L'information à la source [ Pv: McKnight ]

«McKnight j'écoute? »

La voix fit tilt dans ma tête et je reconnu immédiatement qui était à l'autre bout du combiné. Mon haussement de sourcils ne se voyait pas hélas au téléphone mais je ne parus pas plus étonné que cela. Après toute cette histoire qui ne semble pas en finir sur les clones et cette "résurrection" infernale d'assassins des années soixante-dix. Il était évident que bon nombre de mes... clients, appellent pour savoir ce qu'adviendrait de leur clone. Donc, bien évidemment, Nikita étant un de mes patients pour cela, il n'était pas étonnant de l'avoir au bout du fil.

«Sir Belinski... Je comprends votre désir de nous rencontrer. Pour parler clone, je suppose? Un café au coin de la rue conviendra. Quand? »

J'attendis une réponse calmement avant de le saluer et raccrocher. L'humilité m'a bien appris une chose primordiale : assumer, et les nombreuses erreurs que j'ai faites également. Je me levais de mon bureau, prévenais Lena et Gordon qui devra rester vigilent et à distance de tout ça tout en surveillant de loin la situation. Je me rendais au café au coin de la rue tranquillement pour attendre Nikita Belinski et avoir une discussion avec lui qui, je devais bien me douter, serait plus sérieuse que prévue. La politesse veut que l'on attende le rendez-vous avant de commander quoique ce soit. Alors c'est ce que je fis. Attendre le jeune homme en m'allumant une cigarette. Détendu et calme bien malgré l'animosité de certains regard ayant reconnu qui j'étais. Mais je m'en tamponnais sévèrement le coquillard. Le plus important actuellement était de savoir comment allait se dérouler cette conversation et si Nikita viendrait seul. J’en doute, même s’ils doivent tout de même surveiller de près. Alors c’est quand je vis arriver au bout de plusieurs minutes mon… client que je me redressais, posais la cigarette dans le cendrier et saluait de vive voix Nikita.

«Bonjour, Sir. »

Convenu du lieux le Raw raccrocha en jetant son téléphone plus loin. Il quitta le canapé du salon pour se diriger mécaniquement vers la grande armoire murale coulissante qu'il tira d'un geste de la main pour dévoiler une garde robe qui prenait l'espace d'un mur complet dont pas un seul t-shirt n'était mal plié. Une multitude de linge bien rangé et des piles soigneusement triées s'y étendaient. À l'image de cet appartement sans vie. Ses doigts trainèrent sur quelques couches, choisirent les tissus.

Une vingtaine de minutes plus plus tard le jeune homme apparut, les mains disparues dans les poches d'une veste en cuir, les cuisses dans un jean déchiré et une paire de baskets Nike lui donnaient l'air du plus banal jeune du coin de rue. Une tenue décontractée sans panache idéale pour avoir l'air du premier américain un peu stylé que l'on croiserait n'importe ou. Sans avoir précisé s'il avait été accompagné le jeune homme afficha un large sourire en posant les yeux sur McKnight à qui il tendit la main pour la serrer vivement.

— Privet McKnight. J'espère que vous allez bien, quel plaisir de vous revoir ! fit-il d'un sourire radieux.

Kendall devait être dans une situation déjà si embarrassante, les médias ne lui courraient-ils pas après ? Ses yeux remarquèrent la tension qui raidissaient légèrement les épaules de l'homme alors qu'il tirait une chaise pour s'assoir avec lui. Immédiatement ses doigts prirent la carte du menu pour le parcourir comme si le sujet de cette rencontre n'était qu'une banale affaire entre amis. Ses iris d'ardoise se tintèrent de plaisir alors qu'il soufflait.

— Qu'est-ce que vous prenez ? J'avoue ne pas avoir déjeuné, je crois que je vais prendre un ristreto.

Bien serré. C'était exactement ce dont il avait besoin. Quelque chose de court qui aille droit au but mais avec toute sa saveur. Comme ce rendez-vous express inconfortable qui n'avait d'intime que le mètre qui les séparait. Toutefois la politesse exigeait que l'on prenne le temps de mettre à l'aise son interlocuteur et Nikita n'aimait déjà pas les conversations trop formelles, un peu de chaleur humaine n'était jamais désagréable surtout lorsque nos intentions derrières n'avaient rien de bonnes. Urkas le lui avait si bien apprit.


— Vous ne suffoquez pas trop sous les accusations de cette histoire ?Hasarda-il en repoussant la carte du menu sur la table pour mieux croiser son regard, attendant que ce dernier engage la discussion de lui-même sans qu'il n'ai à lui sous-tirer des informations pour le rassurer. Après tout, c'était lui le client. Nikita n'avait pas envie de ternir cette journée éclairée par un soleil si clair d'un ton désobligeant. Tous les deux savaient très bien que le plus embarrassé entre eux était probablement Kendall même si sa propre situation n'avait rien à envier. Lui devait retrouver le fameux salopard qui avait tenté de s'en prendre aux siens et le faire parler. Échouer et le laisser en liberté n'était pas une possibilité.

Une poignée de main ferme comme je les appréciais, sans non plus broyer celle ce mon vis-à-vis. J’arborais un sourire franc à l’encontre de la salutation de mon client.

«Tout le plaisir est pour moi Nikita. Et oui, ça ne va pas trop mal, merci de vous en soucier, et vous-même ?»

Je me doutais fort bien que sa présence n’était pas hasardeuse. Quand bien même le jeune homme m’offrait un de ses plus beaux sourires, je n’étais pas dupe non plus. Après tout, il appartenait à un gang, bien malgré ses apparences de bon garçon il y avait quelque chose chez lui qui me laissait perplexe, méfiant. Je me réinstallais donc calmement à mon siège en reprenant ma cigarette entre les doigts pour la porter à mes lippes et prendre une taffe tout en expirant la fumée hors de ma bouche.

«Pour ma part ce sera un café crème.»

Je n’étais pas friand du café, donc il passerait mieux avec une pointe de lait pour adoucir son amertume. Quand le serveur arriva, il prit nos commandes et s’en retourna faire le nécessaire. J’étais calme, pour ainsi dire, et il allait de soi que la question était tout à fait légitime sur la situation actuelle. Cette histoire avait indubitablement bouleversée New-York, mais il était évident que l’on finirait par remettre la main sur les clones fugitifs. Après-tout, ils ne pouvaient pas quitter la ville. Alors ce serait comme remuer un énorme trou à rats. Même si ça relevait presque de trouver une aiguille dans une botte de foin. Et non, j’ai déjà essayé de les retrouver avec une puce que je place dans chacun de mes clones pour m’assurer de leur « bien être », chose que je n’ai trouvé nulle part si cela avait été mes clones.

«Pour être franc avec vous, la situation me désespère. Car cette histoire, il en va de soi que c’est pour me faire porter le chapeau sur toute cette affaire.»

Je lâchais un bref ricanement cynique sur cette situation déplorable en un bref mouvement du menton et des épaules. Baissant mon bras pour faire tomber la cendre de mon clope dans le cendrier et le remettais au bord des lèvres pour prendre une nouvelle taffe. Croisant une jambe sur sa voisine pour être un peu plus décontracté. Plantant mon regard d’azur dans les ardoises de mon client.

«Que je ne m’abuse, vous n’êtes pas là pour de simples formalités. Vous vous êtes retrouvé dans cette histoire contre votre gré, n’est-ce pas ? »

Je posais mon coude contre la table pour y prendre appui et, le clope fumant entre mes doigts, je me redressais doucement pour mettre ma tête au-dessus de la table.

«Il s’avère qu’un de mes patients dans ‘‘votre’’ clinique ai subi une attaque de leur part et… Je ne compte pas rester cloîtré à attendre qu’on vienne me jeter la pierre. Retrouver ces imposteurs est primordial pour moi. Je veux connaître la vérité.»

Nikita saura parfaitement de quoi je parle. Et je compte bien aller dans cette clinique pour aller m’occuper de mon patient et m’assurer de son état.
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Il avait été attiré dans les filets du funeste génie et le destin avait voulu qu'ils se croisent. Nikita savait que ce n'était pas pour rien. Le jour de leur rencontre il y avait eu ce quelque chose de muet qui s'était passé. Une connivence qui s'était faite dans le silence de leurs yeux.

Kendall McKnight devait être un homme solitaire par son succès et ses découvertes. Un esprit Scottish qui se devait toutefois d'avoir un minimum de moral malgré ses dérives. N'est-ce pas ? Il n'avait pas du penser à mal au moment où il avait décidé de jouer avec la vie. S'il doutait toujours de l'homme à la suite des récents évènement, il avait cette intime conviction au fond de lui. Le russe ne pourrait tolérer de s'être trompé à son sujet lorsqu'il avait décidé de trahir sa famille pour venir lui vendre son futur. Les doigts de celui qui porterait sa nouvelle vie ne devait être en aucun cas souillés. Il était venu confirmer ses intuitions malgré ses doutes.

Il croyait en sa bonne âme. Non pas immaculée, ni ange ni démon mais peut-être tout simplement humaine. Contrairement à lui qui avait déjà perdu la sienne. Ou du moins le croyait-il, et sa croyance voulait qu'il avait été attiré à lui pour y faire recueillir sa dernière volonté. Après le passage de commande il prit d'avantage ses aises, signe de confiance évidente en ses propres positions.

Toutes les accusations se tournaient vers lui, il est vrai. Tout voulait faire croire que cet homme se servait de ses propres créations comme d'un moyen de pouvoir. Il avait peut-être douté de lui, et de ses intentions, mais dans le fond, Kendall n'avait aucun intérêt à lui mentir.

— Hm… Da. Je ne vais pas vous mentirr si je suis là c'est que je suis mis dans une situation délicate. Voyez vous ça a touché ma famille et les russes ne sont jamais très ouverts à la discussion.

Kendall avait de la chance qu'il prenne les devants. Les paroles d'Urkas n'avaient rien eu à envier quant au sort qui pourrait lui être réservé. Toutefois, son oreille fut interpellée par ses dernières paroles. Il redressa le dos pour se rapprocher de son interlocuteur les sourcils froncés alors que le serveur déposait leurs commandes fumantes entre eux. Qui était son patient ? Ses yeux brulèrent tout à coup d'une curiosité bien plus intrusive et ses lèvres charnues se pincèrent. Il n'était pas sur de comprendre ou comprenait alors qu'il ignorait quelque chose sans doute par hésitation.

Aleksei était-il le patient de Kendall McKnight ? Aleksei… ou quelqu'un d'autre ? Anatoli ? Il avait cru comprendre que quelque chose lui avait échappé aussi lorsque les médecins avaient parlé de la rémission de Tkatchenko. Son trouble fut lisible quelques instants avant qu'il ne regagne un visage calme et impassible. Mais, peu importait dans le fond ce n'était pas pour ça qu'il était là.

— Nous voulons la même chose McKnight. C'est tout ce qui compte et si pour ça il faut s'allier, je serais de vetrre côté en échange des avancées et des informations que vous obtiendrez. Moi je pourrais vous apporter une protection utile aux vues de votrree position … délicate. Rrright ?

Pour obtenir ce que l'on voulait il fallait s'exposer à des risques. Risquer de faire confiance à la mauvaise personne et de pouvoir se faire écorcher. Chacun d'eux était aussi mal logé que l'autre, mais le russe était prêt à le faire. Tout comme il fermerait les yeux sur la hargne qu'éprouvaient les siens s'ils l'apprenaient. Nikita esquissa un sourire aiguisé et porta son café à ses lèvres en fermant les yeux.

Une belle alliance pouvait se dessiner sous ses yeux et la perspective de devoir travailler ensemble ne lui déplaisait guère.

Mon regard se fit plus sombre et s'élargit de manière surprise en réalisant que ces imposteurs et clones de pacotille avaient touché aussi les membres de gang, je réalisais soudainement que c'était encore plus dangereux pour moi désormais. Et nul doute qu'un de ces jours un type viendra me coller une balle entre les deux yeux pour se venger ou mettre fin au désastre. Sauf qu'ils ne savent pas que si je meurs, un autre pire que moi prendra ma place, et là, autant j'ai encore des valeurs et du respect pour certaines éthiques, autant l'autre n'en n'aura aucune.

«Je suis sincèrement navré pour votre famille. J'espère qu'il n'y a pas de morts à déplorer et si je peux vous être d'une quelconque utilité pour soigner des blessés je me tiens à votre disposition.»

Et j'étais sincère avec Nikita. Si je pouvais aider à quoi que ce soit je le ferais. Mon but n'étant pas de me les mettre à dos. Bien au contraire. Puis je n'avais aucune raison de lui mentir. Puis surtout, cela m'avait permis d'aborder le sujet sur mon patient. Chose qui sembla surprendre Nikita quand je citais mon patient. J'esquissais un léger mouvement de tête sur le côté tout en fronçant les sourcils. L'interrogeant du regard tandis que le serveur arriva pour déposer nos commandes. Et je levais les yeux sur lui pour le remercier avant qu'il ne parte pour rabaisser mes azures dans l'opale du blond platine en face de moi. Je me redressais un peu pour verser trois cuillères de sucre et les verser dans ma tasse puis touillais ensuite en y versant la crème. J'avais les yeux baissés sur ma tasse tout en écoutant le jeune homme. Lâchant un ricanement cynique. Un bref mouvement de balancier du chef pour revenir à sa position initiale et gardant ce sourire nerveux qui montrait tout l'intérêt et l'investissement que je montrais à Sir Belinski pour cette histoire. Mais je devais bien avouer qu'entendre son petit accent quand il semblait tendu ou en colère ne me laissait pas indifférent. Je relevais les yeux sur Nikita.

«Sachez que votre proposition est tentante. Et qu'en effet, je veux la même chose que vous. Mais même si vous me donnez une protection envers les autres, permettez-moi avec toute franchise que ma méfiance ne diminuera pas pour autant.»

Je portais ma tasse à mes lèvres mais arrêtais mon geste en continuant de fixer le jeune homme.

«Je veux la peau de ces salopards qui me font porter le chapeau et je suis prêt à vous donner les informations nécessaires si cela nous permet de les retrouver. Cependant il y a un autre problème dont j'aimerais vous faire part et je ne peux malheureusement pas le dire ici.»

J'espère qu'il ne verrai pas d'inconvénient pour que nous nous revoyons ou que l'on quitte les lieux après ce petit déjeuner pour en parler plus sérieusement.

«Que diriez-vous d'une promenade après cela ? »

Et je finissais par boire tranquillement mon café.

En effet il n'y avait pas eu de morts de son côté mais pour qu'un tel coup d'éclat atteigne jusqu'à l'un des leurs et loin d'être le plus faible… La situation était bien plus grave qu'elle ne voulait bien le montrer. S'ils parvenaient à mettre à mal un géant de son acabit, et si des innocents tels qu'Anatoli pouvaient y êtres mêlés l'étendu de l'évènement pouvait prendre des proportions démesurées. Tant que ses investisseurs courraient encore et ils étaient loin d'avoir remonté jusqu'à eux.

Dans un soubresaut de sourire le russe émit un rire qui se voulait chaleureux. Lui aussi se méfierait d'un mafieux venu lui proposer de l'aide. A sa place il serait largement devenu parano, voir pire.

— Vous serriez sot de baisser votre garde envers quiconque, surtout le premier venu proposer son aide. Je n'en ferais pas moins à votre place.

N'en restait pas moins que Kendall avait des informations à lui apprendre. Pour peu que ce dernier soit surveillé si elles étaient confidentielles, ces lieux n'étaient pas le meilleur endroit pour l'aborder. Mais… le médecin devait savoir que le rencontrer ici n'avait pas été sans danger pour le russe. S'afficher en public en sa compagnie pouvait compromettre son identité savamment préservée et dernièrement il avait du être obligé de la mettre en péril à plusieurs reprises. Non seulement aux yeux des médias si on découvrait ses racines, mais également auprès des siens qui n'étaient clairement pas du même avis concernant l'écossais.

— Je connais un endroit très tranquille pas trrop loin si jamais nous devions parler de choses plus… perrsonnelles Kendall.

Un éclat plus intime à la citation de son prénom, une syllabe plus appuyée, un regard plus aiguisé. Une invitation à lui faire confiance.

— Nous y serions bien, et pas imporrrtunés.

Il termina d'une traite son café, reposa délicatement sa tasse et sortit de sa poche quelques pièces qu'il déposa pour payer les deux cafés.

— Je vous invite, dearrr, my plaisir.

Il se redressa après un coup d'oeil autour de lui et prit le pas vers un coin de ville plutôt bien habité mais pas si peuplé aux côtés de l'homme. Bientôt les ruelles étouffantes du coeur de la ville s'effacèrent pour laisser place à une zone industrielle moderne en pleine expansion, où logeaient nombre d'entreprises dernier crie. Nikita s'arrêta au pied d'un bâtiment impressionnant pour tirer la porte et décocher un sourire amical à son invité. C'était d'ailleurs si grand que tous les locaux n'étaient pas occupés.

— Après vous.

À l'intérieur, ce dernier le mena jusqu'un ascenseur au sous-sol sans trop hasarder de paroles. Il se doutait que McKnight devait se poser des questions aux vues de cet étrange chemin. Il composa un code pour l'ouvrir et y entra pour monter les étages jusqu'au dernier mains dans les poches.

— Je sais, ça parait un peu exagéré mais… on est jamais trop protégé vous savez.

Étrangers ou membres de sa famille, aucun d'entre eux n'avait pénétré les lieux. Nikita avait jalousement préservé son cocon. C'était la première fois que Belinski invitait quelqu'un chez lui. Son fameux chez lui. Pas son faux appartement non, pas celui d'emprunt qui n'avait rien pour lui. Celui là n'était qu'une couverture à sa pauvre identité mais… Sa réelle demeure se trouvait tout en haut de cette tour, à un étage qu'il s'était réservé et Kendall put bientôt le découvrir alors qu'il arrivait devant d'épaisse porte que le russe découvrit au moyen de plusieurs systèmes complexes.

Quand les portes s'ouvrirent, elles laissèrent place à une vaste vue lumineuses donnant sur des baies vitrées et des murs d'un blanc éclatant. Les lieux étaient d'une modernité affligeante et d'une lumière éblouissante. Tout était à sa place et pas un seul objet ne faisait tâche, figé dans un tableau étonnant.

— Bienvenue chez moi ! Mettez-vous à l'aise je vous en prie.

Kendall était désormais dans l'antre du jeune homme et sa tanière semblait faite à son image : pure et vaste, comme s'il venait d'entrer dans un endroit empli d'une paix et d'un silence hors norme, angoissant pour d'autres.

En effet, il serait idiot de ma part de baisser ma garde envers quiconque. Autant dire aussi que je me suis fait rouler par mon propre psy dernièrement avec cette histoire de kidnapping de clones pour en faire lui-même dans son coin et me voler mon travail. Mais il semblerait que cet homme, bien que je lui accordais une certaine confiance, travaille pour quelqu'un d'autre. Et désormais je me méfie de tout et de tout le monde. Voilà désormais à quoi j'ai le droit à cause de tout ça. Des clones qu'on a fait dans mon dos et une responsabilité qu'on me met sur les épaules alors que ce ne sont pas mes créations. La proposition de Nikita me fit lever les yeux sur lui. Autant je ne douterais pas de ce lieu tranquille, autant je n'étais pas forcément à l'aise pour le suivre et risquer ma vie. Alors je le fixais silencieusement, analysant ses propos et surtout la sincérité de ces derniers. Soit... Il peut bien avoir quelque chose en tête mais il était seul. J'observais les gens derrière lui, semblant attendre que je parle, il allait de soi que j'étais surveillé et plus que de coutume. Des agents du FBI très probablement. Je baissais les yeux sur mon comparse, puis silencieusement je levais le menton en fermant les yeux et buvant mon café calmement pour le terminer. Je comptais payer mon café mais fus devancé par Sir Belinski. Soit, nous verrons bien ce qu'il en est.

«Je vous suis, Sir...»

Souplement, je me hissais de ma chaise et enfilais ma veste tout en jetant un regard calme vers Nikita, puis sur les autres tables. Certains regards appuyés sur ma personne, d'autre sur Nikita. Je me détournais pour suivre le jeune russe. Ne doutant pas des capacités de Gordon à se faire plus discret que jamais et si rapide qu'on ne le voit pas venir et d'éviter que toutes personnes ne nous suivent. Lorsque les rues du centre ville laissèrent place à un quartier industriel en expansion je ne fus pas plus détendu même si je n'en montrais rien. Mains dans les poches j'observais avec curiosité les lieux jusqu'à arriver sous le porche d'un immeuble. Baissant la tête vers Nikita qui m'invita à entrer. Je me glissais sur ses pas jusqu'à l'escalier qui détenait un code d'accès. Un sourcil relevé, je relevais un peu le menton pour avancer et monter les marches deux par deux.

«C'est tout à fait compréhensible...»

Moi-même avais des sécurités poussées à l'extrême dans ma propre entreprise. Et surtout, étant assez vieux jeu, j'avais fait installer des sécurités non numériques pour éviter certains piratages. Ce serait bien trop facile sinon avec toutes les technologies d'aujourd'hui. Alors la sécurité qui était installée dans le bâtiment pour l'accès à ce lieux tranquille pour Nikita me fit sourire légèrement.

«Nous sommes d'accord sur ce point.»

Légèrement essoufflé de mon ascension, je reprenais calmement mon souffle pour m'avancer dans l'appartement vaste et éclairé qui me rappellerait presque mon bureau à la Xenetica. Je me permis, avec l'invitation de sir Belinski, de m'ôter ma veste et l'accrocher à un porte manteau. M'avançant dans cette antre si vaste et pour le moins attrayante. Je me dirigeais vers la baie vitrée pour contempler la vue. Les mains dans le dos.

«Un endroit somme-toute plus tranquille en effet. Sans oreilles qui traînent je présume ?»

Je me tournais pour regarder Nikita avec un bref sourire franc. C'était agréable, apaisant. Doté d'une certaine harmonie.

«Allons droit au but, Nikita. Pensez-vous réellement que je sois capable de créer des clones pour détruire mon image avec des actes aussi abjectes que ce qui s'est passé récemment ?»

Je gardais les mains dans mon dos mais faisais désormais face à mon interlocuteur en le fixant droit dans les yeux pour lui montrer ma sincérité.

«J'ai fait bien des erreurs dans ma vie, mais jamais mon intention n'eut été de créer des psychopathes. Pourquoi je me fatiguerais à chercher le casier judiciaire de mes patients si c'eût été le cas ?»

En revanche je commençais à être inquiet pour l'un des clones en question. Alors ma contrariété se fit sentir lorsque je commença à faire les cent pas devant la baie vitré en prenant entre mes doigts la lèvre inférieure.

«Si vous me dites que même vos comparses ont été blessés... Puis-je savoir de qui il s'agit, et surtout si vous avez vu les agresseurs ? Je pourrais vous aider à les retrouver...»

Je m'arrêtais. Faisant de nouveau face au blond platine et le fixais en croisant les bras contre moi. La mine sombre et inquiète.

«J'ai envoyé une équipe à leur recherche, indépendamment de la police qui m'a littéralement écarté de l'enquête. Seulement je n'apprécie pas qu'on s'en prenne à mes patients, ou mes créations. Alors je suis tout autant impliqué que j'ai des responsabilités à prendre sur cette affaire. Mais le Raw n'est pas une entité que je veux me mettre à dos, et là n'est certainement pas mon intention. Quelqu'un veut me faire porter le chapeau et je finirais par trouver qui.»

Le russe opina.

— Ici personne ne pourra nous entendre. Tout est insonorisé et rien ne peut être installé pour enregistrer une conversation non plus.

Nikita se débarrassa de sa veste qu’il laissa tomber sur le dossier du canapé à angle faisant face à la baie vitrée puis y prit place tout écoutant attentivement Kendall. L’homme semblait préoccupé mais il n’avait pas encore craché le morceau. Le blond détailla le visage du scientifique, un bras étendu sur les coussins, les jambes croisées. Sa lèvre se releva légèrement quand il le vit lui faire face.

— Je pense beaucoup de choses McKnight.

Lui signifia-il sans le quitter des yeux à mesure qu’il parlait.

— La vie m’a apprise que n’importe quel visage peut abriter un monstre, vous n’avez qu’à regarder le mien Kendall, alors ne me demandez pas de vous innocenter. Je n’ai que mon intuition pour me guider aujourd’hui. C’est pile ou face de choisir de croire la bonne ou la mauvaise personne.

Nikita n’avait aucun mal à imaginer trente six raisons à ce scientifique de perdre le contrôle de ses créations. La soif de pouvoir, un désir narcissique, vendre ses projets pour gagner d’avantage d’argent, ou une quelconque autre motivation aurait pu l’y pousser. La corruption était plus courante que l’honnêteté dans ce monde qui fonctionnait malheureusement comme ça.

— Quel homme n’est pas attiré par le pouvoir ? Il suffirait d’une tentation de trop pour pervertir la création de celui qui la voulait la plus pure pour la transformer en un objet de puissance. C’est ce qui se passe n’est-ce pas ? Dois-je vraiment chercher à savoir vos motivations ?

Le blond le fixa à la naissance d’une tension silencieuse dans l’appartement. Il glissa lentement sa main dans son habit sans le lâcher du regard pour venir chercher son shadow qu’il posa sur la table de verre sous ses yeux. Puis il se releva pour approcher de son autre afin de créer avec lui une proximité.

— Je veux croirre que vous n’êtes pas cet homme et je m’engage sur une pente dangereuse. Je serais déçu, sincèrrement déçu de m’êtrrre trompé sur vous Kendall. Je vais donc me contenter de penser que vous êtes digne d’une âme Scottish, engagé par un honneurrr à toute épreuve !

Un sourire tendu arqua ses lèvres et ses yeux pales devinrent inquisiteurs dans les siens. Ken devait comprendre les risques qu’il prenait pour lui et qu’il serait amené à prendre encore. Il lui fallait des garanties ou au moins…

— Avant de vous répondre j’aimerrrais que vous m’expliquiez ce que vous ne pouviez me révéler plus tôt.

Une garantie. Partager des noms n’était jamais gratuit. Il lui fallait une preuve de sa bonne fois, une dernière. Il n’était pas prêt à mettre en danger ses Brat en commettant une erreur de débutant. Cet « ascendant » de façade il était bien obligé de le faire planer sur l’autre blond qui restait tout de même un étranger. Se baser sur uniquement sur des suppositions hasardeuses, un instinct aussi aiguisé soit-il ne composaient pas une preuve suffisante pour se lancer aveuglement. À moins de passer pour une assurance en ses propres capacités bien trop arrogante.

— Je n’ai pas le droit de me tromper à votre sujet vous comprrenez ? J’ai besoin d’une confiance absolue. J’ai suffisamment d’ennemis pour avoirrr besoin de douter d’un autre de mes alliés. Je n’ai pas de temps à perrdre sur ses suspicions à votrre égard.

Nikita lui tourna le dos pour s’éclipser quelques secondes le temps d’aller chercher depuis l’un de ses coffres un dossier et plusieurs objets. Lorsqu’il revint il les posa sur la table du salon, juste à côté de son arme. Il en profita pour se rassoir en croisant ses mains sur ses genoux.

— Ça se sont les prreuves j’ai en ma possession récupérées depuis l’incident.

Et il était prêt à les partager.

Je m’arrêtais pour fixer Nikita droit dans les yeux. Je le sondais, analysais ses propos comme son attitude actuelle et son visage. Un monstre se cache en n’importe qui. Probablement vrai. En ce qui me concerne ce n’est pas un monstre qui se terre en moi. Mais je lâchais un soupire las en détournant le regard sur la pièce pour revenir sur le blond. Finalement je m’avançais en baissant les bras pour venir m’installer sur le canapé. M’arrêtant une nouvelle fois dans mon élan sur les propos de Nikita.

«Je laisse le pouvoir aux politiciens, ceux que je créé en labo me suffisent amplement. Et je suis peut être un opportuniste, Sir Belinski, mais certainement pas un criminel.»

Je baissais les yeux sur l’arme qu’il déposa sur la table basse très calmement en fronçant légèrement les sourcils. Me demandant soudainement s’il comptait réellement l’utiliser à un moment donné. Mon regard se relevant pour fixer le visage de Nikita qui se relevait pour se rapprocher de moi. Il allait de soi que le jeune homme prenait des risques pour moi et je n’en doutais aucunement. Moi aussi je prenais des risques à lui donner ma confiance car, après ce qu’il venait de me dire je n’étais pas certain de toute les garanties que je pourrais avoir avec lui et pourtant, je me voyais presque dans l’obligation de collaborer avec lui. Oui, j’ai l’âme Scottish et oui, je suis quelqu’un de loyal, mais probablement pas aux personnes que l’on pense.

«Je sais ce que je vaux, Sir, et quoi que vous pouvez penser je ne suis pas votre ennemi. Je veux mettre la main sur ces fichus imposteurs et leur faire payer autant que vous.»

Je tentais d’être calme, mais mon sérieux se voyait bien trop sur mon visage et dans mon regard, tandis que je continuais de soutenir le regard de Nikita. Par réflexe inconscient, mon index gauche s’agitait contre ma cuisse dans le but de faire passer la tension qu’il y avait en moi, entre nous. J’esquissais un mouvement du chef quand il voulut l’explication que je ne pouvais lui donner sur la terrasse. Je me contentais de m’éloigner de sa proximité en faisant le tour pour me caler légèrement contre le dossier du canapé.

«Je comprends parfaitement les risques que vous prenez à me faire confiance plus que vos bratiya et je ne peux pas vous dire d’avoir une confiance aveugle en ma personne. Et comprenez bien que c’est pareil pour moi…»

Je l’observais disparaître de mon champ de vision pour revenir et déposer un dossier sur la table près de l’arme à feu. Relevant le regard sur lui, la bouche entrouverte quand je compris que c’était un dossier d’enquête de police. Je fronçais les sourcils légèrement avant de me redresser.

«Ce que je vais vous révéler est strictement confidentiel, j’espère sincèrement que je ne ferais pas l’erreur de vous en parler alors que jusqu’à maintenant personne n’est au courant de cette histoire. Et malheureusement, je suis bien plus impliqué dans cette affaire que je ne devrais à cause de ça.»

Je finis par m’asseoir à un coin du canapé et lui faisais signe d’en faire autant. Je dois forcément commencer par le début de l’histoire pour qu’il comprenne.

«Il y a cinq ans, j’ai créé l’un des premiers clones militaires qui aurait dû être un succès, seulement son mental n’a pas suivi pour la tâche qu’on lui incombait et ce fut là un échec total. Le clone a fait énormément de victimes et a bien failli me tuer à l’époque. Et j’ai fait la monumentale erreur de le garder en chambre cryogénisée jusqu’à aujourd’hui. Seulement, le matin de l’apparition du bus étrange devant le commissariat, j’apprends qu’il a été sorti de sa cryocell. Et ça, j’ignore comment c’est arrivé. Seulement j'ai bien l’impression qu’il s’est impliqué dans ces histoires d’enlèvement.»

Je serrais les poings entre mes jambes, coudes appuyés sur mes genoux. J’avais la mine sombre rien que d’y penser et mon regard se releva, déterminé et plus menaçant encore, à l’encontre de ce que je vais finir par dire et devoir faire.

«Je ne ferais pas deux fois la même erreur, cette fois-ci il devra mourir. C’est la raison pour laquelle mon équipe fouille les rues discrètement dans le but de mettre la main dessus. C’est un homme de taille massive, grand, musclé, brun, aux yeux perçant et semblables à ceux d’un animal enragé. Je veux savoir si vous y avez été confronté Sir Belinski et si c’est lui qui a blessé vos semblables. Si c’est le cas, il est de mon devoir de vous aider et libre à vous de lui faire la peau si c’est votre volonté de le faire. Je veux simplement m’assurer qu’il ne causera plus d’ennuis.»

Quant aux preuves de la police, je préférais ne pas y toucher et laisser Nikita le faire si tant est qu’il le veuille. Mais, il n’a probablement pas déplacé ce dossier et me le présenter pour rien. Je me redressais et regardais le jeune homme avec un air déterminé. En espérant qu’il comprenne que si je suis impliqué, c’est seulement pour ce clone-ci et pas un autre.

«Je suis moi-même en train de chercher la faille dans mon entreprise et je trouverais celui qui a bien pu laisser ce… clone s’échapper. Mais s’il s’est allié aux autres, j’ai bien peur qu’il ne faille prendre des mesures pour retrouver l’entité qui a fomenté tout cela et la livrer aux autorités.»

Un long silence suivit les révélations de son invité. Nikita plissa le regard, assimilant les informations qui venaient de lui être livrées. Cette fois, il avait eu les preuves qu'il voulait. Il était certain de sa bonne décision. Il avait fait la bonne chose en l’invitant а pénétrer son cercle d'intimité. Kendall venait de lui délivrer de véritables informations et il s'était exposé а son tour, suffisamment pour que le russe décide de lui venir en aide. Il ne ferait plus marche arrière mais s'appliquerait а couvrir ses arrières tel qu'il lui avait promis. Pour cela il devrait parler avec Urkas. Intercéder en sa faveur. Chose possible car le chef savait qu'il pouvait faire confiance а son jugement et sa foi. Voyant la nervosité de l'homme il sortit un paquet de cigarettes pour lui en proposer s'il le souhaitait, s'en callant une au coin de lèvre. Après avoir redressé le dos il se pencha en avant pour le dévisager.

— Da. Votre description coincide avec l'homme auquel nous avons eu affaire avec Aleksei. C'est lui qui a été capable de le mettre dans un tel état. Votrre.... patient. Une autre de mes connaissances a été touchée, Anatoli Tkachenko civile. Peut-être le connaissez-vous lui aussi ?


Nikita refusait d'imaginer l'implication de nouvelles personnes dans cette affaire, savoir ces deux personnes touchées lui était amplement suffisant sans parler des vraies victimes dénombrées. Plongé dans le silence des révélations il se perdit dans ses pensées un long instant. L'homme avait fait une belle erreur en conservant ce clone mais il était trop tard pour y songer, maintenant qu'il fallait rattraper le clone en question. On ne jouait pas impunément avec la vie... qui pouvait prédire ce qui passait par un esprit humain et encore mieux le contrôler. Nikita ne voulait pas imaginer ce que devait faire le docteur Kendall dans son laboratoire. Jouer avec la vie et la mort c'était devenir un presque dieu et être capable du meilleur comme du pire. Quel poids devait-il peser sur ses épaules à l'heure ou ses lèvres pincées appréhendaient les paroles qu'elles lui livraient. Il pressa le zippot du briquet et s'alluma la cigarette entre ses lèvres.

— Nous devons remonter la piste du clone et celle de celui qui tire les ficelles de cette affaire ensemble. Il est notre meilleure chance. Je vous garantis une couverture maximale, vous continuez vos recherches et moi les miennes de mon côté avec mes contacts. Pour ce qui est des preuves que je possède lа, la plupart ne donnent que des informations sur le mode opératoire qui a été utilisé lors de l’évènement. Toutes ces feuilles les détaillent et j'ai en ma possession un pseudo profil du tueur que la police a établie mais elle ne donne pas grande idée de la personne qui se cache derrière depuis la scène de disparition jusqu'aux détails sordides et joueurs du coupable. Peut-être cela vous sera plus utile qu'à moi qui ne connait pas aussi bien vos créations.. tenez, gardez ce dossier pour vous.

Le russe poussa le dossier dans sa direction, une copie de l'original qu'il maintenait soigneusement en sa possession. Il laissa le médecin l'étudier s'il le souhaitait les yeux plissés. Ils devraient se voir régulièrement, à l'abri des regards indiscrets, et il réfléchissait déjà à la façon de communiquer sans être surveillés.

— Nous devrons êtrrre discrrets et habiles McKnight, vous êtes ma meilleure source d'information, quand vous le pourrez je vous demanderais un dossier détaillé du clone pour le donner à mes hommes ça optimisera la recherrrche.

Il libéra un jet de fumée d'entre ses lippes, concentré. Sa patience payait, ses recherches avançaient. Et le voilà qui était satisfait. Un instant de répit dans son océan de doutes et de bonnes nouvelles.

Alekseï… A l’entente de son nom, je comprenais aisément que le géant Russe à qui j’avais déjà eu affaire lorsque je leurs ai fourni Nidhogg n’était pas du genre tendre, mais je savais qu’il était aussi coriace. Et savoir qu’ils se sont, Nikita et lui confrontés à Delling laissait sous-entendre que celui qui n’en n’était pas ressorti indemne était le russe. Je hochais la tête pour remercier la proposition d’une cigarette qui était la bienvenue à l’heure actuelle de la part de Nikita. Récupérant le clope.

«Chertovky layno !» Jurais-je en ukrainien. «Je suis désolé pour Sir Rasnikov. Et je comprends désormais pourquoi retrouver ce clone vous tienne tant à cœur…» Cependant je laissais un blanc. Tkachenko également avait été confronté à toute cette mascarade et je supportais difficilement l’idée. Mon regard s’était assombrit et je serrais le poing droit, mes index et majeur gauche s’agitant frénétiquement sur ma cuisse. Pas de stresse, non, plutôt d’agacement, de colère à l’encontre de Delling, et déterminé sérieusement à mettre fin à ses jours. Je laissais planer encore un peu le silence dans l’atmosphère, mais mon regard me trahissait fatalement. «Je ne vais pas vous cacher qu’il est le fameux patient que je suis allé voir dans la clinique où il a été pris en charge et pour qui je retrouverais les coupables de cette folie.»

Je portais la cigarette à mes lippes et récupérer le briquet lorsque l’autre blond eut fini d’allumer sa cibiche pour en faire de même avec la mienne. Une bonne taffe de nicotine pour asphyxier un peu plus mes poumons déjà meurtris par les toxines de cette saleté. Je posais le briquet sur la table basse et écoutais Nikita tout en faisant les cent pas face à lui. J’étais mieux à réfléchir debout de toute manière.

«Je ferais en sorte de vous aider à élucider cette affaire et à retrouver le clone. J’ai déjà commencé à prendre mes dispositions à ce sujet, et je tente d’aider également les forces de l’ordre à retrouver les criminels. Donc, nous nous doutons bien que notre collaboration devra se faire discrète. De plus, je tente de savoir de mon côté qui, pourrait être amené à créer des clones comme je le fais pour les lâcher dans la nature. Il y a forcément quelqu’un d’autre qui tire les ficèles et qui veut m’écarter en me mettant des bâtons dans les roues.»

Je m’arrêtais, regardais le dossier que le jeune russe poussa dans ma direction et le récupérais pour regarder plus en détail ce qui était décrit, en plus des photos prises lors de l’événement, et après le sauvetage de certains kidnappés. Le clope au bec, je bougeais dans la pièce tout en lisant le dossier entre mes mains, laissant échapper la fumée de ma cigarette à travers mes naseaux. Je redressais la tête pour le regarder, un peu plus calme.

«Pour ce qui est des informations que je pourrais vous fournir, comment procède-t-on ? Ou voulez-vous que l’on se revoie, dans combien de temps, ou par quel procédé ? Si nous devons rester discret, nous voir ensemble serait problématique, je me trompe ? Mettons-nous d’accord dès maintenant, vous approcher de ma société serait risqué. En revanche, j’ai peut-être un moyen discret de parvenir à nous transmettre des informations…»

J’avais des personnes de confiance, mais surtout, je pouvais aisément faire livrer des choses avec des données cryptés à Nikita d’une certaine manière.

«Aimez-vous les animaux, Nikita ? Et, si c’est le cas, quel genre d’animal aimeriez-vous obtenir ?»

Lui faire parvenir un animal cloné, doué d’intelligence comme Grumpy, mon ourson était tout à fait faisable, si bien qu’il serait à la fois fidèle à moi mais à Nikita et ferait parvenir plus discrètement nos communications. Sinon, je trouverais un autre moyen de faire les choses.