vengeance ne le tiraillait plus. Miguel était parti et il ne pouvait plus rien y faire, maintenant il le savait. Quant à Khor, l'héritage que son aîné lui avait laissé, c'était encore une autre affaire. Complètement dissociés de ce qui à la base les unissait, c'est à dire Miguel justement, ils profitaient pleinement l'un de l'autre au moins une fois par semaine, -parfois de façon plus éloigné selon les périodes mouvementées-, et ils apprenaient à se connaître dans l'intimité comme jamais ils n'auraient pu imaginer se découvrir eux-même. Une expérience des plus troublantes dont Raf' s'était accoutumé plus rapidement que son amant, si on en croit toutefois l'aspect non-officiel de cette relation que le mexicain jugeait être de la faute de son autre.

Parce que lui, il était prêt.

Le seul souci c'était qu'il ne le lui avait jamais fait savoir.

Car c'est un de ses pires défauts que de manquer à ce point de confiance en lui. Sans en avoir l'air, Rafael ne supportait pas de s'imposer lorsqu'il était en couple, alors il préférait souffrir en silence en se cachant sous sa carapace pour attendre que ça passe.

Ce soir allait être une démonstration de plus de cette histoire hypocrite qu'il entretenait avec son amant. Le tacheté allait revoir Khor dans un lieu public, dans cette boite où ils avaient pour habitude de retrouver des amis communs. Vêtu d'un simple t-shirt en col V, d'un jeans vieilli et de scandales qui pour l'endroit ne reflétaient pas vraiment la classe, vers vingt-trois heures le mexicain ferma boutique pour se rendre directement au lieu de rendez-vous. Il passa l'entrée tel un habitué, puis il se rendit vers le fond où il avait pour habitude de retrouver ses connaissances.

« Hola »

Il les salua chacuns, éparpillés dans les recoins ou en petit cercle sur la banquette longue, et à Khor, il lui offrit la même poignet de main qu'aux autres.

« 'Tain les gars, vous êtes déjà bien entamés on dirait » constata-t-il en voyant les cadavres de bouteilles et de verres sur la table basse.

« Hey, Raf', tu savais qu'ta sœur elle était là ? » lui dit alors Jay, son meilleur pote et gros parieur chez les Wolfs. « Elle s'est ramenée avec ma cousine en pensant qu'elles seraient tranquilles pour leur plan drague » rit-il de bon cœur.

Rafael chercha alors sa frangine du regard, qu'il croisa quand il s'arrêta sur la piste de danse. Avec son haut moulant et son short moule-fesses, la latina ne pouvait s'empêcher de l'agacer encore en voulant prouver qu'elle était une femme à sa façon. Il soupira.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:53

Ça faisait des mois depuis cet histoire de concert dérapé. L’évènement avait fait parler les journaux et occupés les show tv pendant des semaines, agité une tripotée de hauts responsables politiques qui s’étaient tous empressé de prendre la parole pour faire illusion de leur engagement. Parmi eux, une population qui avait mit du temps à se reprendre mais tout avait finit par se calmer, et les gens passaient à autre chose. Pas que l’évènement déchirant m’avait tant surpris, mais plus le temps passait et plus je m’habituais. Mon monde se limitait à mes potes, le taff, la maison et les quelques connaissances qui le peuplait. À contrario du chaos ambiant je m’étais laissé porté par ce train de vie changé. Une vie qui suivait paresseusement son cours, mais qui trop de fois par le passé m’avait été privé.

Depuis ma sortie de taule beaucoup de choses encore étaient arrivées, mais cette fois j’avais décidé de me laisser une chance. En prison on oubliait que le temps passait vite, au contraire on avait l’impression qu’il tirait en longueur mais une fois dehors, on réalisait qu’il se laissait dévorer à toute allure, et les activités n’étaient jamais suffisantes pour rassasier son envie de la découvrir, ou peut-être celle d’oublier tout ce qu’on avait pu rater avant. À présent que plus rien ne m’entravait je me sentais presque pousser des ailes. De multiples pensées m’animaient, des envies toutes les plus variées les unes que les autres et jamais je ne trouvais le moyen d’être satisfait mais elles étaient souvent noyées dans ce quotidien tranquille. Pourtant, l’envie n’y avait pas toujours été et il n’avait jamais été plus difficile que de tenter de m’y fondre à nouveau à ma sortie de taule, mais je l’avais fais. Je réapprenais tout simplement à aimer la vie comme elle était. Pour une rare fois j’y voyais pas le mal et ça avait son charme. Boire, faire des soirées avec des amis, aller au bar pour taffer, quand c’était pas m’occuper de Khaï ou Angy. Et si c’était pas ça j’avais envie d’explorer de nouveaux quartiers, de regarder le soleil se coucher depuis un toit dehors. Ça paraissait simple finalement. Est-ce que j’étais heureux ? Relativement. Plus qu’avant. Épanoui ? C’est pas ce que j’aurais dis non plus. Tout n’était pas aussi évident que ça, mais l’essentiel était là, alors je vivotais. Je me laissais porter sur cette vague d’accalmie, sans toutefois prendre racine, parce que ça m’arrangeait bien comme situation. J’avais pas besoin de réfléchir beaucoup plus.

Personne n’aurait dit que j’avais eu une vie de merde ni douté que j’étais pourtant pas totalement ce bon vieux Khor. Non j’étais un type banal et simple qui menait une vie normale, du moins en apparence. Sous cet air nonchalant, derrière ce visage détaché et cette attitude de bad boy, je m’étais pourtant laissé entrainer dans une relation interdite. Une de celles que je me serais pas imaginé ya encore quelques années. Une chose proscrite et terrible qui m’angoissait quand je cherchais à creuser plus loin. Une angoisse soulevée chaque fois que j’y revenais dans le noir de ma chambre. Alors sans réfléchir à un avenir quand il m’appelait, sans me poser de questions quant à ce que nous faisions, je me ramenais chaque fois chez lui dès qu’il m’appelait. On se passait de mots, on ne parlait pas de « nous ». De ce besoin de lui, comme j’avais besoin d’air. Mes silences quant on s’éloignait, mais ma passion quand on se retrouvait dans l’intimité de quatre murs. Un lien secret qui s’effaçait chaque fois qu’on se retrouvait dehors à nouveau, fondu dans la foule de nos connaissances et de ces vies cadrées. Un type de vie auquel je m’habituais facilement mais qui parfois manquait d’une brûlure vive. De ce danger dans lequel j’avais toujours baigné.

Rafael était donc devenu mon secret. Celui qui éloignait mes principes et brouillait mon esprit. Cette relation qu’on disait pas naturelle par chez nous suffisait pas à me faire arrêter, ni pour faire taire les pulsions qui remontaient chaque fois que je reposais les yeux sur lui. Il y avait dans son regard quelque chose qui me rendait faible. Une lueur vive, un espoir qui m’empêchait de tout simplement lui dire stop. J’avais essayé d’arrêter, mais chaque fois. que je m’y étais résolu, je m’étais rendu qu’en vérité j’avais fébrilement attendu ses sms, qui soulevaient en moi une excitation folle.

Ce soir là comme toujours je savais qu’il viendrait. Et comme tous les autres soirs je ferais comme si de rien n’était. Je jouerais à être celui que j’avais toujours été, la clope au bec et le sourire aux lèvres. D’ailleurs j’étais déjà là installé, les jambes étendues et l’arrière du crane reposant contre un bout du mur contre lequel je me tenais le dos vouté, le cocktail encore à la main.

— T’as été chez le coiffeur Khor ? Tu t’es refait une beauté ?

La soudaine voix à ma droite m’arracha à mes pensées.

— Du con va, le changement ça fait du bien il parait. Je passais une main dans mes cheveux raccourcis pour me les frotter dans un léger rire. Beau était toujours aussi drôle.

— Beau gosse t’façon peu importe ce que tu fais t’es toujours bien. Tu fous les nerfs… mais avoue c’est pour plaire à la soeur Galvez ?

Haussant un sourcil je le fusillais du regard.

— Pourquoi tu dis ça ?

Il désigna du menton la femme entrain de danser dont je croisais aussitôt le regard. Au même moment une voix familière tomba à mon oreille et j’écarquillais brièvement les yeux

— J'ai pas besoin de me faire beau pour avoir une nana marmonnais-je plus bas avant de me détourner.

Raf’.

Je le saluais au moment où il arrivait sous le rire goguenard de Beau avant de reprendre ma position l’air de rien, et de finir mon cocktail cul sec. Ça faisait un moment qu’on zonait et je me redressais.

— Bon les gars qui se bouge un peu le cul pour aller danser un peu ? Vous allez pas me dire avec tous vos six pack que vous allez passer votre soirée le cul vissé dans vos fauteuils comme des losers de promo ? Après tout yen a qui sont déjà parties danser, ou alors faisons du cap ou pas cap histoire de voir qui a des couilles ici.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:53

C'était toujours un peu étrange de le revoir pour Rafael. Cette distance qu'il y avait entre eux était très différente de la proximité qu'ils partageaient une fois que tous les deux. À force de se voir si intimement, Raf' avait même appris par cœur chaque courbes de son amant, jusqu'à la texture de son épiderme du bout des doigts. Avec le fait d'avoir vécu avec lui et de l'avoir vu évoluer alors qu'il l'avait récupéré pratiquement détruit, il pouvait prétendre connaître Khor mieux que n'importe qui dans cette boite! Et pourtant, c'était à peine s'ils se regardaient...
Une habitude qui au fil du temps rendait leurs rencontres extérieures de plus en plus lourdes pour le wolf, alors qu'il compensait souvent en lui envoyant un message, une invitation, le lendemain ou dans la semaine. Ainsi il pouvait oublier cette frustration malsaine en le consommant secrètement, loin des regards et des préjugés, et principalement des leurs. Pourquoi malsaine ? Et bien, parce que le tacheté ne faisait que céder aux désirs de sa fausse moitié, trop heureux de le retrouver pour lui refuser quoi que ce soit. Pas que ce soit mauvais ou qu'il le regrettait, loin de là, mais il y avait une sorte d'inégalité faite pour le remettre en question. Khor était le premier homme avec qui il couchait, et inversement, or malheureusement il était le seul à se faire dominer. Peut-être que le brun n'assumait pas ? Ou peut-être que c'était parce que ce n'était que passager ? En soit, ils n'avaient conclu aucun avenir ensemble, ni de quoi se tourmenter. Ils n'étaient l'un pour l'autre qu'un plan baise qui pourrait s'arrêter le jour où l'un d'eux s'en sera lassé. Ce que Rafael craignait en le ressentant de plus en plus fortement, c'était d'être celui laissé sur le bas côté.

Puis, qu'est-ce qu'il était beau, ce con.

Les cheveux plus courts et coiffés comme le tombeur qu'il était, parfumé et habillé sans trop en faire ni pas assez, le mexicain l'analysait plus qu'il ne l'écoutait après que Valdur se soit levé pour les inviter sur la piste de danse.

« J'vais aller me chercher un verre d'abord, je vous rejoins après. »

Le jeune Galvez n'aimait pas danser en vérité, sauf avec un verre dans le nez justement. Il ne comptait pas se saouler, non, pour le coup c'était surtout un prétexte pour ne pas y aller. Tous ses amis le savaient de toute façon. Il préférait rester sur le côté à boire ou à discuter.

« Tant pis pour toi ! On y va » s’exclama Jay en partant le premier. Il n'en fallut pas plus pour que ce soleil ambulant se trémousse vers le centre d'une piste pas trop bondée, son sourire si pétillant appelant de loin toutes ses futures conquêtes.

D'ailleurs, l'une d'elle n'était autre que la copine de Gilda, -la sœur de Rafael-, qui toute petite et rondouillarde qu'elle était s'amusa comme une folle avec le bon danseur, tout aussi enjoué qu'elle. Évidemment, Gilda en profita pour se glisser jusqu'à Khor.

« Tu ne vas pas me laisser danser toute seule ?! » s'amusa-t-elle en lui attrapant les mains pour le tirer avec elle. La jeune femme était tout ce qu'il y avait de plus cliché, physiquement, pour une latina. Le teint légèrement plus sombre que celui de ses frères, les lèvres pulpeuses et les formes généreuses, sa longue chevelure foncée balançait contre ses reins cambrés.« Allez viens ! »

C'était une grande fille, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Elle était en fait la fille de la mère des garçons Galvez. Alors qu'elle était bébé, Rafael pourrait raconter comment il la tenait dans ses bras d'enfant pendant que Miguel ramenait ses potes plus âgés à la maison, sous le nez de leur grand-père trop vieux pour gronder son petit-fils, qui n'aidait en rien le foyer. Au final, Raf' avait été le plus protecteur avec elle, et le plus présent. Pour Miguel, elle n'avait pas existé plus que ça et lui pour elle non plus. Pour autant, le cadet des frères ne l'avait jamais vraiment réprimandé de s'habiller aussi court ou de draguer des garçons sous son nez. Il lui faisait confiance et il avait conscience qu'elle commençait à profiter de son pouvoir de séduction, son caractère bien trempé envoyant balader la moindre tentative de créer une sale rumeur autour d'elle. Au final, elle flirtait plus qu'elle ne concluait... de ce que pensait Raf' du moins, et de ce que voulaient volontiers lui faire croire ses potes.

Sauf que la voir tourner autour de son amant alors qu'il revenait à son siège avec son verre...

Les voir rire ensemble, et deviner que le brun la regardait...

C'était trop pour sa soit-disant tolérance de grand frère.

Sans comprendre pourquoi ou chercher à savoir en quoi c'était différent des autres mecs, il abandonna aussitôt sa boisson pour se diriger à son tour vers la piste, entre les quelques personnes qui n'avaient pas réussies à lui cacher la vision du couple dansant.

« À quoi tu joues ? ...» dit-il aussitôt en s'interposant subitement entre Khor et la jeune femme.

« Rafael ! » s'indigna cette dernière.

Mais celui-ci se souvenait à peine d'elle. Il n'avait que le visage de l'ex-taulard sous les yeux et son attitude en tête. Cet abandon qu'il lui imposait en allant draguer sa propre sœur -de ce qu'il croyait avoir vu-, et en lui mettant en pleine figure la claque de son désintérêt pour tout ce qui s'était passé entre eux. Valdur allait comprendre qu'en vérité, Rafael n'était pas partageur.

« Wow, les gars, il se passe quoi là ? Ils dansaient juste, Raf'...»

Par dessous la musique, Jay tenta de calmer le jeu en voyant son pote se mettre devant l'autre et en s'approchant d'eux. Il posa la main sur le torse de son confrère wolf pour l'inviter à se reculer, car clairement la façon dont il s'imposait presque front contre front face à Khor était de la provocation.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54


On était dans la foule, à danser face à face, effacés par les autres corps en mouvements. J’avais pas pu dire non à son invitation, quand elle m’avait trainé sur la piste sous le regard appuyé de Beau. Une seconde mon regard s’était perdu dans la foule, pour chercher Rafael. J’avais eu un doute sur le bienfait de mon geste, éprouvé quelque chose de dérangeant, avant d’être rappelé à l’ordre par une pression de main. J’avais cédé et on s’était retrouvé à danser l’un et l’autre, effacés par les autres corps en mouvements dans les effluves alcoolisées. À respirer cette chaleur humide mêlée de sueur dans la foule de corps en mouvements

L’alcool imbibait mes veines et noyait mes sens, tamisés et exaltés à la fois. Avec un esprit aux limites brouillées je m’autorisais à laisser mon regard vague couler sur la Latina qui me souriait d’un air aguicheur. Mon regard s’était accroché à ses formes, ma main s’était perdue sur sa hanche. Comment j’aurais du dire non à ça ? Je ne m’étais pas posé de questions devant le plaisir du moment, entrainé par la musique et mon état de conscience, mais laissé séduire par l’ambiance, et le sentiment de liberté de l’instant.

Puis tout à coup le visage aux formes pleines et féminine s’efface, devancé par un autre dont le regard est vif. Rafael. Mes yeux se plongent dans les siens lorsqu’il coupe sèchement « À quoi tu joues ? …» et j’écarquille les yeux. Qu’est-ce qui lui prenait tout à coup ? Je relevais un sourcil devant la tension qui venait de monter d’un cran entre nous.

— Toi qu’est-ce que tu fous ? Ça se voit non ? Je danse.

Oui, je dansais. Je dansais comme n’importe quel type en boite, je m’amusais avec une belle jeune femme qui m’avait invité à danser. Je ne réfléchissais pas. Dans ma tête je profitais juste de l’instant présent, comme un type normal, comme un type hétéro. Comme ce type que j’avais été. Comme celui que j’aurais toujours du être qui n’avait jamais flanché devant un homme, ni craint de souffrir un poing. Et aujourd’hui je devais me retrouver face à des types comme toi, qui faisaient basculer toutes mes croyances d’un seul regard comme à l’instant présent quand tu me regardais d’un air si défiant. La réponse fut amère, elle claqua sur la langue.

— Ça te pose un problème ?

La provocation avait été plus forte que la raison au moment où son regard avait dardé le mien. Pourquoi il venait se la ramener là tout à coup alors qu’il faisait toujours comme si de rien n’était, comme si quelque chose jusqu’ici lui avait posé problème. Pourquoi jouer l’indigné tout à coup ? Malgré la présence de nos amis bientôt je pouvais pas m’empêcher de pencher le visage vers le sien pour lui faire face, le front presque contre le sien.

À ce même moment la main de Jay se posa sur mon épaule mais je levais une main vers lui sans lâcher Raf' du regard pour lui intimer de se tenir à l'écart. Ça ne regardait que Raf et moi.

— Nan, laisse Jay, je gère.

Mes yeux se mirent à palpiter à la pensée que Rafael avait pu se mettre dans tous ses états pour ça, et même si j’aurais du me sentir honteux de danser avec sa soeur en connaissant notre secret, c’était comme si je refusais de l’admettre. Une part de moi savait que je m’engageais sur la mauvaise voie, mais le palpitement de mon coeur à l’instant où il était apparu, la crainte qu’avait suscité cette attitude inédite provenant de lui. J’aurais du m’excuser, mais un désir plus fort surpassait ma raison. Une part de moi continuait de nier cette intimité surréaliste qu’on partageait. J'avais l'intime conviction que je ne devais pas voir où il voulait en venir. Comme un besoin pressant de défendre mon identité. Ou peut-être mon image.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

Avait-on oublié, à force de le voir aussi sage, que Rafael était un mafieux ? Élevé dans une famille unie, aux tantes criardes, aux cousins vendeurs de shit et aux pères à la tête de petites affaires, si le mexicain s'était fait une place chez les Wolfs ce n'était pas seulement grâce à son frère. Tireur hors pair, Raf' était née avec un flingue dans la main et avec dans les oreilles et à bout de bras la violence que chaque choc de tire inspirait. Il ne le montrait certes pas, un tempérament peut-être plus doux se faisant naturellement chez lui, mais il n'en restait pas moins un voyou qui n'avait pas froid aux yeux lorsqu'il s'agissait de prendre ses responsabilités... ou de se faire respecter. Il n'aurait jamais pu survivre jusque là sinon. Pas dans le Bronx avec un nom comme le sien, et encore moins avec une gueule comme la sienne.

La Vaca, c'était le surnom moqueur que Miguel lui avait attribué avant de disparaître. Ça avait fait le tour des mauvais quartiers. Il faut dire que ça lui allait bien et pas seulement à cause de ses tâches, telle la nomination de celui qu'on cherche lorsqu'on s'embarque dans des échanges illégaux. Besoin d'un gun ? Va voir la Vaca. Besoin d'une commande plus importante ? C'est dans le carnet d'adresses de la Vaca que tu trouveras.

Alors non, si Rafael avait l'air d'un paumé derrière le comptoir de sa petite épicerie de coin de rue, les cheveux en batailles et de vieilles scandales aux pieds, il n'en restait pas moins un Wolf à qui AD avait offert sa totale confiance. Un eau calme susceptible de se transformer en véritable tsunami si trop secouée. Donc lui manquer de respect en draguant sa sœur était une chose, mais trahir ses secrets en les piétinant sous son nez en était une autre. Ce n'était pas son instinct de grand frère que Khor perçait en dansant simplement avec Gilda, c'était son instinct de Beta, celui qu'il peinait à rejeter au quotidien pour se refaire une vie plus paisible. N'ayant pas peur de l'ex-taulard, puis encore moins du lien de plus en plus hasardeux qui les unissait, le mexicain fit un pas vers lui pour de nouveau s'imposer.

« Tu gères rien du tout, et c'est peut-être ça mon problème » avoua-t-il en touchant brièvement son front tant il était proche du sien.

Jay n'avait pas pris le risque de trop s'approcher, lui. Aux aguets, lui et Beau les entouraient toutefois, prêt à intervenir au moindre mouvement. De son côté, la jeune femme indirectement responsable de ces états tenta vainement de les calmer en balbutiant des recommandations, avant de se tourner vers un autre de leur ami pour lui réclamer de l'aide. Celui-ci l'écarta pour s'approcher du duo et tendre à son tour la main vers eux.

« Bon les gars, vous allez quand même pas vous b... »

Mais sans prévenir, Rafael poussa brusquement Khor aux épaules. Tout ça parce que ce con osait encore le provoquer avec ce regard, ces yeux d'acier qu'il avait que trop croisé durant des moments purs de jouissance et d'interdits. Il le poussa comme s'il voulait définitivement l'éjecter de sa vie, non sans espérer le voir revenir pour réclamer son dû : un poing qu'il ne manquerait pas de lui donner.

« T'as pas autre chose à foutre que de draguer ma sœur ?! T'es pas capable de contrôler ta queue ou t'as juste la cervelle entre les jambes ?! »

Bien sur, c'était les seules accusations qu'il pouvait se permettre de dire tout haut. Ce n'était que des paroles jalouses et possessives, probablement à bout de quelque chose, capable à l'instant de le rendre fou.

« T'es juste qu'un connard ! »

« Raf ! »

Mais son ami afro' n'eut pas le temps de s'interposer, l'appelé lançait déjà son poing vers la figure de beau gosse et insupportable de son parfois amant.


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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

Qu’est-ce qui lui prenait de retourner sa veste. Tous ces mois à se convenir de notre situation, sans jamais réagir de mes faits et gestes pour finalement se manifester parce que j’étais avec sa soeur ? De quoi avait-il peur ? Que je me la fasse ? Pourtant depuis que nous couchions ensemble j’avais pas sauté une seule nana. Moi qui en avait eu tellement besoin avant. Avec mon appétit sexuel insatiable J’avais changé bien malgré moi et nous deux le savions mais pourquoi venir en faire étalage sous leurs yeux à tous, surtout maintenant qu’ils nous encerclaient. Leurs yeux étaient rivés sur nous. Il allait quand même pas me faire une scène ici, devant tout le monde.

Cette idée me glaça le sang. Me rendre compte que les autres pouvaient savoir, apprendre simplement notre relation me faisait froid dans le dos. La tension entre nous tout à coup devint abrupte pas loin d’être hors de contrôle et avec l’alcool dans mes veines je devenais moi-même à fleur de peau.

— Qu’est-ce que ça peut bien te faire. Je lui touche pas le cul que je sache!

Comment ferais-je si ça s’apprenait ? Est-ce que je supporterais l’idée qu’ils puissent me voir autrement ? Comme un pd. Comme une tarlouze. Comme un suceur de bite. Cette idée me terrifiait et Rafael en plein milieu de tout ça. Enflammé par le reste pas plus préoccupé par l’idée d’être entouré. Sans que j’eus à lever le petit doigt, la protestation de Rafael passa un cran au dessus, il me poussa en arrière, et m’obligea à reculer de quelques pas à mon plus grand damn.

Retiens-toi Raf, bordel. je lui intimais quelques secondes du regard mais au lieu de ça il poursuivit dans sa lancée pour me cracher des insultes au visage. Il me traitait comme un chien devant tout le monde et même de chien tout court en fait. Quel comble putain de l’entendre me dire que je pensais qu’avec ma queue ! En revenant vers lui je commençais à exulter de colère. S’il savait vraiment comment je me comportais quand je cherchais qu’à baiser s’il savait quel comportement j’avais eu quand j’avais été comme ça, il aurait jamais osé me parler comme il le faisait.

— T’es juste qu’un connard l’entendis-je dire.

Et c’est là que je le vis brandir son poing vers moi pour me frapper. Je sentis sa force se répercuter contre ma mâchoire, m’obliger à détourner la tête sous l’effet de la surprise. Impossible à esquiver. En reculant sous l’élan qui l’avait animé je cognais contre Beau dont les mains me rattrapaient. S’en était trop. La colère qu’avait soulevé son geste n’aurait su être tue et je reniflais mauvaisement en me massant la mâchoire. Il allait trop loin. Lui. Lui tout spécialement, c’était la première fois qu’il levait la main sur moi, même si c’était pas la première fois qu’il me regardait comme ça. Mais, je ne le tolèrerais pas une seconde de plus. Pas avec tout ce qu’on partageait. À la douleur qui me vrillait la face mon regard se fendit d’une étincelle de rage.

— T’es qui pour penser que tu peux lever la main sur moi ?! Grondais-je avec force, exalté par la tension qui raidissait mon corps. T’as vraiment cru que je voulais baiser ta soeur ? T’en fait pas que si j’avais voulu la baiser je l’aurais fait depuis longtemps !

Je raillais d’un air détestable. De celui que je ne voulais montrer à personne. Surtout pas à Raf. De cette face que j’avais voulu lui cacher et dont je l’avais tenu éloigné tout ce temps mais qu’il me forçait aujourd’hui à montrer devant nos potes et même devant sa soeur que je voyais comme une simple connaissance. Ce visage hideux du connard qu’il décrivait et que j’étais. C’était peut-être pour cette raison que je voulais pas creuser plus loin. Peut-être parce que je savais que j’arriverais pas à sauver la face. Que je changerais pas quoi qu’il arrive. Alors puisque de toute façon j’étais un connard, je me précipitai en avant pour lui attraper le cou d’une main, la paume pressée contre sa trachée, et le visage ramené au sien. Je sentais nos deux souffles se heurter l’un à l’autre sa respiration et quelques veines palpiter contre ma paume. Je répétais assez bas près de son visage pour que lui seul m’entende.

— Recommence une seule fois et je t’éclate la gueule Raf. Compris ?

La menace avait vibré violemment entre mes lippes tordues de colère, sur ce visage sombre qui avait appartenu à un autre. Et alors que je proférais mes menaces je le sentais frémir sous ma main. Comme si sa gorge m’avait brulé je le rejetais en arrière avec dédain pour reculer tout en lançant un regard autour de moi sur les visages qui nous fixaient. Je me sentais tout à coup épié, dévisagé. Tous ces yeux tournés vers nous, posés sur moi, comme s’ils me reprochaient eux aussi quelque chose. Comme si j’avais fais quelque chose qu’ils ne comprenaient pas. À la première percée que je vis s’ouvrir à ma gauche je m’élançais en avant pour me frayer un chemin entre la foule si personne ne tentait encore de m’en empêcher, blessé dans mon orgueil et ma fierté et poussant les malheureux qui auraient croisé ma route.Ma joue me brulait terriblement, et ma peau semblait en feu, pour me rappeler la scène qui venait juste de se dérouler.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

Qu'il le fasse. Oui, qu'il lui éclate la gueule car ça lui donnerait une raison de lui rendre ses coups. Et Rafael en avait rien à faire de ses justifications. Il n'avait en tête que ce qu'il avait compris en l’apercevant avec sa sœur, ou encore le fait que Khor ne l'approchait jamais lorsqu'ils étaient en public, mais qu'il le faisait à la première nana venue. Que ce soit vrai ou non, le tacheté ne souhaitait pas réfléchir plus loin. Plusieurs semaines de torture mentale l'avaient enfermé dans ce qu'il voulait bien croire, saisissant le moindre indice pour se donner raison. Après tout, il n'y avait que lui qui avait envoyé des messages à son amant pour lui proposer de venir, ou qui au détour d'une conversation lui proposait de passer boire une bière. Peut-être que Khor l'avait déjà fait aussi, mais certainement moins souvent et moins remarquablement.

Alors qu'ils se battent, une bonne fois pour toute, et qu'ils règlent cette tension qui pesait sur eux.

Le sexe, même violent, ne pourrait plus les sauver maintenant. Pas Rafael, dont les attentes finissaient toujours pas aller plus loin que ce qu'on lui donnait.

Des sexfriends, il en avait connus, mais des hommes non. Puis que Valdur soit le premier mec qu'il touchait et qu'il laissait le toucher changeait clairement sa façon d'appréhender leur relation, et si au début il n'y avait vu qu'un échange de plaisirs, plus le temps passait et plus Rafael se questionnait. D'autant plus que Khor n'était pas à l'aise avec cette bisexualité, à tel point qu'il ne lui permettait pas de le toucher plus bas que la chute des reins ou le haut des cuisses, et qu'il ne se 'rabaissait' jamais à lui donner autrement qu'en le dominant. Hors, Rafael n'était ni un soumis, ni celui qu'on encule pour se vider. S'il le faisait c'était car il portait des sentiments évidents envers son ancien ami et désormais amant, bien que même si ce n'était pas son genre, ce n'était pas désagréable non plus. Le problème, c'était qu'il n'y avait que lui qui oubliait. Que lui qu'il acceptait de complètement s'abandonner dans ses bras.

Souffrant d'un manque de confiance en lui depuis toujours, il n'en fallait donc pas plus pour que Rafael se fasse des films sur leur condition pour le moins compliquée. Voir ensuite Khor batifoler ailleurs alors que de son côté il avait surtout eu besoin d'une vraie conversation, suffisait à le mettre hors de lui.

Pourtant, le brun fuyait.

Après lui avoir choppé la gorge et lancé ses menaces de taulard, il se faufila dans la foule pour le laisser là, en plan avec rien pour le rassurer sur l’intérêt qu'il ne lui portait visiblement pas. Galvez voulu réagir, une dernière fois il anticipa même un pas, mais Jay posa aussitôt la main contre son torse pour lui lancer un regard et ainsi lui conseiller :

« Lâche l'affaire mec... »

C'était pas con. Tout lâcher, tourner le dos à cette aventure comme le faisait Khor à l'instant. Faire sa vie sans prendre en compte ce passage, se dire que ça n'avait été qu'un coup de bite entre potes, puis qu'il n'y avait rien d'autre à espérer venant d'un hétéro. Le mexicain s'était emballé tout seul, voilà tout. Et c'était le cœur lourd qu'il allait devoir s'en remettre, reprendre son quotidien comme si tout ceci n'avait été qu'une parenthèse douteuse.

Guidé par une volonté fade et automatique, le wolf hocha lentement la tête puis il fit demi-tour pour prendre la direction opposée. Il croisa le regard de sa sœur, bras croisés, qui ne manqua pas de lui cracher avec rancœur à quel point elle était déçue de lui.


« T'es qu'un con. »

Rafael se retrouva dehors trois minutes plus tard, à s'allumer un joint tandis que Jay attendait à ses côtés. Celui-ci avait beau lui parler, lui demander ce qu'il s'était passé et ne pas comprendre sa réaction, Rafael était vide. Froid et perdu dans son monde, il ne le calculait pas, éveillant un peu plus les inquiétudes de son fidèle ami.

« Je rentre, on s'voit plus tard »

Le soupir de l'afro-américain ne pouvait rien y changer, le cône d'herbes au coin des lèvres, Galvez partait déjà. En s'avançant vers le parking, il vit au loin la silhouette de tous ses tracas. Postée là devant la boite, son regard et celui de Khor se croisèrent sans se voir d'assez près, sans se défier cette fois, avant que le vitiligo rompe le contact pour continuer sa route sans provocation. Il n'avait plus envie de rien. Tout son être était alourdi par la déception et la culpabilisation.

Car c'était certainement de sa faute, oui. Il s'était attaché sans prévenir et sans se retenir. Il avait fini par aimer un mec qui depuis le début était ce qu'il était, un homme libre avant tout. Rafael ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même d'avoir cru en l'impossible. Il était après tout plutôt atypique : entre son physique trop voyant et ses activités illégales, s'assumer à ses côtés était une épreuve qu'il fallait porter. Khor n'aspirait qu'à la paix et la discrétion depuis qu'il était sorti de prison. Tout ceci et le fait qu'il couche avec un homme était sans doute trop pour lui.

Comment ne pas le comprendre ?

En sortant dans la rue, Raf' leva les doigts vers sa gorge. Il avait encore le sentiment d’étouffer, d'être serré au cou en attendant de se faire poignarder. Un poignard qu'il aurait préféré se prendre dans le bide plutôt qu'en travers sa réaction.

Quelques jours plus tard, il regretta ses propres agissements...

En effet, après une semaine sans nouvelles, Rafael avait fini par comprendre que c'était terminé, et que lui-même n'irait pas vers les réconciliations au risque de se ridiculiser. Aussi douloureux qu'une véritable rupture, il s'était en quelque sorte renfermé sur lui-même, une envie de rien le torturant.

Deux semaines.

Ce soir là, le mexicain se sentait prêt à passer à autre chose, ou d'au moins essayer. Suite à la déprime, la haine et le dégoût envers lui-même, il avait maintenant conscience que ça ne servirait à rien de tourner en rond. Et s'il était déjà sorti depuis, ce soir c'était à une soirée dans l'appartement d'un ami, pour son anniversaire en vérité. Il avait croisé les doigts pour ne pas y croiser Khor, bien que le trou béant au fond de sa poitrine le rendait plus m'enfoutiste qu'il ne l'avait jamais été.

Qu'importe de toute façon. Un zombie qui fume à longueur de journée et de soirée, et qui ce soir là passait son temps dans le canapé pendant que la vingtaine d'invités s’agitait et discutait. Il y avait Eva non loin de lui. Il savait qu'il avait toutes ses chances avec elle, et qu'elle lorgnait du coin de l’œil. Peut-être que c'était l'occasion de songer à autre chose ? De récupérer aussi une part de virilité ?

Mais soupirant, Rafael ne s'en sentait pas l'énergie. Il but une gorgée dans son gobelet, jugeant et observant la salle.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

Deux semaines étaient passées depuis ce fameux soir. Deux semaines que j’avais pas cessé de me rejouer la scène en boucle, complètement perdu. Dans cette accroche aussi banale qu’elle en avait l’air, son regard m’avait rappelé par le passé combien de fois j’avais été rejeté. Plus que le coup lui-même ou l’humiliation, c’était ce que j’avais lu dans ses yeux qui m’avait blessé.

Je m’en étais rendu compte dans le noir de mon salon quelques jours plus tard. Ça me rappelait un passé loin et pourtant trop proche. L’Orphelinat. Ces surveillantes exaspérées et épuisées dont j’avais toujours cherché à attirer l’attention, même si c’était pour recevoir une punition, ou une brimade. Du moment que j’attirais leur attention ça m’était convenu. Mais il y a avait toujours eu la fois de trop. Hier ou aujourd’hui, je les menais tous au bord d’un gouffre de souffrance que je leur creusais, amenant dans mes pas le malheur. Comme un écrin parmi lequel seul mon sourire ne devait les éclairer, une lente asphyxie qu’il me plaisait de faire peser sur mes proches. Tel un roi qui faisait pleuvoir le bonheur ou le malheur selon ses humeurs. Seulement je n’étais pas un roi. Je les faisais tous craquer et ils finissaient par me rejeter ou me sortir de leur vie. Cette situation n’y faisait pas exception. Ça se répétait en boucle comme si c’était destiné à ne jamais finir.

Les jours avaient coulés lentement, suspendus à l’image d’un visage de braise enflammé. Les doutes avaient laissé place à une lassitude pesante, une fatigue. Je n’étais plus sortit. Pas de potes. Pas d’alcool. Rien d’autre que le morne éclat de mes pensées repassant en boucle. Pas de joie ni de bonheur non plus autre que celui de voir Khaï dont mon accalmie avait profité. Il venait se poster à côté de moi comme pour tenter de me remonter le moral à sa façon. J’étais désolé pour lui de ne pas pouvoir mieux me composer un masque, désolé de lui afficher un visage si minable. Mais, j’étais trop obsédé par l’absence de Rafael. Combien de fois j’avais attrapé mon portable dans l’espoir de le voir vibrer comme il l’avait fait tant de fois jusqu’ici, à hésiter à faire un pas avant de finalement me raviser et jeter l’objet plus loin. Puis je me frustrais de pas comprendre pourquoi j’attendais vainement un signe, pourquoi j’y accordais plus d’importance que ça n’aurait du.

J’étais pas un pd, j’étais pas contre nature, j’pouvais pas. Je comprenais pas pourquoi tout se bousculait autant dernièrement et pourquoi on s’acharnait à me mettre sous les yeux ce mensonge. J’étais pas pd bordel. Qu’est-ce que je devais faire pour qu’on me foute la paix ? Pourquoi est-ce que tout était toujours si compliqué ? Alors même que mes envies continuaient de se tourner vers Rafael.

Puis il y eu cet indicible sentiment de culpabilité. Une petite voix qui me murmurait que j’étais le coupable de ce qui était arrivé. Elle s’amplifia au fil des jours si bien que je n’en dormais plus. Ça susurrait que c’était bien plus qu’une affaire de poing, mais d’autre chose, bien plus fort… Et je le savais. Je voulais simplement pas l’entendre ni le voir, comme je ne le voulais jamais. Un soir alors que je me tenais le crâne d’une main, assit depuis bien une heure sur le canapé, Khaï vint se blottir contre moi et je me contentais de le serrer contre moi.

Je me sentais coupable. De ça et de tellement d’autres choses qui dépassaient Rafael. J’avais beau être un connard. J’avais mal de leur faire mal. À tous. Et je ne savais pas comment faire pour l’éviter à part en reproduisant ce même schéma. La meilleure chose que je savais faire c’était les blesser pour mieux voir l’effet que ça leur faisait. S’ils avaient mal alors je savais qu’ils tenaient à moi, et je regrettais ensuite de leur avoir fait subir, mais je le montrais pas. Peut-être que c’était mieux comme ça. De laisser Rafael croire que j’avais voulu baiser sa soeur. Dans son esprit je resterais un égoiste profiteur et il n’espèrerait rien qui puisse le décevoir.

Je me souvenais alors de la présence de Khaï à coté de moi. Il n’avait pas bougé depuis tout ce que temps.

— Pourquoi tu fais cette tête Papa ?

Je souriais mollement à sa question.

— Parfois la vie est plus difficile qu’elle n’y parait.

Il se contenta de hocher la tête sans poser de questions, se pressant simplement un peu plus à mes flancs. Je passais un bras autour de ses épaules pour le sentir plus près de moi.
C’est vrai qu’il était toujours là malgré tout. Avec le temps il semblait pardonner mes erreurs, et montrait un visage plus conciliant que je n’aurais pensé. Khai… Et si je commençais à faire lui faire subir la même chose ? Un instant mon coeur se glaça avant que je ne cligne des yeux. Non jamais. Je ne le devais pas quoi qu’il arrive. Pas à la chair de ma chair. Il était devenue ma raison de vivre, de devenir quelqu’un de bien, quelqu’un qu’il voudrait admirer. Pas un pauvre type. Pas un idiot.

Je lui tirais un sourire finalement et me penchais vers lui pour poser mon front contre le sien.

— Ta mère aurait été fier de toi, chaque fois que je vois ton visage je repense au sien.

Un sourire vint illuminer ses traits.

— C’est vrai ?

— Oui.

Après un soupir je lui embrassais le crâne heureux de l’avoir avec moi et enfouissait le nez dans ses cheveux.

——————————————————————

Le lendemain je décidais qu’il était temps de sortir. Au moins pour m’aérer le crâne. Je pouvais pas rester comme ça, comme un fantôme sans vie. Je filais dans la chambre pour me changer et arranger ma tenue, abandonnant jogging et vieux fringues sur mon lit, pour me préparer. J’avais répondu a une invitation pour une soirée anniversaire. Ça pouvait au moins me changer les idées, peut-être pas améliorer les choses mais aider. Sur la route je glissais mes mains dans les poches. Je me sentais pas de devoir expliquer à tous pourquoi j’avais pas donné signe de vie durant ces deux semaines, je me sentais pas prêt pour les voir non plus mais au moins je venais. À mon arrivée la bande de joyeux lurons était déjà répartie dans l’appartement à fumer et discuter paisiblement. À la mine que j’arborais ils surent très bien que je serais pas disposé à en dire plus, alors à défaut de m’interroger dessus ils discutèrent de tout et de rien. Et alors que mes yeux vagabondaient dans la pièce, j’aperçu Rafael seul en pleins milieu du salon, enfoncé dans un canapé. Il était là. Lui aussi. Seul et silencieux. Sa mine en disait long sur l'état dans lequel il semblait être. Un soupçon de culpabilité refit surface en moi et je détournais les yeux. Le souvenir de son poing ravivé et la honte au visage.

Je m'éloignais alors un peu pour faire mine de m'intégrer à une discussion, et peut-être qu'une heure ou d'eux passèrent. Il commençait à se faire tard. La plupart des convives étaient en terrasse mais pas Rafael. Silencieusement j'approchais de lui, le verre entre les doigts pour venir m'assoir à côté de lui, l'air de rien.

— Salut fis-je en toute simplicité, non froid, non chaleureux, le regard toutefois fuyant. Bientôt appuyé sur mes avants bras je regardais dans le fond de mon verre, absorbé par le liquide que je faisais tourner dedans de façon hypnotique. À ce moment là j'aurais bien bu l'ensemble du liquide s'y trouvant mais je n'en fis rien.

Plusieurs minutes passèrent entre nous, sans que mot n'en sorte, sans que regard ne se fasse. Je m'humectais les lèvres en silence, resserrais mes doigts sur le verre.

— La soirée est plutôt sympa non ?

C'était creux. C'était vide. Mais c'était une tentative de je ne sais quoi, un besoin de contact, ou peut-être de détendre un peu les choses. Un besoin de croire qu'il voudrait bien me parler.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

La soirée n'était pas si déprimante malgré tout. Rafael était entouré tout en étant tranquille, il discutait, buvait et fumait sans trop s'agiter. Et si plusieurs se mettaient la tête à l'envers, dansaient ou profitaient du passage à la trentaine du pote pour qui c'était l'anniversaire, Galvez appréciait d'être dans son coin tout en pouvant s'amuser. Mais c'était sans compter sur la silhouette qui apparue à l'entrée du salon dans lequel il s'était installé. Pas préparé, la surprise n'était en effet pas joyeuse. Pour autant, le vitiligo décida d'ignorer la présence de Khor, car si celui-ci l’obsédait bien plus qu'il ne voulait se l'avouer, le mexicain ne souhaitait plus se tourner vers lui, sans doute parce qu'il croyait profondément que c'était ce que Valdur voulait. Il était hors de question que Raf' se ridiculise en faisant ça, déjà assez humilié à son sens, pour tenter ne serait-ce de l'approcher. Aussi, durant ces longues minutes il fit attention de ne pas le croiser, assis sur le canapé ou en terrasse de temps en temps, les verres et les joints enchaînant jusqu'à oublier. L'hypocrisie qu'il portait envers lui-même s'était aussitôt envolé dans l'insouciance d'une douce ivresse, une sorte de m'enfoutisme installé progressivement à chaque fond de bière vidé et filtre consommé.

Aussi, quand Khor vint le rejoindre presque en fin de soirée pour s'asseoir ses côtés, Rafael était déjà plus en état de l’accueillir qu’auparavant, sans non plus l'être réellement. L'esprit vague, la fatigue sur les paupières, il avait été étonné de son « salut » lancé banalement, comme si de rien était et à l'imagine de cette fois où il lui avait tourné le dos comme s'il n'était rien.

Non, Rafael exagérait.

Il se trouvait des excuses pour le haïr et lui en vouloir, afin de fuir cette idée que c'était lui-même qui avait commencé. Lui qui s'était attendu à un rapport de sentiments et qui l'avait appelé si souvent. Lui le mec qui avait tendu son cul quand il le voulait et qui désormais chouinait. Au final, Khor faisait un pas vers lui malgré qu'il ne soit certainement qu'un « pédé ex-amant » à ses yeux , alors qu'il aurait tout simplement pu choisir de sortir sur la terrasse avec les autres.

Salut » répondit Rafael à demi voix, le coude sur le coin du canapé, affalé aux coussins et la joue contre la main.

Son regard dessina la silhouette du brun, si près de lui tandis qu'ils s'étaient évité pratiquement deux heures, sur ce dos penché vers l'avant, si silencieux et si présent. Il lui en voulait d'être venu et en même temps il mourrait d'envie de lui parler, à l'image de ces deux dernières semaines où il attrapé son téléphone en se demandant si ce serait une bonne idée de le recontacter. La honte qu'il portait au fond du cœur et l'incompréhension l'avait malheureusement, - ou heureusement-, refroidi à chaque fois, avec dans la tête les souvenirs devenus étranges de ces nombreuses fois où il s'était laissé aller entre ses bras. Est-ce que Khor s'en souvenait lui-aussi ? Est-ce qu'il y pensait quand le vide se faisait autour de lui, et dans ce cas, quels sentiments il en retirait ?

Raf' se maudissait de ne pas pouvoir être dans sa tête pour le comprendre, bien qu'il crevait de peur d'y lire ce qui pourrait si facilement le détruire...

Une soirée sympa ?

Elle l'était oui, sauf que ce n'était pas encore fini. L'euphorie le rendant soudainement un peu morose, le tacheté ne répondit pas tout de suite à sa remarque, endormi dans ses songes. Un « Hm » fut la première réponse qu'il se sentit capable de donner, avant qu'il n'inspire profondément tout en se redressant : il était temps de se réveiller. Il arriva donc à la hauteur de son voisin en dépliant son corps avachi, et il se frotta le visage avec lenteur, sa coiffure n'ayant rien à envier à celle qui sortait du lit... un peu comme d'habitude d'ailleurs.

« La trentaine, on doit tous y passer n'est-ce pas » relança-t-il tout aussi platement à propos de l'anniversaire.

Il attrapa son téléphone dans la poche arrière de son pantalon tout en discutant, puis il l'activa et ouvrit une application avant de le tendre vers Khor.

« J'ai trouvé ça l'autre jour dans mon album photo »

Il ne savait pas trop pourquoi il la lui montrait. Faire comme si de rien était n'était pas ce qu'il voulait, sauf qu'il ne s'agissait pas d'eux pour le coup.

« Luis m'avait piqué mon portable en rentrant de l'école, il était venu avec Khai que j'ai ramené ce soir là »

Sur l'image, la bouille d'Angel souriait de ses dents d'enfant, avec à sa droite le visage moins expressif mais heureux du jeune Valdur. Ils étaient assis sur la banquette arrière du véhicule de Rafael, un vendredi où celui-ci était allé cherché son fils pour le week-end.

Que ça avait été dur de ramener Khai chez lui alors que Rafael avait supposé que Khor était à son appartement, à un rien de pouvoir le croiser !

Ce soir là, Rafael n'était pas monté et il s'était rendu compte plus tard que ça avait été la bonne décision, le cœur ainsi brisé mais protégé.

« Ils s'entendent vraiment bien »

C'était attendrissant rien qu'en y pensant. De quoi l'apaiser malgré ses soucis précédents.

Bon sang...

Ce parfum... il lui avait manqué.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:54

Rafael avait répondu. Il ne m’avait pas ignoré. Je ne bougeais pas pour autant, comme par crainte de soulever une pluie de reproches, ou de tendre le bâton pour me faire battre avec. Pourtant, Rafael semblait aller dans mon sens et accepter de prendre part à la discussion. Parce qu’il fallait bien commencer quelque part. Quelque part où on pouvait peut-être encore s’échanger sans s’accuser.

Ça me soulageait un peu de savoir qu’on resterait pas côte à côte comme deux étrangers. La vérité c’était que je ne savais pas quoi faire, ni comment faire pour soulager le poids du silence qui nous séparait. Quand il approcha pour se mettre à mon niveau j’osais un discret regard dans sa direction. Il était proche tout en étant loin. Mais son aura était douce. Calme. Comme si la tempête avait laissé place a une mer silencieuse sans trouble. Une mer ou les bateaux à voile ne circulaient plus, forcé d’attendre que la houle revienne.

En effleurant ses lèvres des yeux, j’eus peur de ses mots. De ce qu’il pouvait penser à l’instant où il effleurait ma silhouette du regard. Lorsqu’il avait évoqué ce passage fatidique de la trentaine une vague d’angoisse m’avait agrippé les entrailles. Cette période de notre vie m’effrayait, parce que j’y étais. Comme il le disait, on devait tous y passer, et pourtant ça me donnait pas envie.

— Ouai… c’est pas terrible la trentaine.

Je caressais mon verre du bout du doigt avec une lenteur toute délicate, absorbé dans mes pensées jusqu’à ce qu’il attire mon attention avec son téléphone. Une photo ? Je haussais les sourcils de surprise au visage d’Angel et Khai. Merde ils étaient mignons ensemble… Leurs sourires niais et la joie lisible sur leurs traits me serrait le coeur. Je le leur enviais. Je leur enviais leur innocence et leur vie à peine esquissée. Un sourire tendre fana sur mes lèvres.

— Ils sont tellement mignons tous les deux.

Le souvenir innocent d’Angel me rendait toujours faible. Mes épaules retombèrent dans un soupir alors que je contemplais les deux gosses figés sur la photo, avant de poser mon verre sur la table d’en face. Je me permis de prendre le téléphone des doigts de Raf, avant de poser le doigt sur la chevelure bouclée d’Angel. Ou plutôt sur l’écran du téléphone de Rafael.

— Ils ont l’air heureux. Disais-je plus bas, pensivement.

En voyant l’image de ces photos, en repensant à cette période de merde que je vivais, ça me rappelait brusquement tout ce qui n’allait pas dans ma vie. Mais ça Rafael ne le savait pas. Je relevais le visage dans sa direction pour croiser son regard. Je m’humectais les lèvres tout en le dévisageant, tenté une seconde de simplement venir me reposer contre lui pour oublier. Mais rien qu’une seconde car ce n’étais pas la raison pour laquelle j’étais venu m’assoir à côté de lui. Je ne savais pas comment faire mais je ne voulais pas passer par quatre chemins. Je le lui devais bien. Je baissais légèrement la tête tout en lui rendant le téléphone d’un geste désintéréssé, en difficulté, je fermais les yeux, me passais une main sur la nuque puis soupirais. Embêté et résigné à la fois. Parce que j’aimais pas faire cet aveux.

— Le vrai soucis Raf. C’est que j’suis pas heureux.

J’en avais assez de cette vie de merde. Je ne souhaitais pas vieillir en continuant d’être le type que j’étais. Je pouvais pas continuer de feindre l’ignorance avec la conscience d’avoir Rafael à côté de moi. Lui qui avait continué de rester avec moi, à m’épauler depuis qu’il me connaissait. Il s’était perdu dans la toile de ma vie, de mes connaissances et de mon poison. Il avait cru en moi plusieurs fois et pourtant je devais probablement le décevoir. Et qui, si je continuais à rester comme ça continuerais de l’être.

Oui Raf. Tu étais tombé là comme une goute de pluie tomberait dans une mer déjà si vaste. Et tu t’étais perdu dedans.

— Je suis fatigué de cette vie. Je veux pas continuer de vivre comme ça. Je veux pas finir vieux et con. Je veux plus avoir l’air de ce pauvre type qui vie sans penser au lendemain. Je veux pas être ce vieux taulard égoïste duquel son fils ne voudra pas. Je ne l’accepterais pas. Et c'est pas juste moi qui est minable mais cette vie de merde avec les copains, ce qu'on essaye vainement de faire, et au final on y gagne rien d'autre que de la peine.

Mon regard n’avait jamais été si sincère, si dénué d’artifice au cours des six derniers mois.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55

Rafael ne craignait pas de vieillir. Être jeune, être beau, c'était de moindre soucis comparé à ce qu'il croyait avoir, et même si les années le rendraient de plus en plus blanc, il restait focalisé sur les tâches qu'il portait. On pouvait lui dire qu'il était magnifique, que c'était beau et qu'il pourrait être modèle photo, lui ne voyait qu'une peau brouillon qui ridée ou non restera à jamais ce qu'elle est. Un peau sur laquelle il avait demandé à Jay de dessiner, comme pour s'assumer, alors qu'au fond il avait imaginé devenir une autre forme d’œuvre d'art. Sauf qu'il avait beau y faire, même sous l'encre il restait et resterait toujours le tâché.

Et il faisait souvent croire qu'il assumait, il remerciait cependant chaque jour de voir Luis-Angel avec sa seule couleur de pigmentation. Les enfants sont cruels, autant que les adolescents, et son petit avait déjà assez de problèmes pour son âge. Alors à Rafael aussi ça lui faisait du bien de voir sourire son gamin. Lorsque Khai était là, et plus lorsque Khor aussi, Luis était visiblement plus vivant et moins sur la retenue. Il était même plus facile à supporter, cessant de lancer des piques et des ruses envers son père. Celui-ci regardait maintenant Khor caresser l'image de ses boucles du bout du doigt. L'air si pensif et perdu, qu'il donnerait n'importe quoi pour pouvoir lire dans sa tête, si ce n'est dans son regard.

Il le connaissait bien ce regard pourtant. Il l'avait vu déchiré, en colère et aimant, d'un amour que le wolf n'arrivait toujours pas à décrire, et qui à chaque fois le fuyait si vite qu'il lui était impossible de le traduire. Un amour fait de haine ou de jouissance, n'appartenant à personne d'autre que l'ex-taulard qu'il était, un proche ayant pu supporter son frère durant des années et qui comme lui l'avait perdu pour ne laisser dans son quotidien qu'un trou béant. Est-ce que c'était pour ça que le brun était venu se réfugier dans ses bras ?

En effet, les vieilles craintes de Rafael remontaient au fur et à mesure qu'il les sentait distant. Peut-être que Khor avait perdu ses derniers espoirs en taule, et que lui ne pourrait jamais le sauver.

« Tu t'en sors plutôt bien, je trouve »

Le mexicain leva le regard vers lui, capturant à jamais ces traits qu'il avait rarement vu aussi sincère dans son esprit.

« Tu as récupéré Khai, un appartement et un travail à peine sorti de taule... Tu le construis déjà ton avenir. Et tout ça sans entrer dans de sales plans, alors que tu nous fréquentes et qu'il te serait si facile de rejoindre les Wolfs. »

Khor avançait sans le voir. Pas comme lui qui stagnait depuis des années sur place et dont la seule promotion avait été un statut parmi les pires malfrats du Bronx. Personnellement, il faisait du sur place depuis si longtemps, allant là où on le mettait, sans jamais se sentir réellement vivant depuis plusieurs années.

« Qu'est-ce qu'il te manque ? »

Khor était un homme très complexe et ça Rafael l'avait bien compris. Il l'avait su dès qu'il avait appris à le consoler, ou à finir dans ses bras toutes ces nuits sans jamais oser lui parler d'eux. Aussi, Raf' espérait qu'il lui réponde « Toi », même s'il n'était qu'un remède, une pommade sur de vieilles blessures, avec l'espoir de panser tous les vieux préjugés. Mais ce n'était pas aussi simple malheureusement. Il n'y avait que sur les longs fleuves tranquilles qu'on naviguait sans tracas, et de toute évidence leur courte aventure n'en était pas un. À devoir gérer ses sentiments dans l'incompréhension et la peur, Galvez ne faisait que se noyer constamment dans leurs torrents. Et s'il ne savait plus ce qu'il voulait depuis, une chose était sur : désormais, il voulait lui-aussi se protéger. Se reprendre en mains.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55


« Qu’est-ce qu’il te manque ? »

À ce moment là je me sentis me perdre dans son regard bicolore. Je m’interrogeais sur ce qui le poussait à me le demander. Est-ce que ça question était la preuve qu’il ne pouvait pas comprendre ce à quoi j’aspirais ? Après tout ce qu’il savait déjà de moi ne s’en doutait-il vraiment pas ? Il me connaissait mieux que personne.

— Tout. disais-je d’une voix teinte de fatalité.

Parce que c’était un triste constat. Il me manquait tout. Absolument tout. Il n’y a rien qui ne me satisfaisait et nos soirs de baise ne parvenaient plus à le cacher ni à repousser ces pensées. Ça ne m’apportait qu’une joie éphémère évanouie dès le lendemain tout comme chaque soir en rendant mon tablier je me disais que j’avais pas payé pour me contenter de servir les gens dans un bar. Si j’étais revenu, ce n’était pas pour en rester là et me contenter d’une vie trop simple. Je voulais briller, et je voulais assurer l’avenir de mon gosse. Mon putain de gosse qui méritait déjà tellement pour tout ce qu’il avait essuyé ! J’avais été aveugle assez longtemps alors je penchais la tête, la langue franche et le regard fixe.

— Ça te fait vraiment envie une vie comme ça ? À être dans l’ombre des vermines les plus grandes du quartier ? Tu te sens heureux Raf ? Sincèrement dis-moi que tu es capable de voir que c’est pas une vie qui mène à grand chose. Moi, je ne veux pas finir ma vie dans les quartiers du Bronx ou de Harlem. Je l’ai suffisamment vécu et je ne suis pas assez masochiste pour vouloir continuer sur cette voie.

J’avais toujours dis que quand on voulait quelque chose il suffisait de le prendre. Mais prendre ce que l’on voulait c’était encore assumer de pouvoir causer des dommages colatéraux ou de ne pas craindre l’image qu’on donnait. Supporter les conséquences et parfois savoir qu’on avait une morale toute relative. C’était assumer qu’on pouvait blesser les autres pour parvenir à ses fins. Et je venais bien de qualifier indirectement les Wolfs de vermine. Nos connaissances de toujours. J m’étais moi-même considéré comme un type de cette trempe là toute ma vie. Peu importe les raisons qui amenaient un homme à vivre comme ça, moi-même j’avais eu les miennes.

— Qu’est-ce que ça apporte sinon que le sang et une réputation de merde ? Je ne veux plus jamais avoir a le payer. Je ne veux pas construire quelque chose qui risque d’être détruit par des gens qui ont décidé de se salir les mains.

Rafael lui y avait peut-être sa famille, ses amis, son tout, mais moi ce n’était pas mon cas. Et je ne voulais pas d’une famille qui m’apporterait la perte, le sang et le danger. Je voulais la sureté, "la garantie" maximale de procurer une vie stable à la mienne. Khaï.

Rafael avait partagé cette intimité du temps où j’avais vécu chez lui et j’avais cru sentir la naissance de quelque chose, mais ces nuits de baise avaient finit par me faire penser que ce n’était rien de plus. Je sentis ma voix se nouer et je détournais la tête. Il m’était douloureux de lui dire ce que j’étais entrain de dire mais je devais poursuivre.

— C’est pas comme ça que je vois ma vie.
Je suis pas sorti de taule pour me contenter d’une vie si simple sinon pourquoi j’en serais sorti ? Je me contenterais pas d’être le barman du coin de rue, l'ex taulard qui précédera sa réputation toute sa vie, celui qui traine avec ces amis de toujours et qui baise de ci de là.

Mes yeux se plongèrent dans les siens. je voulais qu’il comprenne que cette discussion n’avait rien de banale. Qu’elle était le départ de quelque chose que je ferais quoi qu’il arrive. Avec ou sans lui. Je ne viendrais plus chez lui le soir pour baiser. Je ne serais plus là pour épuiser un désir qui se contente des limites physiques de l’autre. Baiser pour baiser. Je ne voulais plus être ce genre de type qui profitait que des coups d’un soir. Et toi Rafael tu devrais aussi faire tes choix. Décider de ce que tu voulais. J’avais plus envie de ces soirs de corps à corps peu importe combien j’aimais pouvoir te voir entre mes bras. Peu importe ces visions de ton corps étendu sous le mien, délicieux et abandonné qui cessait jamais de me prendre les tripes. Parce que tu avais été le seul avec qui j'avais eu tant de complicité mais que j'étais prêt à faire une croix sur tout ce que je connaissais pour ce nouveau but dans ma vie.

Pour ma part j’allais faire ce chemin, mais toi tu devrais faire tes choix. Dans tous les cas si tu faisais partie de cette vie, tu devrais savoir qu’elle ne serait plus la même qu’avant. Alors, même si on ne savait pas vers où on allait, soit tu décidais de t’y lancer à mes côtés, soi tu décidais que ce n’était pas une vie que tu étais prêt à partager.

Mon coeur se resserrait dans sa poitrine, indubitablement, parce que je craignais que sa réponse ne soi pas celle que j’espérais.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55

Que devait-il comprendre ?
Est-ce que Khor lui expliquait pourquoi il ne voulait plus le voir ? Ou est-ce qu'il le dissociait de sa vie, au point de ne pas mesurer ses paroles ?
Pour autant il n'avait pas tord. Rafael n'était pas totalement fait pour cette vie, mais il y avait grandi et il s'était laissé porter par elle. Il y avait aussi partagé autant de bons moments que d'incompréhensions et de craintes. Et le wolf ne pouvait que comprendre la position de l'ex-taulard. À chaque fois que Luis-Angel posait le regard sur lui, ou le taquinait de cette façon qu'il ne réservait qu'à son père, lui-même pouvait sentir à quel point il avait merdé quelque part. Car faire partie d'un gang était lourd de conséquences, qu'importe si celui-ci constituait une autre famille. La plupart des invités de ce soir étaient des Wolfs. La plupart de leurs amis communs l'étaient...
Cependant, tous n'étaient de mauvais gars. Comme eux deux, ils étaient là où on les avait placé. Contraints d'être les démons de cet enfer où ils étaient nés.

Dans les paroles de Khor, Raf' avait autant l'espoir d'y lire une invitation vers le paradis qu'un rejet. Puis tout comme lui l'avait été lorsqu'il était venu le recueillir au port, à son retour de prison, c'était aujourd'hui lui sa bouée de sauvetage. Celle qui, s'il s'y accrochait, le faisait se dire que peut-être que ça ne se passerait pas si mal, finalement.

Rafael avait fini par oublier à quel point Khor avait été un ami avant d'être son amant. Ensemble, bien que silencieusement, ils avaient appris à se reconstruire suite à la mort de Miguel, et ils avaient ainsi appris l'un de l'autre bien plus que ce qu'ils croyaient.

« Khor... Il faut que j't'avoue un truc. »

Les yeux baissés vers ses mains pendues entre ses jambes, coudes sur les cuisses, le taché s'assura d'un bref regard qu'ils étaient toujours les seuls à l’intérieur avant de continuer. Car quitte à être honnêtes l'un envers l'autre et de ne plus rien avoir à perdre, il était temps que le brun sache ce qu'il s'était passé ces derniers mois et la motivation qu'il représentait.

« Chez les Wolfs, nous possédons plusieurs lieutenants. Chacun d'eux a sa fonction, ses troupes et sa façon de faire, même si AD est là pour tous les réunir. En prison, t'as vu que Miguel était proche de lui, n'est-ce pas ? Suffisamment pour devenir l'un de ses bras droits. »

Il pensait à son aîné, tellement plus caractériel que lui. Ou plutôt, bien plus assumé que lui dont les colères se faisaient plus rares mais pas moins dangereuses. Khor en avait été témoin. Ça avait été là le début de leur relation.

« Moon Fangs, c'était comme ça qu'il se faisait appeler. On a jamais vraiment su qui c'était ici dehors, mais il donnait ses directives via Alcatraz et surtout au sein de l'établissement. Il n'a jamais voulu qu'on sache que c'était lui, c'était voulu, donc si tu n'étais pas au courant ce ne serait pas étonnant. Juste, faut que tu saches que Miguel était bien plus impliqué qu'il en avait l'air. »

Il inclina le visage vers lui, afin de capter ses expressions puis mesurer ses propos.

« Quand il est mort, personne n'a vraiment su que Moon Fangs avait disparu. »

Pas même lui. Lui avait perdu un frère, pas une légende parmi les siens.

« C'est pour ça qu'il y a quelques mois, peu de temps avant le concert, c'est moi qui ai repris sa place. J'te l'avais pas dit parce que j'avais bien compris que ça te faisait chier avec le coup que tu m'avais fait. J'voulais pas de représailles, de personnes d'ailleurs. J'me suis donc placé en tant que lieutenant sous le même surnom que mon frère, et j'ai agi en fonction. »

Rafael avait dés lors rencontré Nova, ensuite aux côtés de Zéro, ils avaient rencontrés tous les dirigeants de gang. Tout ça, c'était devenu anecdotique depuis.

« Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. J'ai demandé à AD de me mettre à l'écart et de trouver quelqu'un d'autre pour porter un tel statut. Je n'ai pas envie de diriger des Wolfs, Khor, ni de m'impliquer davantage dans leurs plans. »

Il voulut chercher son regard, et si son cœur battait si fort, c'était car il espérait qu'il comprenne ce qu'il était occupé de lui avouer.

« J'en avais plus envie. »

Parce que tu étais là, à me donner une raison d'aller à contre courant.

« Et si je devais choisir, je partirai pour cette vie tranquille dont tu parles, sur le champs. Parce que même si contrairement à toi je n'ai pas besoin de gloire, je n'ai pas besoin d'emmerdes non plus. » Il soupira, rompant l'échange en détournant les yeux pour tenter d’apercevoir leurs potes sur la terrasse.« Ça m'écrase de jour en jour, et ça me donne juste envie de ne plus me montrer au risque de mettre ma vie ou celle de mon entourage en danger. Sauf que les Wolfs, ces malfrats au même titre que moi, ce sont aussi ma famille. Jamais je ne les abandonnerais. Leurs valeurs restent justes et j'y crois malgré l'ambiance tendue qui gravite autour. »

Il se redressa puis passa une main dans sa crinière folle. Il ne mentait pas, jamais il ne s'était confié autant sur ses activités, d'ailleurs.

« AD me fout la paix parce qu'il sait que je suis pas du genre à aller au combat sans y être forcé, et tant que je leur donne les moyens de s'y rendre, ça lui va. »

Du reste Khor n'était pas censé être au courant de l'armurerie que planquait Raf' sous son épicerie. Sauf qu'il était possible qu'il le devine maintenant, du moins tel qu'il le connaissait et avec les flingues qu'il avait pu trouver à l'appartement.

« Miguel était un de ses plus proche ami, c'est aussi quelque chose que mon frère m'a laissé en partant. »

Oui, ce con ne lui avait pas laissé que des emmerdes après tout, il lui avait aussi laissé un nom et les faveurs d'un souvenir d'autant.

« Si j'te raconte tout ça... » Bon sang, les battements allaient déchirer la poitrine. « C'est parce que tu m'as manqué, et je veux pas que tu te barres ou me rejettes après tout ça.»

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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55


Pourquoi il me disait tout ça ? Pour me faire comprendre que quoi qu’il arrive ce putain de gang ce mettrait entre nous ? Je pouvais plus l’accepter ni le comprendre pour le coup. Pas après m’avoir expliqué que la mort de Miguel était en vérité leur faute, parce qu’ils avaient pas été fichus de le protéger comme la famille qu’ils étaient censés être. Et maintenant quoi ? Je devrais attendre qu’il lui arrive quelque chose à aussi ?! Le sang sous mes veines se mit à palpiter violemment et avec tant de colère. Que je me glissais une main sur le dos de la nuque, sur le point de sentir l’explosion de ma colère jaillir et me faire agir avec véhémence. J’avais envie de péter un cable. De crier, de casser tout ce qui trouverait ma route et de pouvoir sortir de mon propre corps devenu trop étroit. Je voulais pouvoir à nouveau me sentir respirer, pas ressentir cette asphyxie. Je levais mon pouce pour le mordre avec violence, la respiration lourde.

J’inspirais doucement, assombri par des pensées noires et me redressais malgré moi pour faire quelques pas. L’entendre me dire qu’il ne les abandonnerait jamais me faisait mal. Pourtant, je le savais tout au fond de moi. J’avais beau le savoir ça ne parvenait pas à m’apaiser. Je savais que le gang resterait toujours entre nous parce qu’il avait déjà choisit il y a longtemps déjà. C’était peut-être parce que je n’y pouvais rien que je me mettais en colère. Tellement en colère que ma lèvre tremblait, que ma mâchoire tendue saillait et que mes muscles étaient douloureusement bandés. Au lieu de hurler comme j’en avais envie, ce n’est qu’un murmure qui sortit d’entre mes lèvres, quand je laissais tomber mon regard dans le sien, pour y laisser tomber l’encre de ma souffrance. Je criais sur la fin de ma phrase.

— Et donc quoi je dois attendre que tu te fasse buter aussi ? Je vais devoir te regarder crever sous mes yeux un jour ? Comme ton frère ? Comme ma femme ?! Tu veux que je vois ton sang couler sur mon visage? Entre mes doigts ? Comme je l’ai vu sur son visage à elle ?!

Une coulée de lave translucide jaillissait sur mes pupilles à mesure que les mots abruptes et violents passaient leur barrière. Ma vue devint trouble. C’était brulant et ça dévalait bientôt mes joues. Cette idée m’était insupportable et même si Rafael était vivant je m’imaginais déjà le pire. Plus que n’importe quelle autre fois. Je secouais la tête la lèvre rouge la voix tremblante et m’essuyais les yeux.

— Je veux plus jamais entendre parler des Wolfs ni voir leur sale tronche sinon je les bute tous !

Je tempérais le ton de ma voix étranglée parce que je voulais pas encore faire un scandale devant tout le monde. Pas un soir d’anniversaire. Mais ces ressentis noirs d’encre coulant de bile revenaient en moi. Ils m’écorchaient comme des pierres. J’avais si mal de repenser au passé, comme toujours. Il me faisait perdre tout contrôle. J’avais la sensation de me noyer dans une mer de sanglots qui me nouaient la gorge. Si j’avais pu attraper le premier vase venu pour le renverser je l’aurais fais histoire de me défouler. Mais j’étais coincé sur ce fauteuil, mortifié par ce qu’il venait de me dire, obligé de contenir ma colère et de temporiser cette vague incontrôlée qui faisait trembler ma main. Je me sentis finalement secoué par un rire qui se brisa sur sa fin et je penchais la tête vers lui.

— Alors, pourquoi tu me racontes tout ça. Miguel ? Le sang ? Je veux plus rien entendre la dessus, plus jamais. C’est à croire que tu veux ma mort.

Pourquoi reparler du passé et pourquoi on le laissait pas où il était hein ? Pourquoi on parlait pas d’avenir lui et moi ? Pourquoi ne disait-il rien de plus que cette vérité ? Parce que je n’étais pas convaincu de sa réponse.

— Qu’est-ce que je dois savoir ? Que vous n’avez pas été capable de le protéger ? J’ai pas envie de revenir la dessus, j’ai pas envie d’en reparler, ni de savoir ce que vous trafiquez.

Raf ne pouvait pas comprendre cette douleur là. Celle de perdre ceux qu’on aimait. Pas nos frères ou nos soeurs mais les personnes chères à nos coeurs. Celles qu’on aimait du plus profond de son âme. Il ne savait pas combien ça vidait l’esprit ni comment on se sentait destitué de ce qui vous faisait vous sentir vivant. Peu importe le pourquoi du comment. Tout ce que je voulais c’était pouvoir imaginer un futur ou je n’aurais pas besoin de me dire qu’Il risquait sa vie toutes les semaines. Quelle garantie me donnait-il ? Il en voulait pas que je le rejette mais ne me donnait aucun moyen de lui dire que tout irait bien. Il fallait que je me calme. Que je me calme sinon j’allais lui jeter au visage toute cette colère qui ne lui était même pas destinée. Et je le blesserais.

— Laisse moi deux minutes.

Je lui tournais le dos pour aller m’enfermer dans la sale de bain, première issue rencontrée sur ma route. Je m’y enfermais et tournais dedans en rond pendant plusieurs minutes afin de me calmer. Encore une fois une réaction incontrôlée, violente et acérée. Et je n’avais su me contenir. Mais la vérité c’était simplement que j’avais espéré qu’il ne soit qu’à moi et à moi seul. J’avais le chic pour toujours faire les mauvais choix ou pour me fourrer là ou j’aurais du jamais aller. Choisir les mauvaises personnes. Ça devait être une punition pour tout le mal que j’avais fait. Cette situation me rappelait une autre similaire il y a plusieurs mois, avant que je ne le balance au Nypd. Parce que c’était pas la première fois que je voyais combien si je m’attachais plus que de raison je souffrirais. J’écrasais tout à coup mes poings contre le carreau. Je devais respirer.

Je souffrais encore. Et si cette fois ça arrivait une seule fois de plus, si je le prenais dans ma vie mais qu’il risquait de la perdre pour sa famille à lui. Je ne serais pas capable de me relever.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55

Si Rafael lui racontait tout cela, c'était parce qu'il en avait eu besoin. Plus de secrets. Plus de mensonges. Il voulait récupérer Khor comme ils étaient censés être tous les deux, quitte à augmenter leur douleur pour ne plus jamais avoir à lui cacher quelque chose. Faisant abstraction de leurs querelles passées, s'il le retrouvait ce ne serait que pleinement. Pour autant Rafael n'espérait pas retourner dans ses bras. Avec le brun, leur relation avait toujours eu plus de sens que ça, de par leur lien avec Miguel mais aussi ce qu'ils avaient surmontés ensuite. Raf' l'avait vu grandir et se débattre à peine revenu dans la société, il l'y avait aidé avec son bagage de souffrance, et il avait été là pour le relever. C'était à lui d'être sincère désormais. Et puisqu'ils n'avaient plus rien à perdre, autant lui parler de cet avenir qu'il n'avait plus à craindre.

Mais c'était sans compter sur ces choses qui font que parfois on ne se comprend pas forcément, que la communication ne passe pas toujours comme on le souhaiterait et que les vécus sont différents. Car il n'avait pas voulu parler de Miguel, seulement de lui et du parcours qu'il avait connu depuis. Comme d'habitude, son frère était le plus imposant lorsqu'il s'agissait de les placer dans un même contexte, et comme à chaque fois Rafael récupérait les pots cassés de son aîné.

« Khor... » tenta-t-il en se redressant.

Celui-ci restait néanmoins impossible à gérer, avec autour de lui cette aura qui reflétait une bombe à retardement. De la même façon que lui deux semaines plus tôt, lors de leur dernier face à face, le brun était irraisonnable et il n'avait entendu que ce qu'il voulait bien entendre, ou plutôt Raf' s'était très mal exprimé.

Lui ne voyait chez les Wolfs qu'une famille avec qui il y avait bien sûr eu des conflits. Il n'y a pas si longtemps, il leur en avait voulu également, parce que noyé dans sa colère. Sauf qu'après avoir continué à les fréquenter, il avait compris que si Miguel était mort ça n'avait été de la faute de personne. C'était comme ça, c'était tout. Depuis, le cadet voulait se reconstruire puis surtout laisser derrière lui les erreurs passées du défunt. Alors oui, peut-être qu'un jour il cherchera à connaître le fin mot de l'histoire, peut-être qu'au fond ça continuait à le travailler de savoir ce qu'il s'était réellement passé -car de toute évidence Nova n'était pas en cause de cet assassinat, contrairement à ce qu'il avait cru avant de le rencontrer-, sauf qu'aujourd'hui il voulait tourner la page et se permettre de le faire, comme il l'avait demandé à AD en quittant ses fonctions.

Dans tout ça il avait beaucoup souffert lui-aussi. Moins terre à terre que Khor ceci dit, il apprenait à gérer ses émotions moins brutalement que lui, puis surtout il ne se confiait pas beaucoup sur cette peine qui alourdissait quotidiennement son cœur. Perdre un frère aussi caractériel n'était pas quelque chose qu'on oubliait un jour. Il avait grandi avec Miguel, il s'était construit sur lui bien plus qu'avec lui, avant qu'il ne lui soit arraché et qu'il apprenne trop tard à s'en sortir seul. Ce n'était pas ce qu'il assumait le mieux, or c'était la vérité. Toute sa vie, Rafael avait été terriblement dépendant de son aîné, tel un chien tellement battu qu'il n'a d'yeux que pour son maître.

En y songeant, le taché se referma un peu sur lui-même au même moment où Khor lui demandait quelques minutes. Son silence avait du donner l'impression qu'il se sentait fautif au nom des Wolfs, parce qu'il est vrai qu'ils n'avaient pas su protéger Miguel et que des trafiques Raf' en connaissait bien assez... son véritable mal restait en fait tout autre. Se savoir dépendant n'était jamais agréable, car si ce n'était pas à de Moon Fangs, c'était au moins de la meute.

Les traits sombres, les mains liées entre ses genoux alors que du coin de l’œil il suivait la silhouette de son ex disparaître vers le couloir de la salle de bain, il crispa les mâchoires pour chercher un autre point de vision. Cette conversation était en effet trop lourde et alcoolisée pour qu'elle ne soit pas dangereuse, à tel point qu'il ne tarda pas à se lever par peur de sombrer.

Il fallait qu'il cesse de penser.

Maintenant.

Lui n'avait pas besoin d'être seul dans ces moments. Au contraire, par instinct de survie, -peut-être le même qui l'avait fait rejoindre les Wolfs-, il fallait qu'il s'occupe et s'oublie. S'oublier et se dénigrer était ce qu'il faisait le mieux, malgré cette force que lui avait donné Khor ces derniers mois lorsqu'ils étaient encore ensemble.

Sans réfléchir, il se leva pour suivre les pas de ce dernier, jusqu'à cette porte qu'il n'avait pas verrouillée. Aveuglement, il était donc rentré, la gorge serrée d'une triste colère et l'esprit vague, pendant que Valdur s'était écroulé sur le sol. Il vint le chercher avec un automatisme et une douceur presque morbide comparés à la souffrance qui émanait de l'être aimé, pour venir se mettre à genoux à ses côtés puis enrouler ses bras autour de son corps. Il l'attira contre lui sans un bruit, porté par un amour infini et pourtant si douloureux, et il le garda contre son torse comme il l'avait déjà fait autrefois après l'avoir surpris dans une période de crise.

« Il m'arrivera rien... c'est ce que je voulais t'expliquer. »

C'était faux.
Jouer avec des armes c'était prendre le risque de connaître leur traîtrise, puis jouer au loup c'était connaître le prix d'une morsure.

« J't'en parlerai plus. Mais j'ferai en sorte de ne plus être impliqué, j'te le promet. »

Rafael avait son fils pour s'accrocher à cette vie, cependant il avait Khor aussi. En le recueillant chez lui pendant qu'il était occupé de se reconstruire, le brun n'avait probablement jamais eu conscience qu'ils s'étaient reconstruits ensemble, et qu'au moment où Rafael se dirigeait vers le fond, de la façon certes la plus brutale qui soit, Khor était venu le sauver.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 18:55

Les minutes avaient défilé dans le silence étouffant de la salle de bain et rien n’y faisait. Rien me rassurait. Je tentais de me raisonner mais ma respiration coincée dans son thorax ne faisait qu’exciter mon angoisse. Je fermais les yeux emporté par la peine du moment et la rage de l’instant, soupirais puis serrais les dents. Il y avait eu trop d’informations pour que je puisse les tenir. J’me laissais tomber mollement sur le sol, le visage agacé, les sourcils froissés. C’était trop dur et contrariant. Contrariant de pas réussir à rester maitre de soi, et épuisant de lutter contre ce que j’étais. Qu’est-ce qu’il me restait d’ailleurs à moi, sinon que d’essayer d’y croire un peu alors que je savais très bien que ça pouvait se briser ? Sinon que mon fils lui-même. Tellement de visions me traversaient le crâne à l’instant que je peinais à toutes les contenir, à toutes les apaiser ou les chasser. Mon esprit était dévoré par des insécurités si profondes qu’elles m’échappaient encore.

Peut-être que Rafael aurait mieux fait de m’en coller une dans la tronche pour faire cesser mes pensées, pour que tout s’arrête, pour que je puisse plus rien dire. Pourtant quand j’le vis revenir dans la salle de bain que je croyais avoir fermé à clé je baissais un peu le visage dans un soupir lourd. J’avais pas besoin qu’il me voit comme ça, pas encore une fois. Ni de sentir ses bras solides autour de moi. Je voulais pas me souvenir de son étreinte si chaude, ni de ses gestes si doux. Parce que même si j’en voulais pas, je me sentais pas assez fort pour le repousser. Pas alors qu’au contact de sa peau son odeur épicée m’envahit le nez, emplit mes poumons et brouille mes pensées agitées. Je relevais lentement les yeux sur sa silhouette si proche, plus proche que jamais ces dernières semaines et je sentis à coup toute la tension s’envoler, partir en fumé. J’avais voulu le repousser, je lui avais pris les bras, mais je n’avais pas réussis à l’écarter. Je crois même que je l'avais agrippé.

Ça me paraissait une éternité depuis que j’avais pu le toucher. Et à le voir essayer de m’aider, je ne pus réprimer le relent de battements qui fit palpiter mes entrailles. Dieu que sa peau tachetée m’avait manqué. Tout ce temps sans la chaleur de son corps, sans la douceur de ses lèvres teintées de cigarette. Mes yeux se perdirent sur le coin de son visage près du mien, et mes yeux vinrent chercher les siens. Quitte à s’y noyer, quitte à oublier. Parce qu’à cette seconde précise je ne sus plus vraiment quelles pensées m’habitaient. Si c’était mon désir de le repousser hors de ma vie ou un désir brulant de le retrouver. Il semblait pourtant que la réponse fut claire quand je menais mes lèvres de son oreille à sa mâchoire. Mes yeux noyés dans ses bicolores, un bref instant avant de retomber sur ses lèvres à mesure que mon souffle anciennement agité par l’angoisse ralentissait.

Rafael…

Je levais une main sur sa joue pour venir l'y loger, et je penchais le faciès pour venir cueillir ses lèvres avec une infinie douceur.

Il m’avait manqué.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:37

Rafael le sentit bouger contre lui, se relever doucement, presque menaçant. Il aurait voulu qu'il reste là telle une poupée brisée et que le temps passe jusqu'à ce qu'on vienne les interrompre. Peut-être qu'il avait peur de la suite finalement, que maintenant qu'il y était il se rendait compte de ce qu'il faisait. La crainte de souffrir cognait sous sa poitrine, tandis qu'il rejetait tous les films qu'il ne cessait de se faire constamment. Mais c'était Khor après tout. Son ami, son amant et celui qu'il avait serré plus fort que n'importe quel autre homme dans ses bras. Il le connaissait assez pour savoir qu'il était plus qu'un rapport de traîtrise et de manipulation, il savait au fond de lui qu'il était surtout un être blessé qui maladroitement l'aidait du mieux qu'il pouvait. Une relation pure faite de non-dits et de sincérité à la fois, leur vérité ne se prouvant que par leurs gestes et se faisant handicapée par le manque accablant des mots. Mais il était probablement temps d'arrêter à ce petit jeu là. Arrêter de se cacher, si souvent, comme si les regards étaient dangereux. Il n'y avait que le leur pourtant, et celui-ci ne mentait pas. À chaque moment doux, chaque jouissance partagée, chaque baiser volé et chaque faiblesse, il fallait en effet voir ce qui était si évident.

Quand Raf' le vit incliner le visage vers le sien, il n'osa pas se manifester. Le souvenir de ses baisers le long de sa mâchoire lui avaient déjà arraché de nombreux frissons et il se sentait soudainement faible alors qu'il le maintenait contre lui, puis que deux minutes plus tôt il était venu si plein d'énergie. Il se sentait fondre littéralement sous la volonté du brun, incapable de s'exprimer ni même de le repousser. Et ses doigts agrippés à ses bras le tenaient d'ailleurs au moment présent, sans quoi Raf' se serait sans doute cru endormi dans le canapé, occupé de divaguer.

Or, Khor venait bel et bien cueillir ses lèvres. Délicatement, sans cet automatisme qui les avait parfois surpris avant chaques ébats. C'était doux, lent et surtout terriblement naturel, moins violent et passionné que la virilité dont ils essayaient de faire preuve lorsqu'ils s'embrassaient. Au diable les tabous ! Les actes parlaient. Les regards s'exprimaient.

Le tacheté balaya ses craintes et s'inclina lui-aussi à cette nouvelle envie. Tant pis si Khor se servait de lui... dommage s'il tombait de son nuage ensuite, son cœur le voulait.
Son corps restait néanmoins tendu lui. La respiration plus courte qu'elle ne devrait être, la nuque crispée, il échangea un mouvement de lèvres délicat avant de devoir lui refuser plus d’accès. Sans se reculer pour autant, il garda son front contre le sien pour prendre le temps de faire ses choix. Il analysa à vitesse folle, se remémora, lutta contre ses instincts puis finalement se lança sous la vague d'un tremblement.

« Je t'aime... »

Il regrettait pas. Non, il ne regrettait pas.

C'était ce qui faisait battre son cœur depuis des mois. C'était l'évidence même.
Un sentiment niais qu'il portait bel et bien pour cet autre homme, qu'il n'aimait ni telle une femme, ni tel un mari. Il n'y avait pas à chercher plus loin, car il se voyait faire sa vie avec lui et partager tous ces moments perdus depuis deux semaines encore et encore tant que le bonheur le leur permettrait. Il désirait son corps aussi fortement que des courbes féminines, à la différence que celui-ci était le sien, celui de Khor, avec ses détails et son parfum. Alors il préféra tout perdre plutôt que de recommencer à douter et de se mentir. Tant pis s'il fait fausse route ou s'il se rendait pitoyable. La honte de soi, il connaissait bien.

« J'te demande rien en retour » paniqua-t-il tout bas, la voix grave et basse.« Reviens-moi seulement »

Flirter avec la peur, pourquoi ça lui plaisait tant ?
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38

C'était comme redécouvrir de quelles chaires il était fait. Un parfum perdu dont on arrivait plus à donner la saveur. Et quelle était douce au nez. Je prenais le temps de le frôler, de caresser ses lèvres avant de m'en emparer. Dans mon torse mon coeur refusait de se calmer, battait à tout rompre, trahissant quelque chose de bien plus fort. Quelque chose qui me renversait et que je ne parvenais pas tout à fait à saisir. Dans la caresse de ces lèvres qui se cherchaient je le sentis m’empêcher de revenir vers lui, reculer le visage pour mieux m’obliger à le fixer. Puis dans l’océan de nos doutes, dans l’hésitation de nos esprits et dans la brume de ce qui nous consumait, comme une goute dans un océan perdu, ces simples mots tombé de nul part.

« Je t'aime... »

Je fronçais les sourcils, mordu d’un pincement plus fort qu’il n’aurait du. Rafael venait bien de dire ce que je pense ou n'était-ce qu'un fantasme ?

Je t’aime.

Ces tendres mots plus entendu depuis si longtemps que je ne me souvenais plus quand c’était la dernière fois qu’on me les avait dit. Deux mots inestimables enterrés dans le brouillon de ma vie du côté des souvenirs heureux d’un passé à la page tournée. Deux mots pour lesquels j'avais toujours espéré me battre jusqu’à abandonner l’idée de les entendre. Et les voir surgir d’entre ses lippes sans prévenir. Jamais je ne l’aurais imaginé. Me dire que c’était un mec et pas une nana qui un jour serait capable de me les sortir. Rafael. Mon Rafael. Dans quelles méandres s’était-il perdu pour en arriver là ?

Mes yeux se troublèrent. Comment décrire ce sentiment qui m’habitait. Comment mettre des mots dessus. Il y avait de la crainte, de l’angoisse mais plus encore. De la joie. Et dans l’expression de son visage perdu, je compris. Comme une évidence malgré nos différences il y avait quelque chose qu’on avait en commun. Le fait de ne pas savoir où on mettait les pieds à cet instant, ni où ça nous mènerait. Je le sentais à sa peau frémissante, à la torsion de sa lèvre crispée, et de son regard fuyant.

On y était hein ? À ce moment terrifiant qui nous réunissait tous les deux. À ce que j’avais repoussé tout ces mois dans l’espoir de ne pas devoir y faire face. Pour lui éviter une peine de plus. Peut-être pour me l’éviter à moi, mais qu’avait-on encore à perdre sinon que l’envie de pouvoir être avec l’autre ? Je ne sus pas comment l’exprimer autrement à mesure que je le réalisais. Trop étourdi après la surprise et le doute.

Un instant perdu dans l'abime de ses yeux de feux et de glace je fronçais le sourcils comme si je prenais conscience de toute l'ampleur qu'avaient ses mots. De la situation qui nous reliait à cet instant. Et dans cet océan si vaste et cet abîme qui nous guettait, si on devait avancer à tâtons alors on le ferait à deux. Quitte à sombrer à deux. Je le lui promettais en venant chercher ses doigts des miens pour mieux s'y nouer et je m’humectais les lèvres dans un souffle bas, en besoin urgent de vérifier la véracité de la scène.

— Répète-le…

Sans attendre plus longtemps je le tirais d’un bras ramené contre ses hanches un sourire dessiné sur les lèvres à mesure que la peur se dissipait. Plus je le sentais proche de moi et plus la crainte s'évanouissait pour laisser place à une joie naïve. Rare et incongrue. L'évidence de cette réaction aussi j'en connaissais la source, mais je ne pouvais la formuler comme Rafael venait de le faire. Poussé par ces sentiments qui se bousculaient en moi.

— Raf’… je gémis les yeux à moitié clos en le renversant en arrière contre le sol. Je vais te faire l'amour là tout de suite. Je le disais très sérieusement en ramenant nos mains près de son visage, le corps au dessus du sien, palpitant et emprunt d'une chaleur confiante. Et alors que je lui disais ce que je comptais faire, je l'imaginais déjà nu, couvert de nos flux, pressé de retrouver la chaleur de ses entrailles qui m'avait tant manqué. Il ne pouvait pas concevoir l'effet que ses mots avaient sur moi mais je comptais bien lui faire sentir mon ivresse.

Les seules doutes qui me traversèrent encore l'esprit à l'instant où je glissais une main sous son haut ne concernaient que moi-même. Est-ce que je pourrais l’aimer comme lui le ferait ? Est-ce que je serais capable d’être à sa hauteur ? Je reculais le front pour le coller au sien, soucieux et inquiet un instant, dans la recherche d'une réponse capable de me rassurer mais je savais très bien que ni lui ni moi ne l'avions.

La seule chose qui serait capable de me répondre c'était d'essayer. Et s'il voulait arrêter c'était le moment parce que je ne donnerais pas cher de sa peau une fois que je l'aurais dévorée et sucée jusqu'à la moelle.

Mon Rafael. Qu'est-ce qu'on allait devenir ?
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38

En fait, il l'aimait depuis si longtemps.

Depuis que tout ça avait commencé et qu'il n'avait jamais su mettre de mots sur toutes ses frustrations. Mais aujourd'hui c'était dit et Rafael n'attendait rien en retour. Presque pour se faire du mal, pour conclure ou pour reprendre, il avait juste eu besoin de le formuler comme un soulagement au parfait moment. Il ne savait pas dans quoi il s'embarquait, probablement que Khor non plus et à en voir son regard c'était même plus qu'évident. L'incompréhension que Raf' crut voir dans les yeux de ce dernier à ce moment lui arracha un frisson, car de toute évidence le brun était occupé de se perdre, de réfléchir au sens de tout cela et aux conséquences qui les entendraient. Et pour le connaître suffisamment, le wolf savait surtout à quel point son ami craignait l'engagement. Par peur ne pas être à la hauteur, la certitude qu'un jour il ferait du mal comme s'il portait le démon en lui.

Tout ça, Galvez l'avait vu pour le savoir. Ou tout du moins il avait cru le voir le soir où il l'avait surpris occupé de draguer sa sœur, toujours sans avoir le fin mot de cette histoire d'ailleurs, ou durant toutes ces semaines où ils s'étaient unis sans l'affection que lui-même avait eu trop peur de formuler. Le fait qu'ils soient tous les deux des hommes au pied de leur première expérience homosexuelle n'aidait en rien, car comment un homme était censé penser dans ces moments là, comment on apprend à se dire qu'on est peut-être pas seulement hétéro, mais bi' ou homo ? Devoir tout remettre en cause tout en continuant à baiser avait rendu leur rapport compliqué. C'était devenu timide sans l'être, physiquement intense et tabou sur le reste.

Sauf qu'aujourd'hui ils n'avaient plus rien à perdre, puis Rafael se sentait bien incapable de continuer à vivre dans son univers sans pouvoir le toucher. Pas maintenant qu'il l'avait dans ses bras, pas après avoir retrouvé la texture de ses lèvres. Il pourrait même lui répéter encore et encore combien il l'aimait. Inspiré, s'être retenu durant tout ce temps lui donnait des ailes pour continuer à battre dans cette lancée, lui renvoyant des brises d'amour et de sentiments inavoués, quitte à encaisser la chute libre qui pourrait en découler.

Sa chute fut néanmoins douce et chaleureuse dès qu'il le vit étirer les lèvres. La façon dont il murmura son nom ensuite le fit fondre au sol, sous lui, là où il s'était trouvé une place depuis quelques mois. Écrasé par son corps lourd et droit, par ses muscles définitivement masculins et par sa façon de le tenir rude sous une douceur contrôlée, oui, c'était là que Rafael se sentait le mieux, aussi excité qu'il pouvait l'être avec la plus charmante des femmes. Il retint aussitôt un gémissement sous la promesse qui lui avait tant manquée, notant silencieusement qu'il parlait bien de lui faire l'amour et non de le baiser, une réponse secrète à sa déclaration, la plus divine qui soit.

« Alors aime-moi »

Ce fut un souffle capturé par un baiser, des lèvres qui se retrouvent pendant qu'il sentait sa main venir le caresser, là si proche de son cœur à la fois affolé et plus vivant que jamais. Dans une lenteur aux mouvements lascifs, Rafael ondula alors sous lui pour mieux le caler contre lui, jusqu'à mieux placer ses jambes de chaque côté de son Khor. Il le laissa ainsi profiter de la montée de son désir pour lui, emprisonné sous la toile de son jeans, et il lui fit redécouvrir les piercings qui traversaient ses boutons rosés rendus aussi plus durcis sous ses doigts. Il voulait se donner de tout son être à lui, comme à chaque fois, rendu faible à chacun de ses attouchements.

« Je t'aime... » lui répéta-t-il suite à leur longue embrassade, après avoir ramené la main sous sa mâchoire pour lui caresser le visage. « Je t'aime, Khor Valdur »

Histoire que ce soit clair. En se disant, il le repoussa lors d'un baiser pour le faire se redresser sur ses genoux, et lui assis, afin d'avoir une meilleure prise sur sa tenue. Sans plus attendre, il joignit les mains au niveau de sa ceinture pour commencer à lui ouvrir le pantalon lors de cliquetis grisants, puis ensuite remonter les doigts le long de son ventre et de le débarrasser de son haut.

Qu'ils soient dans la maison d'un pote et que dans la pièce principale presque une dizaine d'amis reviendraient faire la fête lui importait peu, et qu'il n'ait pas fermé à clef derrière lui quand il était entré l’intéressait encore moins.

Quitte à se faire prendre, autant que ce soit dans la passion qui le brûlait jusqu'au plus profond de ses entrailles.


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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38


Le contact de sa peau, la saveur demi-sel de son derme, ou encore la chaleur de ses lèvres. Tout me poussait à revenir chercher un peu plus de lui. Provoquer l’osmose qui nous avait manqué. J’étais tellement bien, tellement heureux. L’entendre me le repéter, sentir la caresse de ses doigts contre mon visage, me couvrir de sa chaleur me saisissait le coeur. Tellement heureux sans le comprendre que je savais plus comment le gérer sinon que de continuer à le presser de plus belle. Contre sa peau, contre ses reins et ses lèvres. Je voulais être doux mais aller vite, prendre le temps alors que j’étais impatient. Fébrile de ce sentiment nouveau je me sentais comme un gosse qui ne savait pas ce qu’il devait faire. Et le voir aussi frémissant me donnait d’autant plus envie de bruler les étapes. Seulement je voulais pas me vautrer. Alors mes doigts s’attardèrent en de lentes caresses, mesurant toute la texture de sa peau, calculant les millimètres de chaires passées jusqu’à relever ses habits pour l’en débarrasser en même temps qu’il s’y prenait.

Je pouvais pas m’empêcher de le dévorer du regard. Rafael était si unique avec sa dépigmentation, les tatouages qui l’ornaient et chacune des particularités de lui plus précieuse. Dans l’ombre de cette intimité, dans le sillage de ces sentiments tortueux je m’abaissais soudainement entre ses cuisses pour me coucher sur le ventre. Les bras glissés sous ces dernières pour caler mes doigts sur ses reins, le visage à hauteur de son sexe. Enivré de le voir d’aussi près. Je relevais le visage vers le sien avant de m’y pencher. Couvrait sa forme mes lèvres, la cajolait du bout de mon visage comme jamais je ne l’avais fais. Ma langue rencontra sa peau, chercha le tendre de sa chair, couvrit la perle de ses envies. Bientôt sur ma langue à combler le creux de ma bouche.

S’en suivit de longs mouvements de tête, des caresses accentuées et bientôt des succions infimes mais dénuées de honte. Parce que je savourais l’instant, sobre et dépouillé. Concentré sur le plaisir que je lui tirais, sur le souffle de sa respiration trouble, je pressais mes doigts à ses hanches prit dans l'instant du moment. À écouter ses gestes et me laisser porter par la pulsation montante de sa chair gorgée d'une chaleur agréable.

Puis sans le dire, comme par une habitude qui s'était doucement installée, ma main retraça d'elle même le chemin qu'elle connaissait trop bien jusque le dessous de ses bourses si délicates. Je rouvris les yeux entre mes cils pour reculer le visage et venir chercher ses lèvres restées trop longtemps éloignées le souffle rauque. Affamé et dur au possible. J’allais pas pouvoir tenir aussi longtemps que je le voulais. Il n’y avait plus de masque, aucune attitude derrière laquelle nous cacher, rien pour me retenir de penser que la meilleure chose au monde c'était d'être en lui. Jusqu’au plaisir de l’avoir sucé, de nos gestes un peu brouillons, des coeurs qui cognaient dans nos torses et de ce secret renfermé avec nous dans la salle de bain de nos amis. Mais tout ce à quoi j’étais capable de penser c’était l’instant où j’allais le faire mien. Par l'endroit même que mes doigts taquinaient alors que je le regardais droit dans les yeux peint d'une sincérité brulante.

— Je vais pas être capable de tenir longtemps… je murmurais en passant mon autre main derrière sa nuque pour établir un contact, pour le préserver au plus proche de moi.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38

Nu sur le carrelage d'une salle de bain qui n'était pas la sienne, dévoilé tout entier et à pleine lumière devant le seul homme l'ayant jamais touché ni regardé comme ça, Rafael s'offrait à celui-ci après l'avoir pourtant tant haït. Khor savait comment soulever en lui des sentiments si contradictoires. Parfois il l'admirait, parfois il le maudissait, et dans tous les cas il l'aimait plus qu'il ne pouvait contrôler. C'en était effrayant de savoir à quel point on pouvait être dépendant d'un amour qui pour l'instant était verbalement à sens unique, mais ça lui allait à chaque fois qu'il le touchait de cette façon là, puis que son regard lui disait tant de choses qu'un jour il rêverait de les entendre. Les cuisses écartées sous lesquelles passaient les bras de son amant, les mains de celui-ci contre ses reins, il le regarda se pencher si près de son excitation déjà gonflée, s'approcher de cette façon si indécente qu'on ne soupçonnerait pas que d'ordinaire ce n'était pas son genre de faire ça. Alors cette façon d'agir et de le dévorer était au final la plus belle déclaration à ses sentiments partagés. Car oui, visiblement Khor l'aimait lui-aussi, son être qu'il goûtait sous sa langue de plus en plus expérimentée, et son corps qu'il pressait entre ses doigts.

Ce n'était pas qu'un échange pressé planqué dans la maison d'un pote, c'était un besoin. Un manque qui les avaient finalement poussés à se retrouver plus fortement que s'ils n'avaient jamais été séparés.

La tête lui tournant, la respiration chaude et les envies montantes logées entre les attentions de la cavité buccale si chaude et humide de son amant, Rafael entendait à peine son souffle s’entremêler aux bruits de succions avalés, des vagues de désirs commençant à assaillir son corps. C'était presque irréel quand à peine une heure plus tôt ils avaient à peine oser se voir, puis que maintenant s'ils fermaient les yeux c'était pour mieux se ressentir...

Bientôt, il sentit la fraîcheur de la pièce le surprendre là où le couvrait maintenant la salive de son autre, et il accueillit ses lèvres contre les siennes sans gronder de si tôt sentir ses doigts venir quémander. Il était vrai que Raf' n'était pas réfractaire à l'idée que Khor le prenne, tout bonnement parce qu'il aimait ça. C'était un plaisir qu'il lui avait fait découvrir et que tout homme était tout à fait capable d'apprécier, si seulement on y avait pas allié la soumission que l'image s'en faisait.
Ça lui avait manqué... Mais les préjugés qui ternissaient encore leur relation dont les conflits se dénouaient toujours sans mots le firent se tendre un peu, et inquiet, il leva les yeux vers les siens, sa nuque maintenue si proche d'eux.


« Pourquoi est-ce que tu veux me prendre ? » voulut-il savoir à demi-voix, le cœur pulsant si fort qu'il en venait à se demander s'il ne le grondait pas d'engager ce type de conversation maintenant. Sans parler de ce qu'il se passait bien plus bas.

Il se redressa un peu mieux en position assise, ses jambes toujours de part et d'autre de lui, et il attrapa délicatement le poignet tendu vers ses cuisses pour le relever à hauteur de son visage.

« J'ai besoin de l'entendre, Khor. Je peux lire sur ton visage, dans tes yeux, mais tu restes le seul et premier mec que j'ai eu... alors j'ai besoin d'entendre comment j'apparais dans tes pensées. »

Il appuya le bout de ses doigts impatients contre sa lèvre inférieure, son visage si proche du sien qu'il pouvait sentir son souffle le lui caresser, et lentement il les guida vers la langue timide qui ne pouvaient s'empêcher de les provoquer. Tout de même curieux de sa réponse, il invita son index et son majeur entre ses lèvres sans trop savoir ce qu'il foutait, si ce n'est le vouloir lui sans tabous ni plus aucuns questionnements.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38


Après lui avoir fait part de ce qui se pressait en moi comme une fièvre montante le visage près du sien je crus voir ses yeux se contrarier, et la largeur de ses épaules se raidir sous ma prise. Soucieux de le sentir bien je reculais légèrement la tête pour croiser son regard. Et je l'entendis me demander une question si surprenante que mes yeux se froncèrent en retour. Pourquoi je voulais le prendre ? Prit au dépourvu je me redressais un peu mieux la bouche encore entrouverte de la réponse que je ne savais pas lui donner. C'était pourtant pas évident ? Pourquoi Rafael pensait-il à ça maintenant tout à coup en pleins ébat ? Est-ce que j'avais raté quelque chose ? Et puis surtout pourquoi il se posait des questions à ce moment là ? Est-ce qu'il était coincé dans ses pensées pendant tout ce temps ?

Je me pourléchais les lèvres en détournant les yeux, reprenais un peu d'appui sur mes membres d'avantage troublé encore quand il me demandait de parler alors que je le voyais faire disparaitre mes doigts entre ses lèvres. Une pointe de frustration monta en moi, découlant de cette curieuse sensation de malaise qui venait de m'envahir. Comme si ma confiance venait de me tourner le dos pour s'en aller. Un peu ailleurs pour le coup, je me sentis obligé de détourner les yeux une fois mon poignet suspendu entre nous. Je me sentais mal à l'aise et la vague d'envie qui tantôt m'avait fait dire à quel point je le voulais fut recouverte par l'ombre du trouble qu'il venait de lever en moi.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je le dévisageais en reculant mes doigts d'entre ses lèvres, les sourcils froissés, l'expression contrariée.

— Je veux juste te faire du bien… Nous faire du bien répondis-je en détournant un peu la tête. Je comprends pas pourquoi tu me demandes ça… 'Fin, je te l'ai dis non ?

Comme je l'avais toujours fait avec mes partenaires. Parce que je voulais l'aimer. Je me sentais con, et surtout gêné. Gêné de ne pas savoir comment je devais prendre ses questions et comment je devais y répondre pour que ça soit la bonne réponse. Celle qu'il voulait entendre. Peut-être que ça paraissait une évidence, mais là tout de suite je ne m'y étais pas attendu et je me sentais plongé dans l'incompréhension. Ça ne m'arrivait jamais de douter, mais à l'instant je me sentais incapable d'être à la hauteur et je n'avais rien pour me composer un autre visage sinon que cette drôle de sensation malaisante.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:38

Il y avait des moments plus opportuns pour avoir ce genre de discussion, c'est vrai. Rafael souhaitait néanmoins fuir tous regrets. Car c'était lui qui se prenait le coup de hanche au final, et même s'il était à nouveau en confiance comme un amoureux pouvait l'être, il y avait encore cette part au fond de lui qui craignait sa propre image. Avant qu'ils ne couchent ensemble, lui et Khor avaient déjà joué aux bonhommes à la gueule trop grande. Il avait entendu de la bouche de son ami des propos homophobes et misogynes aptes à lui faire croire qu'il aurait pu les penser vraiment. Comment devait-il se positionner alors, quand c'était toujours lui qui se la prenait ? La discussion semblait grotesque, mais elle était importante à ce jour.

La crainte de voir Khor se froisser et fuir lui tirailla subitement les entrailles. Calmé lui-aussi, il lâcha sa main afin de le regarder droit dans les yeux, tandis qu'il se décomposait à son tour en constatant qu'il n'avait pas été compris et que de s'expliquer était terriblement délicat. Le plus compliqué était de faire comprendre à son amant qu'il voulait se sentir rassurer par rapport à des vulgarités lancées, sans pour autant le traiter d'intolérant. Lui-même avait dit de nombreux préjugés auparavant.

« Je sais que tu veux nous faire du bien »

Les jambes de part et d'autres de ses hanches, il posa les mains contre ses flans pour l'enlacer.

« Mais tu ne m'as jamais permis de t'en faire. Dès que j'approche la main sous tes reins, tu te tends. On en a jamais parlé, alors comment suis-je censé savoir quel symbole ça a pour toi d'être celui qui prend, maintenant qu'on couche ensemble ? »

Il déposa quelques baisers le long de son épaule pour le détendre. Son amant était si fragile que le moindre questionnement était un risque de le blesser, et lui-même était en phase de reconstruction.
Lorsque Khor l'avait pris la première fois, Rafael avait plus ou moins assumé sa bisexualité plus facilement que le fait d'avoir voulu le tuer l'instant d'avant. Il en avait appris sur lui sans se poser plus questions, puis il s'était rendu compte que son amant n'avait jamais essayé d'accepter une autre position. Il était venu en lui à chaque fois comme si c'était tout ce qu'il y avait de plus normal, sans qu'ils n'aient cette discussion incertaine, parce que dès qu'ils l'avaient entamée ça avait tourné sur autre chose. Khor fuyait en lui faisant oublier. Lui, il avait aimé tellement ça qu'il n'avait pas insisté.

« Bon ok, quitte à avoir l'air d'un con : ce que je me demande, c'est est-ce que toi tu me trouves moins fort, moins viril ou moins masculin depuis... tout ça ? »

Il en avait trop entendu autour de lui, avec ses potes, leurs amis ou entre eux pour ne pas s'inquiéter de ce tout cela représentait. Certainement faible rien que de demander, si le brun lui faisait part d'une dominance évidente sous ce prétexte là, Rafael savait qu'il ne pourrait pas continuer. Cela voudrait dire qu'il était cet homme qui avait dragué sa sœur, celui qui l'avait dénoncé aux flics et qui avait passé trop d'années en taule. Cela voudrait surtout dire que Khor était le démon et non la victime de celui-ci, chose que Raf' ne pourrait pas assumer à ses côtés pour le peu de confiance en lui-même qui lui restait là où il ne se cachait pas, c'est à dire dans ses bras.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:39


Je laissais Rafael s'expliquer, le regard posé sur lui, l'esprit flou. J'aurais aimé pouvoir être dans sa tête pour mieux comprendre ce qui s'y tramait. J'avais du mal à le suivre, depuis des semaines, mais là tout de suite, encore plus que les autres fois. Je passais par un tourbillon d'émotions si différentes les unes des autres. Parfois entre nous c'était comme la pluie et le beau temps, capable de rayonner puis d'être une tempête qui balayait tout sur son chemin. Là tout de suite je m'étais pris une bourrasque et j'en étais décoiffé.

Puis vint une explication. Ou du moins un genre de. Je penchais le visage de côté, me pourléchais les lèvres presque par réflexe. Passer la main sous mes reins… Qu'est-ce ça venait faire là ? Est-ce qu'il parlait de… sa satisfaction avec moi ? Est-ce que ça lui plaisait pas toutes ces fois où on le faisait ? J'écarquillais les yeux.

Celui qui prend. Alors c'était ça ? Ce qui le tracassait ? De savoir pourquoi je n'avais jamais tendu les fesses ? En parler de symbole… Putain on parlait d'amour et il me parlait de position. S'il avait fermé sa bouche à l'heure qu'il est je serais probablement déjà entrain de lui arracher des sons de plaisir, de savourer l'intimité que j'avais tant brûlé de retrouver mais au lieu de ça je me retrouvais là le cul sur le carreau à sécher aux questions qu'il me posait, dépossédé de mon désir et de mes repères.

Parler de symbolique, de valeur à un tel moment. Pitié quoi. Je fermais les yeux, fronçais le nez avant de relâcher mes épaules dans un soupir. Ça n'en avait aucun si ce n'est celui d'être mon partenaire ? Une personne que j'ai envie de protéger. Merde qu'est-ce que j'étais censé répondre à la fin ? Je pinçais mes lèvres délicatement, tirais sur ma nuque. J'avais l'air de pas le respecter ? Peut-être que les autres fois on l'avait expédié mais ce soir là… Je serrais les dents. Non, non c'était pas le moment. Je rongeais mon frein en lui répondant cette fois, tâchant de ne pas exprimer la frustration qui coulait dans mes veines.

— Tu me fais du bien chaque fois que tu me touches, chaque fois que tu me laisses te prendre… Je ne comprends pas bien le sens de tes propos…

J'accueillais toutefois ses baisers bienvenus en relevant légèrement la tête, appréciant la sensation de ses lèvres trainantes. Je repensais alors à ces paroles en même temps. Je n'avais jamais songé à inverser les rôles, à lui laisser la possibilité d'être celui qui prenait. C'était vrai. Je m'étais contenté de ce plaisir sans penser à l'équivoque. Mais si ça l'avait frustré auparavant il ne m'en avait jamais parlé, et moi je m'étais contenté de croire que la situation lui convenait.

Je posais une main chaude sur sa cuisse les sourcils froncés, presque irrité d'apprendre tout ça à ce moment précis de nos retrouvailles, mais il fallait croire qu'on avait encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre.

— J'ai l'air de te trouver différent d'avant ? Ça change rien Raf.

Rien même s'il était un mec, même si c'était moi qui le prenait, même si je n'avais pas une seule seconde pensé qu'il avait pu vouloir échanger de position. Parce que je n'avais jamais pu être capable de supporter cette idée jusqu'ici, que la chose était si intime à mes yeux que je savais pas si Raf éprouvait la même chose à un si haut degrés. C'était probablement différent.

— Tu crois pas qu'on s'en fou du reste ? Le plus important c'est … d'être bien à deux, mais tu n'aimes pas ? Je te donne l'impression de te traiter comme une nana ?

Toutes ces fois pourtant où notre désir avaient été si vif, si poignant et pressé, toutes ces poignes fermes, ces soupirs chauds, ça n'avait jamais ressemblé à la façon dont j'avais fait l'amour à une femme. C'était différent non pas à cause de son genre mais parce que c'était lui.En fait dans le fond peu importe le sexe de l'autre, ou… je sais pas quelle autre idée. J'avais mis du temps à accepter la situation, j'en avais eu honte parfois, mais chaque fois que j'avais été avec lui j'avais finis par oublier tous ces tabous, toutes ces hontes.

Je prenais son visage d'une main et le forçait à me regarder en face.

— On devrait peut-être reprendre nos affaires et rentrer ? Discuter de ça ensemble, dans un meilleur moment qu'ici ?

La salle de bain de nos amis c'était pas l'idéal il fallait être honnête et je devais assimiler un peu le tout, repenser à nos échanges.
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MessageSujet: Re: Fête de trop    Fête de trop  Icon_minitimeLun 9 Déc - 19:39

Peut-être que Rafael se sentait un peu con maintenant. Cette dispute, ce froid pesant et les tensions de ces derniers mois lui avaient fait oublier de qui il était tombé amoureux. Khor n'était pas un mec parmi d'autres, et il n'était pas seulement son premier amant. Il était aussi celui avec qui il avait vécu plusieurs mois et avec qui il avait partagé des peines et des douleurs, des avis et des ressentis. Ils s'étaient aidés, punis et apprivoisés pour en arriver là.
Et allez savoir pourquoi ces deux là s'étaient attirés au-delà des préjugés. Car autre le fait que le brun foncé était un homme beau à en faire tourner de l’œil même un hétéro, il y avait ce petit plus chez lui qui rendait complètement fou Rafael. Ses sourires. Sa voix. Sa façon de se mouvoir et de réagir. Si c'était parfois agaçants selon les situations, c'était un tout qui faisait parti de son désiré et qui lui donnait l'irréversible envie de tout savoir et de tout vivre de lui.

C'était un amour assumé à ce jour, malgré un cheminement long et hasardeux.

Ainsi, le Galvez craignait de le voir partir à nouveau, puisque c'était à peu près ce qu'il s'était passé à chaque fois que ça devenait étrange ou trop difficile entre eux. Le tacheté s'accrochait donc à lui à coups de baisers et d'étreintes douces pendant qu'ils discutaient.

Est-ce qu'il se faisait traiter comme une femme, finalement ?

Non... c'est pas vraiment ça... » marmonna le tatoué, perdu dans ses pensées.

Valdur ne l'avait pas traité autrement depuis cette nouvelle relation, seulement il avait fuit, tout comme lui, chaque conversation de ce genre. Aucun n'était fautif dans tout ça. Raf' n'avait pas voulu le mettre au pied du mur, ni discuter à un meilleur moment. D'ailleurs, celui-ci n'était pas forcément le bon... dire qu'ils devraient ne faire plus qu'un sur le carrelage de cette salle de bain maintenant.

Le visage planqué contre l'épaule claire, Rafael se demanda c'était quoi son problème à lui. Pourquoi il était aussi peu confiant ? Pourquoi il craignait tant que ses conjoints se moquent de lui ?

Avec son ex-femme, ça avait déjà été le cas. Marqué d'une jalousie plus forte encore, durant toute sa jeunesse il avait été incapable de la voir s'amuser sans lui, parler à un autre homme ou encore de l'entendre lui parler de ses tâches. De nombreux conflits à l'origine, entres autres, de leur rupture, qui certes l'avaient forgé mais pas totalement effacé.

Il aurait voulu s'excuser puis expliquer tout cela à son amant. Il lui avait pourtant déjà raconté comment il s'était séparé de son ex, lors d'une soirée entre potes sur le canapé, sauf qu'il n'avait jamais appuyé sur le fait qu'il avait à ce point merdé. Son côté possessif et complexé se voyait au quotidien de toute façon, sauf que Khor ne s'était probablement pas rendu compte d'à quel point ça pouvait les ronger tous les deux aussi.

À eux deux, ils en avaient de sacrés bagages...

Quand il glissa sa main sous sa joue pour lui faire relever la tête, tout sembla néanmoins s'effacer. Fondant face à son visage, à sa proposition de s’affronter et non plus de se fuir, Rafael sourit doucement.

« Faisons ça »

Car il ne voulait pas abandonner, non. Il le voulait lui et le plus longtemps possible.

Le wolf se leva donc pour récupérer ses vêtements, dans cette ambiance lourde et chargée tandis qu'il se rendait compte qu'il était bel et bien nu sans que rien ne se soit passé. Pour si peu, il aurait normalement du se relever après que Khor lui ait rappelé à quel point il lui avait manqué, l'un dans l'autre.

Quelques minutes plus tard, Rafael était fringué et près de la porte pour l'ouvrir. Il ne fit pas vraiment attention au secret qu'ils étaient censé garder devant leurs amis. Il ne chercha aucune stratégie, s'extirpant de la pièce au même moment que son ami. Les autres, trop occupés à s'amuser, n'avaient pas tant remarquer leur absence.

« Les gars, on rentre, on s'voit demain »

Raf' attrapa sa veste laissée sur le canapé.

« Déjà ? Vous êtes pas sérieux, vous allez faire quoi ? »

« Dormir » sourit le mexicain en enfilant une manche, se fichant pas mal des explications, mensonges ou subterfuges.

« Bande de papys, vous m'decevez ! »

Le ton était amusé, et de toute façon Rafael venait déjà de franchir la porte d'entrée en devinant être suivi par Khor. Leurs amis pourraient bien raconter n'importe quoi, ils trouveront une excuse une autre fois.

Sur le chemin vers l'appartement, plus près, de Raf', le silence était de mise. Chacun avait besoin de réfléchir, profitant de l'air frais du soir, afin de savoir trouver les mots et faire le point. Comme le calme avant la tempête, il n'y avait probablement ce désir partagé de se taire un peu, de respecter ce qui viendrait. Ils s'échangèrent une clope, uniquement.
Une fois dans le bâtiment, le tacheté referma la porte de son appart' derrière son invité puis il déposa ses clefs sur le comptoir de cuisine, qui se reliait au salon, avant d'ouvrir le frigo pour leur servir une bière.

« J'suis navré, pour tout ça... » dit-il enfin en lui tendant une bouteille.

Putain, il s'était préparer à dire ça durant tout le trajet. Ça avait été si compliqué à sortir au fond.
« Ce que j't'ai dit, ce que j'ai pu croire et aussi pour le fait qu'on ait jamais vraiment parlé avant. » Il haussa les épaules. « Durant tous ces mois, j'ai jamais voulu qu'on fasse le point. J'ai fait comme si ça m'allai. J'vais pas te la jouer gonzesse du genre on s'marie et on fait des enfants, juste... j'voudrais continuer et évoluer avec toi. »

Mal à l'aise, il ne savait pas comment expliquer à quel point ça le rassurait de le dire.

« Sans refaire les mêmes erreurs qu'avant... Si ça te dit. »

C'était direct et très certainement flippant, mais c'était mieux de le formuler de cette manière pour savoir ce qu'ils attendaient l'un de l'autre, que de se faire à nouveau du mal en se consommant encore, pour ensuite se faire ronger par la culpabilité et le manque.
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