Russian rhapsodie

Les yeux fermés, Anatoli savourait le moment. L’eau chaude coulait sur son corps nu depuis plus de vingt minutes sans refroidir un seul instant. Il s’agissait d’un luxe que le jeune homme ne connaissait pas dans son appartement. Même le shampoing mis à sa disposition respirait la richesse. Le mécanicien était loin de son gel douche Old Spice. Selon son hôte, il méritait le meilleur et lui interdit d’utiliser un shampoing de pharmacie. À quoi, Anatoli éclata de rire. Pour moins de cinq dollars, son gel douche en rabais lui permettait de laver et ses cheveux et son corps. Et il ne devait pas lire l’étiquette de chaque bouteille pour comprendre l’utilité de celle-ci.

« Anatoli, nous devons bientôt partir » Une voix masculine, grave et teintée de patience s’éleva derrière la porte.

À son grand regret, Anatoli ferma l’eau pour attraper une serviette. Il se sécha rapidement, puis noua la serviette autour de sa taille avant de sortir de la salle de bain. Un homme l’attendait au pied du lit, une housse entre les mains. Le mécano sentit le regard de son hôte sur sa peau, ce qui provoqua un moment de gêne. Il massa timidement sa nuque après quoi, il désigna la housse.

« J’ai déjà un complet. »
« Tu ne peux y aller avec celui acheté pour l’enterrement de Maksym. Non » Il leva un doigt pour obliger le silence à Anatoli. « Tu me ferais énormément plaisir si tu portais celui-ci. »

Le père de famille s’avoua vaincu, s’avança et attrapa la housse des mains de l’homme. Anatoli retourna dans la salle de bain pour se changer et en ressorti tout de noir vêtu. L’habit suivait parfaitement les lignes de son corps, taillé à la perfection. Tout expert reconnaîtrait la qualité du travail. Pour le mécano, il s’agissait d’une autre pièce de vêtement.

« Je dois vraiment porter ça ? » Le ça était un nœud papillon défait.
L’autre rigola tout en lui faisant signe de s’approcher.
« Oui. Nous allons dans une soirée très importante.»
« J’comprends toujours pas pourquoi vous m’avez invité. On se connait même pas. »
« Ne dit pas de bêtise. Je ne t’ai pas oublié, même après toutes ces années. Un adolescent perdu dans New-York à la recherche de son frère. J’ai gardé un œil sur toi. Je pensais que cette invitation te ferait plaisir. Tu as connu une année difficile et tu as besoin de décompresser à l’occasion. » L’homme termina la boucle puis se leva. « C’est l’heure d’y aller. »

Quelques peu contre son gré, Anatoli suivit son hôte jusqu’à l’ascenseur. Il ne voulait pas le décevoir, mais le jeune homme doutait du bienfondé de l’invitation. Il n’avait réussi à la refuser la veille et tout s’enchaîna sans qu’il ne comprenne exactement le pourquoi du comment. Et alors qu’il reprenait courage, la porte de l’ascenseur s’ouvrit.

« Holy shit »

Devant lui s’étalait une scène digne d’un film de James Bond. Des artistes de cirque virevoltaient au-dessus des tables de casino. Des femmes en robe de soirée et des hommes en habit discutaient le verre à la main.
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Nikita Belinski
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SAM 24 NOV - 0:15Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Souffle de cristal et caresse de luxe au diapason, ce soir les verres tintent, les sourires charmeurs se séduisent tandis que les silhouettes racées se jaugent et s’évaluent autour d’un verre. La soirée est luxueuse et son prix onéreux, aussi bien que les vins proposés, et les canapés disposés sur des nappes de soie. La silhouette soignée, les cheveux tirés sur les côtés, la rai tracée Nikita n’avait pas fait exception et avait fait un effort vestimentaire. En s’habillant il avait délaissé ses habits sans forme aux placards de sa luxueuse résidence. Un peu mais pas de trop, juste assez pour ne pas trop détoner, de quoi laisser passer quelques mèches non lustrées. Pas assez pour avoir l’air au niveau des autres, mais pas assez laid pour ne pas se faire remarquer avec ses yeux d’ardoise et ses lèvres pleines. La chemise rentrée, le pantalon près le corps et les chaussures de cuir, quelques chevalières et une chainette discrète cachant un médaillon pendu à son cou, disparu sous le col de sa chemise soigneusement boutonné.

Beau, sophistiqué mais pas trop apprêté il pouvait désormais se fondre dans l’amas d’hommes de business, de femmes aux lèvres trop pleines et aux décolletés refaits. Beau et désintéressé, discret et pas exposé. Ses yeux suivaient une silhouette en particulier. En vérité il n’était là que pour elle, pour épier ses moindres mouvements, pour scanner les visages avec lesquels il échangeait. Il suivait son ombre pour chercher des informations à son sujet.

Un Squall. Ce gang de merde qu’il détestait tellement, ceux là même qui les contrariaient dans leurs plans. Lui, Urkas et les siens. Ils contrôlaient plus que la ville avec l’influence qu’ils avaient. On ne les voyait pas mais il fallait dire que leur sphère était toute autre, elle jouait dans les relations, obligeant le charme et la vente d’atours hors de portée du commun des mortels. Nikita en suivait la piste, bien décidé à se faire maitre de ses filons qu’il n’avait pour habitude de manier. Petit à petit il escomptait bien devenir lui aussi, un pro sur ce terrain dont il ne connaissait finalement que très peu de choses malgré les enseignements d’Urkas qui s’était appliqué à faire de lui un homme plus complet. Ses yeux roulèrent sur quelques hommes, repérèrent le Squall impeccable et propre sur lui. Son visage se pencha et il cala sa cigarette au coin de ses lèvres.

Il ne devait pas le rater. Jamais l’ennemi ne l’avait vu mais il devait trouver tôt ou tard ce soir un moyen de l’aborder. Une façon ou une autre de pouvoir furtivement échanger avec. En attendant pour ne pas éveiller sa méfiance le russe se permit un instant de suspend en consommant son tube de tabac, concentré sur les futurs actions qu’il allait étaler tout du long de la soirée.

Il n’avait prit aucun Brat avec lui, seul Urkas savait sa présence ici, il avait au passage validé sa tenue une dernière fois avant qu’il ne le quitte pour trouver le très sélect bâtiment où la fête prenait place.

Ce soir ils parleraient argent et personne ne serait totalement là pour le jeu sinon que les affaires même qui se tramaient derrière cet élégant tableau. Et lui, lui jouerait parfaitement son rôle. Aussi bientôt il s’avançait vers un premier groupe de discussion prêt à faire ses jeux ce soir. Sa main se tendit vers le premier d’entre eux, amicale et son regard s’ancra dans celui de l’étranger.

—Côle Karsten enchanté fit-il à son vis-à-vis.

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MAR 4 DÉC - 7:35Répondre en citant Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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La bouche grande ouverte, Anatoli observait ce spectacle luxueux. Ses yeux passaient d’une zone à l’autre sans entrapercevoir une once de pauvreté. Du jamais vu pour le mécanicien. Et il restait là, sans bouger, trop émerveillé pour descendre la volée de marche vers l’espace centrale. Alors qu’il contemplait l’une des acrobates pirouetter dans ses rubans, une main se posa sous son menton pour refermer tendrement sa bouche béante. Une lueur amusée dans le regard, Ilya lui sourit et se pencha à son oreille.

« Tu aimes ce que tu vois ? »
« Dermo m’sieur, j’dois rêver. C’est trop un truc de fou pour que ce soit la réalité. »

Ce à quoi l’homme éclata de rire, attirant du même coup l’attention sur eux. D’une main au creux du dos, Ana fut inviter à s’avancer. Ils errèrent dans la foule, coupe à la main, à la rencontre d’homme et de femmes parés comme des rois. À chacune des rencontres, le jeune homme peinait à rester concentrer sur la discussion, préférant admirer le spectacle aérien. Ainsi, il ne remarqua pas les nombreux regards qui le détaillèrent. Inconscient de la commotion qu’il créait, le père de famille détonnait par la naïveté qu’il dégageait.

De son côté, Ilya se délectait de la situation. Amusé, il révélait à demi-mot son lien avec le jeune homme à ses côtés afin entretenir le mystère entourant son compagnon. Une main sur son épaule, un murmure à son oreille, un coup d’œil prolongé, le Raw folâtrait allègrement au détriment de l’assistance. Il marquait son territoire sans réalisation du principal intéressé. Et alors qu’il était en discussion avec une femme d’un certain âge, Ilya le vit : Nikita Belinski. Ses yeux le suivirent tel un rapace scrutant sa proie. Le Raw s’excusa auprès de la femme avant de l’abandonner à son triste sort. Toujours accompagné d’Anatoli, il s’avança dans la masse vers son nouvel objectif. Au passage, il attrapa une nouvelle coupe et une énième pour son compagnon. Finalement, il s’arrêta aux côtés d’un groupe bien particulier.

« Bonsoir Liam ! » Ilya présenta sa main au dénommé Liam.
« Valentin ! »

Quoi ?! Valentin ? Anatoli observa Ilya.

« Je ne sais pas si tu connais ce charmant jeune homme. Valentin, voici Côle Karsten. » Liam reprit en désignant l’homme qui l’accompagnait.

Le mécanicien s’étouffa avec sa gorgée lorsque son regard se posa sur un individu qu’il connaissait depuis de nombreuses années sous un autre nom. Surpris, il dévisagea son meilleur ami alors qu’Ilya lui serrait la main.
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MER 30 JAN - 0:33Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Tout semblait se dérouler comme prévu, Nikita échangeait paisiblement avec l’inconnu jovial et prompt à l’aider durant la soirée. Il était suffisamment ouvert d’esprit et sans doute trop sincère pour se douter de ce qui pourrait se passer. Et alors qu’ils allaient en direction d’une table une silhouette les arrêta sur le chemin. Nikita rencontra un regard froid et vicieux qu’il ne connaissait que trop bien. Lui et sa froide présence lui arrachèrent un frisson. Il ne lui en fallut pas plus pour deviner à la lueur de ses yeux, pleine de défiance pour savoir que rien n’était totalement un hasard.

Ilya.

Ilya et sa froide stature dans son costume fichtrement parfait, dont pas un pli ne venait froisser le tableau. L’air toujours aussi propre et sophistiqué. La surprise ne marqua pas ses traits mais son regard se plissa au contraire alors qu’il devinait aisément les raisons qui avaient poussé l’homme à venir. À la lueur de ses yeux il n’en doutait plus.

Une simple et bonne raison que celle même de lui mettre des bâtons dans les roues. Suffisante pour justifier n’importe laquelle de ses actions du moment qu’il le talonnait. Il ne lui donnait jamais assez d’espace et venait toujours fourrer son nez là ou il ne fallait pas à défaut d’être resté auprès du chef. Quand Liam le présenta, Nikita tira un sourire des plus faux.

— Enchanté, Valentin. fit-il sur un ton enjoué, tinté d’un miel de bienveillance faussé tandis qu’ils échangeaient une poignée de main.

Sa voix appuya le prénom de l’homme. Toutefois c’est un autre visage à ses côtés qui attira enfin son attention, une silhouette qui venait de recracher la moitié de son verre. Ses yeux se peignèrent de surprise.

— Anatoli ?

Lui que venait-il faire ici ? Oh, ses yeux devinèrent en deux secondes la situation. Ils alternèrent entre les deux individus. C’était Ilya qui l’avait ramené ici, mais pourquoi avait-il fait cela ? Anatoli était aux antipodes d’une telle soirée, en témoignait encore son visage juvénile si surprit. Il avait sans doute invité le jeune homme pour souligner sa présence à ses yeux. Jamais Ana n’aurait eu les moyens de se payer un tel habit ni de venir ici… Ilya l’avait fait pour lui faire comprendre qu’il n’était pas à sous estimer et il avait raison. Nikita sentit un brin de colère naitre dans son torse quand il sentit le regard fier de l’autre Raw. Il avait eu ce qu’il voulait : une réaction.

— Vous vous connaissez ? Demanda Liam, qui sans être méfiant n’en était pas stupide.

Nikita tourna le visage vers Anatoli.

— Vaguement.

Quel beau mensonge. Ils se connaissaient si bien. Mieux que tous les autres de la pièce. Il n’en croyait pas ses yeux de voir Anatoli dans ce costume hors de prix. Il dénotait tellement d’avec le reste de l’assemblée mais surtout, Nik n’appréciait pas qu’il soit aux côtés d’Ilya. Parce que ça signifiait forcément quelque chose. Mais Anatoli ne pouvait pas savoir que sous le regard satisfait de l’autre Raw demeurait bien d’autres pensées.

Il espérait que ce dernier allait comprendre que s’il venait de mentir c’était pour une raison fondée et non pas pour son plaisir, après tout ils se connaissaient et Nikita ne lui mentait qu’en cas de besoin.

— Nous nous sommes déjà croisés en dehors de cette soirée. Nous allions justement nous diriger vers des tables de jeux, vous devriez vous y joindre.

Nikita ne devait pas perdre de vue ses objectifs pour autant même si la présence de son ami l’inquiétait au moins autant que celle d’Ilya.

Avec cette attitude mielleuse et faussement bienveillante du plus vieux Nik' sentait sa bile lui remonter la trachée. La délicatesse de son geste n’avait aucune justesse, pas une once de sincérité. Ses doigts trainant n’étaient là que pour mieux souligner sa proximité avec Anatoli dont le regard hébété et bientôt colérique le fixait. Nikita sentit sa poitrine se froisser sous son regard. Son ami pensait qu’il était entrain de le trahir, crédule et influençable entre les doigts d’un rapace bien plus cruel que lui. Il lisait dans son regard comme dans un livre ouvert. Ses yeux se glacèrent instantanément sur la prise qui s’accaparait son ami. C’était exactement la raison pour laquelle Ilya se servait de son ami sous son nez, il exploitait sa faiblesse primaire. Sa crédulité. Il savait que du moment ou cette main trainait sur lui, que son influence persisterait tel un parasite. Nikita ne pourrait trahir sa couverture pour Anatoli qui venait pourtant de le mettre dans une situation bien peu confortable.

Et d’ailleurs, à quel point étaient-ils proches tous les deux ? Il n’avait jamais suspecté que ces deux là se connaissaient au point de passer une soirée ensemble. Et cette pensée l’angoissait. A son plus grand damn ceci lui avait échappé bien plus que de raison.

Alors il n’aurait plus qu’à endurer ce moment, à supporter le pénible de la situation et à essuyer le futur éclat colérique de son ami qui ne comprenait pas pourquoi il était là, pourquoi il était vêtu comme ça et encore moins entrain de jouer à être un autre. Ses lèvres retinrent un frémissement d’irritation et le russe maintint son feux sourire plaqué aux lèvres.

Il ne donnerait pas une seule miette capable de régaler Ilya. Quitte à devoir sacrifier un peu de son amitié avec Anatoli. Il saurait regagner sa confiance plus tard, quand ils seraient en tête à tête. Ce Nikita qu’Ana connaissait n’était pas de la partie ce soir. Il ne viendrait pas s’excuser sous ses airs enjôleurs pour se faire pardonner en disant « j’espère que tu comprends » après quelques pauvres explications pour le convaincre. Le jeune Raw n’avait ni ce temps, ni cette permission. Aussi quand Liam emporta Anatoli plus loin Nikita redressa la nuque pour faire face à Ilya.

— Drôle de coïncidence qu’on se retrouve à la même soirée, « Brat ». On t’y a invité ?

Son regard s’aiguisa alors qu’il s ‘approchait pour lui faire face, l’air plus sombre, sauf qu’au moment ou il allait encore approfondir ses propos il entendit la voix de Liam l’appeler. Son visage se détourna pour qu’il rejoigne les deux autres, impassible. Si Ilya contrariait ses plans il lui ferait comprendre de façon bien amère qu’il n’avait pas à interférer dans ses affaires aussi il vint à leur hauteur pour dévisager Anatoli et Ilya forcé de ne pas porter trop d’attention à la situation. Il tenta de les détourner du sujet de conversation lorsqu’ils arrivèrent à table.

— Da je suis sur que vous avez beaucoup à apprendre l’un de l’autre appuya-il en leur lançant un regard lourd de reproches. Mais ça ne seraient pas les seuls à avoir beaucoup à parler il devrait s'occuper d'Ana. Nik' posa ses jetons sur la table et prit place sur un siège, distrait par l’arrivée de nouveaux convives.

Il guettait l’arrivée de Koven Black. Son gros poisson. Liam n’était qu’un prétexte utile pour se rapprocher de ce dernier. Une pièce dans son échiquier désormais entaché par l’ombre des deux autres. Il reposa les yeux sur Anatoli. Est-ce que ce dernier tiendrait la soirée sans lui tomber dessus ? Sans craquer devant ce mauvais rêve qui devait lui ronger l’esprit à l’heure ou ils allaient entamer les jeux ? Ou au contraire est-ce qu’il saurait se tenir ?
Il avait un mauvais pressentiment.

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JEU 14 FÉV - 1:57Répondre en citant Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Contrairement à son habitude, Ana s’emmura dans un silence lourd, ruminant sa colère. Pour qui le connaissait, ce mutisme volontaire ne présageait rien de bon. Volubile, espiègle et insolent, il avait toujours quelque chose à dire. Trop souvent, il exprimait la parole de trop sans même le percevoir. Et ce, au plus grand dam de ses amis. Peu savait que ce jeune homme maladroit, mais jovial était le fruit d’années de travail de l’aîné Tkatchenko. Ce dernier l’encouragea depuis l’enfance à s’exprimer, car il voyait bien l’ire qui rongeait Anatoli. Cette même colère qui inondait lentement ses veines.

L’Ukrainien se laissa guider jusqu’à la tête de jeux. Liam l’encouragea à prendre place entre Ilya et lui alors que lui-même s’installait à côté de Nikita. D’un regard, le croupier remarqua l’absence de jetons devant lui et leur rappela sans gêne que seuls les joueurs pouvaient occuper un siège. La gêne rougit les joues du mécano.

« J’ai pas d’argent pour ça. » grommela-t-il sèchement.

Une main qui se voulait chaleureuse le prit par la nuque. Lorsqu’Anatoli releva les yeux, il croisa le regard de Nikita puis celui de Liam qui l’observait en souriant. Les doigts de se dernier remonta dans sa chevelure auburn pour l’ébouriffer.

« Oh, je suis certain que nous pouvons partager quelques-uns de nos jetons. »
« J’en veux pas. »
« Ana » Ilya se pencha à son tour. « Soit gentil et accepte l’offre de Liam. On va tous contribuer pour que tu puisses… »
« J’ai dit que j’voulais pas de votre argent. Et avant que tu t’y mettes » Le jeune homme observa celui qu’il avait considéré comme son meilleur ami. « J’veux pas plus de la tienne. J’en ai jamais voulu. »

Ils pouvaient, tous les trois, s’étouffer avec leur générosité. Derrière celle-ci se cachait une pitié à le faire vomir. Anatoli en était certain. Ses poings se refermèrent sur le dispendieux tissu de son pantalon et se sentit encore plus con qu’il ne l’était vraiment. Le croupier rappela que certains joueurs attendaient et qu’il était impoli de retarder le jeu. Dans sa colère, il se redressa. Son coude percuta l’homme derrière lui. En se détournant de la table, Anatoli fit face à un homme baraqué. Sur son torse, une tache rouge.

« Désolé. » grogna le jeune homme.
« Ton dessolement ne rendra pas ma chemise blanche. »
« Mon poing non plus. »
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Nikita Belinski
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JEU 28 MAR - 21:57Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Il aurait du se douter que sa mission échouerait la minute même ou il avait croisé la route d’Ilya et Ana. Il aurait du. Parce qu’au moment ou Ana quitta la table dans son élan colérique il buta contre un homme deux fois plus grand. Et dans cet élan il eut suffit de peu de choses pour que tout déraille. Pour que tout s’enlise. Il jette un dernier coup d’oeil à Koven, tiraillé par ses devoirs et ses envies pendant quelques secondes.

Il retint un soupire en voyant le plus grand s’échauffer sous les provocations du plus jeune et se doutant de l’issue final de cet échange, il quitta la table, pour s’interposer contre le coup qu’il vit partir. Il le reçut en pleine face, encaissant la douleur occasionnée sans plus de peine le visage détourné. Il n’avait pas manqué de buter contre Anatoli juste derrière. Nikita leva une main devant son nez pour couvrir le sang qu’il sentait couler abondamment entre ses doigts la seconde d’après. Il renifla bruyamment, puis redressa la nuque pour relever ses yeux sur l’homme.

— Hm je crois que nous n’avons pas besoin d’attirer plus l’attention messieurs ou les vigiles devront vous sortir sans même qu’on ai pu lever le petit doigt. Je suis contrit maintenant c’est moi qui me retrouve bien mal. Vous pouvez être désolés autant l’un que l’autre mais en attendant vous feriez mieux de vous calmer tous les deux si vous voulez rester.

L’homme s’embarrassa de voir ce qu’il venait de faire au point d’en rougir. Il begaya des excuses devant la prestance de celui dont la main se peignait de rouge.

— Je me suis sans doute un peu emporté…

Niki releva un sourcil. Oui il s’était emporté. Mais peu importe que cet idiot ne comprenne pas. S’il saignait à l’heure actuelle ça avait été entièrement calculé et précisément ce qu’il avait souhaité pour faire diversion. Il aurait été facile d'arrêter son coup mais ce saignement lui donnait un prétexte parfait pour profiter de cet instant où il attrapa Anatoli par le bras pour le tirer en direction des toilettes au travers la foule. Le pas décidé et la poigne ferme.
Une fois à l’intérieur il le poussa contre le mur et écarta ses doigts pour le fixer dans les yeux, irrité.

— Ana’ ! Pizdiet. Qu’est-ce que tu fous bordel ? Sa voix trahissa son impatience et sa frustration. J’ai pas besoin que tu te mettes mal ce soirrr derrr’mo ! C’est pas ce que tu crrois. Je sais que tou comprrends rien mais laisse moi le temps je te demande juste du temps et du calme.

Il sentit des goutes sanguines s’écraser sur le sol, au pied de leurs chaussures cirées. Forcé de reculer il se pencha au dessus lavabo pour sortir un mouchoir qu'il porta à son nez devant le miroir dans lequel il fixa le plus jeune. Après voir passé son autre main dans ses cheveux qu’il tira en arrière il reprit.

— Depuis quand tu trrraines avec Ilya ? Je savais pas que vous étiez aussi proche… je pensais que tu savais pourtant que c'est un connaaard.


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DIM 14 AVR - 6:42Répondre en citant Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Dans sa colère, Ana en oubliait tout instinct de survie face au danger éminent. Le menton levé et prêt à lui faire avaler la chemise tachée, l’Ukrainien provoquait l’homme du regard. On y lisait aucune peur, seulement une ire soutenue par l’alcool. À cet instant, le mécanicien souhaitait ce combat dans l’espoir d’expier sa colère. Même qu’il lui présenta outrageusement sa joue ; une cible de choix pour le premier coup. Malheureusement pour lui, Nikita s’interposa recevant ce qui lui était dû. Anatoli le retint dans ses bras, inquiet malgré lui. Il observa avec un peu trop de fascination le sang teinter la peau de son aîné. Celui-ci régla la situation en quelques paroles, puis tira le père de famille vers les toilettes. Il fut surpris par la poigne ferme sur son poignet, mais tenta de se libérer.

« Lâche-moi ! Der’mo. J’t’ai dit de me lâcher espèce de branleur. »

Et pour être lâché, il le fut lorsque Niki le poussa contre le mur des toilettes. Ana répondit à l’irritation du Russe par sa rage et le sentiment de trahison.

« Attends, tu te fous de ma gueule ? Qu’est-ce que JE fous ? » Le jeune homme éclata d’un rire sans joie. « Oh mon dieu Niki… T’as du front. Der’mo que t’en as. Qu’est-ce que je fous ? Déjà, je mens pas ; pas comme toi. Mais bon, peut-être que t’as raison. On s’connaît peut-être que trop vaguement pour que j’comprenne de quoi à c’te situation de merde que t’as créé parce que j’te fais trop honte pour être ton ami. »

Faute de pouvoir frapper Niki, il frappa le mur derrière lui. Il y mit toute sa force pour se calmer. Déjà, alors qu’une douleur aiguë lui enveloppait la main, sa colère diminua légèrement. Dans un seul mouvement, l’Ukrainien récupéra du papier de toilettes pour ensuite le mouillé et le tendre à son peut-être ancien meilleur ami.

« Tiens, si sa majesté daigne utiliser ce que la plèbe utilise pour se curer le derrière. »

Il laissa le papier humide sur la tablette devant le blond pour recroiser les bras, rageur.

« J’traine pas avec Ilya. Il m’a invité parce qu’il a cru que ça m’ferait plaisir. Suite à la mort de Maks… j’sais pas si tu l’as remarqué, mais c’était pas la plus grande des joies. Il semble avoir gardé un œil sur moi depuis la première fois que j’l’ai croisé v’la huit ans et il m’a dit que ça lui ferait plaisir que je l’accompagne. Alors c’est ce que j’ai fait. Pis sinon, il a promis de rester dans la salle d’attente du garage jusqu’à ce que j’accepte. Alors, même si tu dis que c’t’un connard, pour le moment, c’est pas lui qui a été le plus connard avec moi. »

Un homme entra, obligeant Anatoli au silence le temps qu’il vide sa vessie. Puis, il dévisagea Nikita lorsqu’il vit le sang sur son visage et ses mains. Son regard se porta par la suite sur le mécanicien. Il perdit patience.

« Tu veux mon poing dans ta gueule ou tu te décides de partir ? On a des choses à régler et ta présence m’emmerde. »

Outré, l’interpelé ouvrit la bouche pour répliquer, mais au mouvement d’Ana, il se dépêcha à sortir.

« Maintenant, j’attends tes explications. »
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LUN 6 MAI - 22:28Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Comment était-il supposé rester calme quand il surprenait son meilleur ami là ou il n'aurait jamais du se trouver ? Comment tout ceci avait pu se produire sans qu'il ne le voit venir. Putain que c'était frustrant. Frustrant de ne pas pouvoir lui réveler ses secrets qu'il lui avait si bien gardé. Pour le protéger de lui, et de sa vie. Et il fallait qu'il y ramène son cul tout seul comme un grand. Tout ça à cause d'Ilya. Le blond serra sa machoire en prenant le papier que son ami lui tendait. Un grognement s'échappa d'entre ses lèvres.

- Oh arrête tu veux tu sais très bien d'ou je viens et qui je suis, mieux que personne.

Mais apparemment il suffisait d'un rien pour que son meilleur ami doute de lui. Pour que sa confiance s'envole. Et ça, après tous les moments qu'ils avaient passé, il ne s'y était pas attendu non plus. Nikita lui accordait qu'il y avait bien des raisons de ne pas lui faire confiance, et d'ailleurs s'il les connaissait toutes il était certain que ce dernier ne voudrait plus le revoir. Il aurait pourtant du se douter qu'on ne jouait pas avec Ana' parce qu'Ana était cet homme beaucoup trop vrai pour qu'on lui mente. Ce mec un peu trop con mais si humain auquel il avait pas résisté toutes ces années à venir chez lui et à retrouver ce gout insouciant trop vite perdu de ses jeunes années. Cette humanité que Nikita lui adorait. Mais ça bien sur Ana ne le savait pas, tout ce qu'il savait c'était que Nikita était un mec au job un peu incertain et aux horaires décalés. Qu'il entrait puis pouvait repartir d'une minute à l'autre si on l'appelait.

Une vie aussi banale que la sienne pour laquelle Anatoli ne s'était jamais posé plus de questions et de raison. Le taquet que ce dernier lui lança pourtant eu le dont de le calmer. Nik' ne voulait pas se prendre la tête avec celui qu'il appréciait le plus depuis bien longtemps maisil ne savait pas comment il gérerait "ça". En se tournant pour le regarder dans les yeux il ouvrit la bouche quand tout à coup une présence fit irruption dans les toilettes, coupant la scène qui se jouait entre les deux amis.

Le russe recula contre le rebord du lavabo en interrompant le flot de paroles qu'il avait voulu délivrer, hésitant. Un instant il crut trouver le moyen de lui dire, et la seconde d'après il détourna la tête puis s'approcha de lui, les mains en avant.

— J'avais un truc important à faire ce soir et je peux pas en parler.
Tout ce que je te demande c'est de me faire confiance, je te demande rien d'autre mais si t'es même pas fichu d'me croire après toutes ces années qu'on est ensemble alors ... laisse tomber. Je me demande bien pourquoi tu m'ouvres encore ta porte quand je vois comment tu me perçois.

Loin de cette soirée et du seul problème de l'y avoir rencontré Nikita n'aurait pas le courage de lui dire. Ni celui d'affronter son regard. Il essuya une dernière fois son nez et se détourna pour sortir. Il ne voulait pas voir la réaction d'Anatoli, craignant un jugement et une colère dont il ne supporterait pas d'avantage l'éclat. Rarement son attitude avait été aussi sérieuse, toujours le russe avait eu ce visage souriant et amène, loin de celui qu'Ana venait de voir mais jamais ses intentions à son égard n'avait changé.

Et pour préserver cette paix, le russe avait été capable de tout. Y compris de mentir sur tout ce qu'était sa vie.
@FEAT ANA

Un truc important. Anatoli maudissait tous ces trucs importants de Nikita. Il ne calculait plus les départs précipités de son meilleur ami pour des raisons importantes qui – toujours – ne le concernaient pas. Toutes ces bières ou ces cafés laissées derrières après un appel, ces assiettes à moitié mangées parce que le travail ne pouvait attendre. Merci de comprendre…
Pourtant, l’excuse ne fonctionnait plus. Saoul et en colère, Anatoli voulait, pour une fois, la vérité. Et Niki n’allait pas fuir une fois de plus. L’Ukrainien l’attrapa par l’épaule. Il le tira avec force vers l’arrière et le colla contre le mur, le bloquant de son corps.

« Oh ta gueule. Tu peux jamais rien me dire. T’es comme Maksym et Ivan. Ne bespokoysya. Eto nichego. Vas eto ne kasayetsya. »

Le jeune homme imita à la perfection l’intonation de son frère. Rassurant, mais ferme, comme s’il savait tout régler. D’un seul sourire, il chassait tous les problèmes, puis d’une main ébouriffante, il en effaçait le souvenir.

« Dès que ça parle boulot, c’est le vague complet. J’suis pas con. J’vois les blessures que vous avez. Mais parce qu’on me dit de pas poser des questions, j’en pose pas. Je t’en pose jamais. »

Son visage n’était qu’à quelques centimètres du sien. Le mécano enfonça son index dans la poitrine du blond pour bien marquer son propos.

« Mais toi… toi… c’est toujours important. Je te fais confiance. Der’mo que je te fais confiance. Pourtant, j’suis pas sûr du contraire. Même ce soir, c’est important. Tellement que tu bafoues des années de loyauté. Et c’est comme ça que tu t’excuses, encore. J’en ai marre de tous ces trucs importants. J’peux pas l’être pour une fois ? Plus que tous ces putains de trucs importants. »
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Nikita Belinski
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SAM 22 JUIN - 12:52Répondre en citant Editer/Supprimer ce message Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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Quand son dos plaqua le mur, le blond ne chercha pas à s'esquiver. Il n'en avait plus l'envie ou la patience. Ça montrait seulement la détermination d'Ana, chose qu'il ne pouvait lui reprocher. Il le fixa d'un regard bien moins amène toutefois. Agacé. Il prit sur lui pour ne pas céder à l'envie de le planter sur place pour quitter cette soirée. Ilya avait eut ce qu'il voulait, il avait réussit à le faire sortir hors de ses gonds en amenant Anatoli ici. Et s'il était réellement venu lui mettre des bâtons dans les roues pour sa mission, il allait devoir lui en toucher deux mots. Concernant l'ukrainien toutefois Nikita n'était pas disposé à parler. Et la langue qu'il tenait si souvent dans sa poche enrobée de paroles légères et sucrées libérait désormais son venin, peut-être pour mieux le repousser, peut-être pour le blesser histoire qu'il le laisse passer. Plus le temps passait, et plus sa bouche noircissait d'un venin qui faisait perdre patience à son regard bleuté. Il leva une main contre la nuque de son meilleur ami, l'agrippa sous ses doigts pour maintenir la faible distance qu'il les séparait. Ses yeux s'accrochaient aux siens sans l'ombre d'une trace amicale sinon que la douceur de son timbre empoisonné.

— T'es soul Ana, je parlerais pas avec un type pas capable de se tenir. Le mec censé être responsable entre toi et moi, c'est toi. C'est toi qu'à un gosse. Une vie tranquille et des potes avec lesquels tu sors sans penser que tu vas crever le lendemain. Si t'es pas capable de voir qu'on te protège des choses que tu ne vois pas, je peux rien faire de plus.


Et sur ses paroles données, il tira sa nuque pour coller un baiser sur ses lèvres, les yeux ouverts dans les siens. Un baiser impudique. Un de ceux qu'il donnait à ses hommes. Un de ceux qu'il échangeait pour signifier la fin de leur conversation. Vicieusement tendre. Comme on en donnait à ses gosses mais avec cette lueur de dédain dans les pupilles.

— Sois un peu plus digne de Max, et amuse toi bien avec Ilya et n'oublie pas que c'est parce que tu es important qu'on ne te dit rien.

Cet échange n'irait pas plus loin. Ses doigts s'ancrèrent violemment dans la chair tendre de sa nuque, impitoyables. Profitant de sa surprise il le repoussa brusquement pour se diriger vers la sortie. En colère. Cet échange lui avait fait mal et cette soirée était un bel échec. Le diable emprunterait le visage d'Ilya et danserait dans la pénombre en riant de sa peine. Se régalerait de ses échecs. Lui garderait la saveur douce amère de l'évidente peine qu'avait éprouvé Anatoli. Ce reproche qui lui demanderait de mettre incessamment sous peu une distance entre eux.

Il avait d'autres affaires en priorité pour lesquelles il ne pouvait s'esquiver malgré ses désirs qui ne passaient qu'après les besoins du gang. Y compris de son meilleur ami avec qui il sacrifiait toujours plus de son amitié.
@FEAT ANA
AWFUL
★_______________★



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DIM 23 JUIN - 20:36Répondre en citant Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé


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WITH ALEKSEI
Les mots de son meilleur ami s’enfoncèrent dans son crâne tels des clous qu’on frappait à grand coup de marteau. À chacune de ses paroles empoisonnées, Niki touchait sa cible. Un sujet douloureux, un sujet prohibé : sa responsabilité. Anatoli était responsable. Plus que jamais. Il s’occupait de son fils, ne manquait plus un rendez-vous médical, délaissait ses anciennes habitudes. Depuis des mois, l’Ukrainien se sentait en contrôle. Alors pourquoi ? Pourquoi insinuer le contraire ?

Embrouillé, le mécanicien ne comprit pas immédiatement l’action de son ami. Il se laissa guider par cette main ferme, trop ferme, sur sa nuque jusqu’à rencontrer les lèvres face à lui. Ses yeux s’agrandirent d’incompréhension. Le baiser tendre se percuta à une bouche délibérément fermée. Toutefois, son attention se portait dans sa totalité sur les prunelles azurées emplies de mépris. Même les paroles n’eurent d’effet face à ce regard dédaigneux.

Ses dernières barrières brisées, Anatoli n’opposa aucune résistance à la poigne, ni à la douleur. Elle n’était rien vis-à-vis de celle ressentie jusqu’au plus profond de lui. Celle d’avoir perdu son meilleur ami. Le jeune homme se retourna afin de l’attraper sans pourtant y parvenir. Déjà, ce dernier sortait de la pièce. Le mécanicien fixa la porte avec l’infime espoir de revoir Niki revenir. Rapidement, il se rendit à l’évidence. Dans sa détresse, la fureur resurgit et cette fois, il frappa le mur froid jusqu’à en fendre l’épiderme de sa main.

« Anatoli, ça suffit maintenant. »

Dans sa rage, il n’avait entendu Ilya entrer. Le garçon se retourna vers lui, les yeux embués de larmes et le visage déformé par la colère.

« Non ! Non ! Tout ça, c’est d’vot’ faute. Si j’étais pas venu avec vous, rien tout ça serait arrivé. »

Sans fuir, Ilya accepta le coup diriger vers lui. Au second, il suivit le mouvement et attira son cadet dans ses bras. Une main se posa dans la chevelure auburn pour calmer le jeune homme.

« Shhh, je ne savais pas. Je te jure. Je te promets de tout t’expliquer une fois dans la voiture. Allez, je te ramène chez toi. »
« J’ai dit non ! » Anatoli le repoussa. « Qu’on arrête de me prendre pour un idiot heureux qu’on doit protéger à tout prix. Allez tous vous faire foutre ! »

Sur quoi, Anatoli planta le Raw. Il se dépêcha de prendre le chemin de la sortie et entama sa longue marche jusqu’au petite appartement qu’il partageait avec Omer.